L'encyclopédie est le site du MEM - Centre des mémoires montréalaises

L’hôtel de ville

13 janvier 2016

Depuis la constitution en municipalité de la Ville de Montréal en 1832, les élus municipaux rêvaient d’un édifice prestigieux pour remplir la fonction d’hôtel de ville. C’est chose faite en 1872.

Hôtel de ville 1878

Illustration de l'hôtel de ville en 1878.
L'Opinion publique, 24 janvier 1878.
Localisation: 275, rue Notre-Dame Est

Depuis la constitution en municipalité de la Ville de Montréal en 1832, les élus municipaux rêvaient d’un édifice prestigieux pour remplir la fonction d’hôtel de ville. Du vieux palais de justice où ils se réunissent en 1833 jusqu’au véritable hôtel de ville inauguré en 1878, le conseil se réunit dans plus de six endroits différents de la ville, dont l’ancien palais de justice et le marché Bonsecours. C’est en 1872, sous l’impulsion du maire Workman, que la décision de bâtir un véritable hôtel de ville est prise. Cette volonté, qui peut sembler aujourd’hui empreinte de mégalomanie tellement l’édifice est grandiose, s’explique par la croissance exponentielle de la population et la taille de la Ville de Montréal à cette époque, qui entraînent l’expansion inévitable de l’administration municipale. Il fallait donc un édifice élégant et de taille importante pour servir de lieu d’exercice du pouvoir municipal et aussi de centre névralgique pour l’administration.

La magnificence perdue du premier hôtel de ville

Hôtel de ville - reconstruction

Reconstruction de l’hôtel de ville.
Archives de la Ville de Montréal. VM94-Z443.
Selon les plans des architectes Henri-Maurice Perrault et Alexander Cowper Hutchison, l’hôtel de ville est construit de 1872 à 1878. C’est le maire Jean-Louis Beaudry qui l’inaugure et qui a l’honneur d’être le premier à occuper le fauteuil (trône) civique. Malheureusement, aujourd’hui, la magnificence du lieu n’est plus qu’un souvenir puisqu’un terrible incendie ravage l’hôtel de ville dans la nuit du 3 au 4 mars 1922. Seules les façades extérieures résistent à l’assaut des flammes. Le maire de l’époque, Médéric Martin, qui s’était risqué à entrer à l’intérieur du bâtiment au cours de l’incendie afin de sauver le collier d’office et quelques papiers personnels, entreprend aussitôt des démarches pour obtenir les sommes nécessaires à la reconstruction de l’immeuble. Bien que Québec rechigne à délier les cordons de sa bourse, Martin parvient tout de même à obtenir l’autorisation d’emprunter 1,5 million de dollars ce qui permet de relancer immédiatement la reconstruction d’un nouvel hôtel de ville. L’architecte Louis Parant reprend alors les plans d’origine, mais en diminuant l’ampleur du pavillon central et en ajoutant un quatrième étage. Pour l’essentiel, il s’agit de l’édifice que l’on connaît aujourd’hui.

L’aménagement intérieur de ce nouvel hôtel de ville, inauguré par le maire Charles Duquette en 1926, est des plus luxueux. Le quotidien La Presse allant même jusqu’à le qualifier alors de « palais municipal » tellement l’édifice est somptueux et imposant.

Afin de décrire cette décoration, il nous faut d’abord mentionner le vestibule et le hall d’honneur qui sont construits de trois types de marbres différents et éclairés par de magnifiques torchères de bronze. Le hall d’honneur est des plus remarquables notamment par ses dimensions imposantes et par son parquet de marbre aux teintes variées qui, en raison de son dessin, fait penser à un tapis persan. Des galeries, faites de marbre aussi, permettent au visiteur d’admirer de haut le plancher et les pilastres de bronze doré qui ravivent par leur éclat cette pièce déjà impressionnante.

Une beauté en contraste et en évolution

Hôtel de ville de nuit, 2013

Photo aérienne de nuit de l’hôtel de ville.
Photo de Denis-Carl Robidoux, Centre d'histoire de Montréal
Cette splendeur du hall d’honneur n’enlève rien au faste de la salle du conseil qui, elle, détonne par la chaleur de son mobilier et de ses lambris en bois. Le fauteuil du maire est de teck, alors que le reste du mobilier est en noyer noir. La richesse de ce mobilier est augmentée par le recouvrement de cuir vert des fauteuils. Bien que la salle ait été réaménagée à maintes reprises afin d’accueillir un nombre grandissant de conseillers, l’harmonie de l’aménagement a été conservée. Les cinq fenêtres qui éclairent la salle ont d’ailleurs permis d’améliorer l’ambiance du lieu par l’ajout de vitraux représentant des facettes essentielles du développement de la cité, soit la religion, l’agriculture, le port, l’industrie et le transport ferroviaire.

L’hôtel de ville, qui abrite également les archives municipales et un bureau Accès Montréal, demeure encore aujourd’hui un symbole par lequel les Montréalais peuvent percevoir l’histoire de la cité et de son organisation vitale.

Cet article est paru dans le numéro 37 du bulletin imprimé Montréal Clic, publié par le Centre d’histoire de 1991 à 2008.