Né au Haut-Canada en 1798, Allan Napier MacNab est considéré à juste titre comme un tory pur et dur. Il mène une carrière politique houleuse, ponctuée de discours enflammés et d’échanges musclés.
Sir Allan Macnab
Allan Napier MacNab est considéré à juste titre comme un tory pur et dur. Il voit d’un mauvais œil les changements économiques et politiques qu’amènent les années 1840 : l’union du Haut et du Bas-Canada, la fin des mesures protectionnistes offertes par l’Angleterre sur les produits canadiens et l’avènement du gouvernement responsable. Dans un premier temps, MacNab croyait uniquement à une union économique entre les deux Canadas. Selon lui, une union politique verrait une domination de la législature par les Canadiens français ainsi qu’une diminution du lien traditionnel entre le Canada et la Grande-Bretagne. Il chercha à s’allier à un parti canadien français pour faire avorter l’Acte d’Union afin de conserver les deux gouvernements (Haut et Bas-Canada) et de regrouper l’économie autour d’un seul pouvoir. Ses efforts furent vains.
Discours enflammés et échanges musclés
Le projet de loi pour l’indemnisation des pertes subies pendant les rébellions de 1837-1838, adopté à Montréal en 1849, choqua et indigna les tories dont sir Allan Napier MacNab. C’est que, selon lui, l’effet de la loi est de récompenser les activités rebelles du passé. L’adoption du projet de loi donna lieu à des échanges musclés en Chambre. Un jour, la présence d’un sergent d’armes fut nécessaire pour éviter un échange de coups entre MacNab et un réformiste, William Hume Blake. Les galeries du parlement seront même le théâtre de batailles à coups de poing et à coups de bâton entre sympathisants réformistes et tories. Malgré le tumulte, le Conseil législatif adopte la loi d’indemnité : 20 voix contre 14. Les journaux tories du Haut-Canada et du Bas-Canada, répugnant à une domination canadienne-française, menacent de pousser les Canadas vers une annexion par les États-Unis.
S’appuyant sur ce mécontentement à Montréal et dans les grands centres du Haut-Canada au sujet de la situation économique, MacNab dénonça, sans ménagement, dans ses discours, lord Elgin, les Canadiens français et les réformistes déloyaux à ses yeux. Lors d’un ralliement tory, MacNab livre un discours enflammé devant 1500 personnes réunies sur la place d’Armes et y brûle l’effigie du premier ministre La Fontaine.
Alors que la majorité des tories de Montréal et leurs sympathisants trouvaient gênant d’être associés à l’incendie du parlement, MacNab ne chercha jamais à s’en excuser. Il alla même jusqu’à signer un manifeste favorable à l’annexion du Canada aux États-Unis. Il décida d’aller à Londres pour en discuter avec les plus hautes instances, celles du ministère des Colonies de l’Angleterre. Pourtant, pour le ministère, l’affaire était close : une intervention britannique dans les affaires canadiennes irait à l’encontre du gouvernement responsable. C’est un Allan Napier MacNab abattu et déprimé qui revint chez lui, à Montréal, quelques semaines plus tard.
Coalition et prise de pouvoir
Sir Allan Macnab
MacNab obtient le titre de baronnet en juillet 1856 sur la recommandation du gouverneur général Edmund Walker Head. Ses affaires vont au rythme de sa carrière politique. À titre d’administrateur de la compagnie de chemin de fer Great Western, MacNab vend en 1851 l’une de ses propriétés à un prix exorbitant … à la Great Western. Allan Napier MacNab meurt en 1862.
Cet article est paru dans le numéro 45 du bulletin imprimé Montréal Clic, publié par le Centre d’histoire de 1991 à 2008.