L’histoire d’amour entre les Montréalais et le baseball a débuté au XIXe siècle. Depuis, elle a toujours été passionnée, houleuse et pleine de rebondissements.
Prise 1
Baseball, 1871
À la suite de la faillite du club d’Hamilton en Ontario, la Ligue internationale accorde la franchise à Montréal. Malheureusement, au printemps 1891, la Ligue cesse ses activités. L’équipe de Montréal n’aura joué que neuf parties. Peu de gens s’étaient déplacés au terrain des Shamrock pour assister aux deux matchs présentés à Montréal.
Il faut attendre cinq ans pour avoir une autre équipe de baseball professionnel à Montréal. En 1896, le club de Montréal y dispute sa première saison complète et, deux ans plus tard, remporte son premier championnat. L’année 1898 est très importante pour deux raisons. Elle marque d’abord le début de l’engouement des Montréalais pour le baseball professionnel. En effet, à partir de 1898, le club de Montréal, qu’on a baptisé Royals (ou Royaux pour les Canadiens français), attire régulièrement près de 2000 spectateurs par partie. Ensuite, le baseball professionnel s’est assuré une certaine forme de stabilité avec le retour, année après année, d’un noyau de joueurs auxquels les partisans peuvent s’identifier.
Si l’année 1898 a constitué l’apogée de la récente histoire du baseball professionnel à Montréal, 1903 peut, à juste titre, être l’année d’une grande déception. En effet, cette année-là, les Royaux sont transférés à Baltimore aux États-Unis, considérée comme un marché plus lucratif que Montréal. L’ironie de l’histoire est que la même année le club new-yorkais de Worchester déménage… à Montréal. Grande déception chez les amateurs de baseball qui doivent une fois de plus se familiariser avec des joueurs inconnus. Entre 1903 et 1917, le club n’aura pas moins de six propriétaires, quatorze gérants et un rendement de fin de peloton. En 1917, le club est transféré de nouveau.
Prise 2
Baseball, 1935
Des joueurs qui ont marqué l’histoire du baseball, ici comme aux États-Unis, viennent jouer à Montréal. Cependant, au milieu des années 1950, le propriétaire de l’équipe, Walter O’Malley, qui est aussi propriétaire des Dodgers de Los Angeles, délaisse de plus en plus les Royaux au profit de ses autres clubs-écoles basés aux États-Unis. Le club montréalais dispose alors de moins en moins de ressources pour rivaliser avec les autres équipes de la Ligue internationale. Finalement, pour des raisons de rentabilité, O’Malley vend les Royaux aux autorités de la Ligue internationale qui transfère l’équipe à Syracuse, New York. Une fois de plus le baseball professionnel déserte Montréal.
3e prise sur décision… retiré!
Baseball - Bill Stoneman, lanceur des Expos, 1970
Au début des années 1970, certains joueurs des Expos, dont le lanceur Bill Stoneman, étaient payés en devise canadienne qui, à l’époque, avait une valeur supérieure au dollar américain. Vingt ans plus tard, la situation s’est inversée : la précarité du dollar canadien jumelée à la flambée des salaires dans le baseball majeur ont fragilisé le statut du baseball professionnel à Montréal. Incapables de conserver leurs vedettes dans les années 1990 et tourmentés de l’intérieur par des projets de nouveau stade, les Expos voient leur étoile considérablement pâlir, jusqu’à leur dernier match à Montréal en 2004.
Cet article est paru dans le numéro 42 du bulletin imprimé Montréal Clic, publié par le Centre d’histoire de 1991 à 2008.
La codification du baseball telle qu’on la connaît aujourd’hui a été rédigée par l’Américain Alexander Cartwright à New York en 1845. Cependant, comme nous l’apprend le journal Le Soleil du 21 janvier 1899, l’une des origines de ce sport se trouve dans « un vieux jeu qui s’est joué de tout temps en Normandie et en Bretagne », la grande thèque. Ce jeu se jouait à 2 équipes ayant 10 joueurs au plus chacune sur un terrain de 300 à 400 m2. La surface du jeu de la grande thèque était de forme pentagonale; à chaque angle, on plaçait une cheville de bois ou un sac de sable marquant les buts. Le lanceur et le frappeur étaient de la même équipe. Le frappeur recevait un lancer qu’il devait être en mesure de frapper. Généralement, ce jeu se jouait en 2 manches de 40 points. Pour mettre un frappeur hors-jeu, on devait l’atteindre (le caler) entre deux buts. Cette forme primitive de baseball était jouée en France alors qu’en Angleterre on jouait à des jeux semblables : le Bat and Ball et le Rounders. Assistant à une partie de Bat and Ball au Champ-de-Mars de Montréal en 1860, E. Z. Massicotte définit ce jeu d’origine anglaise : « Chaque camp se composait alors de sept joueurs et il y avait trois bisques (ou buts). Celui qui avait frappé la balle courait de bisque en bisque et n’était arrêté dans sa tournée que si l’adversaire en possession de la balle parvenait à le toucher (généralement en lui lançant dessus) ». Bien que ces jeux soient distincts du baseball à plusieurs égards, on s’entend pour affirmer qu’ils en sont les ancêtres.
HUDON, François. Le parc Jarry de Montréal, Outremont, Éditions Logiques, 2001, 197 p.
BROWN, William. Les fabuleux Royaux-Royals, les débuts glorieux du baseball professionnel à Montréal, Montréal, Éditions Robert-Davies, 1996, 192 p.
JANSON, Gilles. Emparons-nous du sport, les Canadiens français et le sport au 19e siècle, Montréal, Éditions Guérin, 1995, 239 p.
GUAY, Donald. La conquête du sport : le sport et la société québécoise au 19e siècle, Outremont, Lanctôt Éditeur, 1997, 244 p.
COUPAL, Eric. Baseball, américanité et culture populaire : histoire du baseball à Montréal 1860-1914, [Mémoire de maîtrise], UQAM, 2001, M7034, 109 p.