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Georges Gauvreau

18 janvier 2016
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Meilleur directeur de théâtre canadien-français du début du XXe siècle, Georges Gauvreau se consacra à cette œuvre culturelle et au développement du cinéma au Québec.

Véritable self-made man canadien-français, ce personnage méconnu de notre histoire est une des figures les plus importantes de la vie culturelle du début du XXe siècle. Principal instigateur de l’institution théâtrale francophone, il participa également au développement du cinéma au Québec.

Georges Gauvreau serait né le 2 octobre 1863 dans une famille modeste de St-Jean-sur-Richelieu. Une fois installé à Montréal, Gauvreau apprend le métier de typographe et travaille au journal L’Étendard. Plus tard Gauvreau tente sa chance au parc Sohmer, où il obtient la franchise d’exploitation d’un « restaurant de fruits et bonbons ». C’est certainement à cette occasion qu’il a ses premiers contacts avec le monde du spectacle, plus particulièrement avec le vaudeville et les « vues animées ».

Un homme audacieux et visionnaire

Georges Gauvreau

Portrait buste de Georges Gauvreau sur la page d’une revue, avec l'inscription « M. Georges Gauvreau »
Détail d’une page de la revue La patrie, vol. 17, no 885, 20 avril 1901, p. 848, Bibliothèque et Archives nationales du Québec. Cote : PER M- 176; MIC A117.
En 1899, il ouvre un restaurant, Aux Deux Frères, au coin des rues Beaudry et Sainte-Catherine. Le hasard faisant bien les choses, c’est justement à cet endroit de la ville que le comédien et directeur de théâtre Julien Daoust fait construire le Théâtre National, inauguré le 12 août 1900. Les débuts du Théâtre National passent pratiquement inaperçus dans les journaux et l’entreprise éprouve vraisemblablement des difficultés financières dès le début. C’est ainsi qu’après seulement trois semaines d’exploitation, le théâtre est vendu à nul autre que le restaurateur voisin, Georges Gauvreau. La presse annonce, pour le dimanche 9 septembre, la « grande inauguration du premier théâtre français construit à Montréal avec une nouvelle administration ». Si Daoust en est le véritable fondateur, c’est à Gauvreau que l’on doit sa pérennité et sa renommée.

Gauvreau sut faire des choix judicieux : il fit des rénovations importantes au théâtre dès l’année suivant son acquisition, il engagea les meilleurs comédiens (quelques Québécois, mais des Français le plus souvent), il s’assura les services des grands directeurs artistiques de l’époque (il fit successivement appel à Julien Daoust, à Paul Cazeneuve et à Fernand Dhavrol) et il fit monter des pièces américaines et françaises tout en favorisant la création d’œuvres québécoises.

Succès cinématographique instantané

Georges Gauvreau - Nationoscope

Illustration de la façade du théâtre Nationoscope
Vue du Nationoscope, par Albert-Samuel Brodeur. Détail d’une page du journal Le Monde illustré, 32e année, no 9, 5 mars 1910, p. 32. Bibliothèque et Archives nationales du Québec. Cote : 669 JOU.
En 1907, Gauvreau délaissa un temps le Théâtre National et fit construire le Nationoscope, coin Saint-André et Sainte-Catherine. Ce « théâtre de vues animées » gigantesque, construit plusieurs mois avant le Ouimetoscope, serait la première grande salle de cinéma au monde, préfigurant la vague des movie palaces (cette salle est devenue plus tard le Théâtre Canadien-Français). Le succès sera immédiat.

Revenu à ses amours théâtrales en 1910, Gauvreau sera le propriétaire du Théâtre National jusqu’en 1915. Vers la fin des années vingt, il devint clerc au Marché Maisonneuve. Il meurt le 9 janvier 1949 chez son gendre, le comédien Olivier Gélinas. On affirme dans le faire-part de décès qu’« il restera dans les mémoires des cercles théâtraux comme le meilleur directeur de théâtre canadien-français, œuvre culturelle à laquelle il se consacra entièrement pendant plus de vingt ans jusqu’à y perdre des sommes importantes »!

Cet article est paru dans le numéro 39 du bulletin imprimé Montréal Clic, publié par le Centre d’histoire de 1991 à 2008. Il a été rédigé par Jean-Marc Larrue et Jean-Pierre Sirois.