Manufacturier avancé : des technologies de pointe pour propulser Montréal

Le secteur manufacturier est entré dans une phase de profonde mutation caractérisée par l’utilisation intensive des technologies de pointe dans la production industrielle. Dans ce contexte, qui n’épargne aucune industrie, les pratiques traditionnelles de fabrication ne sont plus adéquates pour assurer sa compétitivité.

 

La fabrication avancée offre une extraordinaire occasion d’innovation et de croissance aux entreprises manufacturières. Elle définit la façon dont les produits sont conçus, fabriqués, contrôlés, distribués et même réparés, à partir de technologies émergentes. Parmi les technologies de pointe pouvant améliorer la compétitivité des entreprises manufacturières, on retrouve l’Internet industriel des objets, la robotique collaborative, la fabrication additive ou l’impression 3D, les textiles intelligents, les emballages actifs et intelligents ainsi que les matériaux composites.

Ce bulletin vise principalement à présenter des technologies novatrices en fabrication avancée. Il ne constitue toutefois pas une représentation exhaustive de l’offre technologique applicable à ce secteur sur le territoire de Montréal. Dans la première partie, nous faisons un survol des statistiques démontrant l’importance des technologies émergentes ayant retenu notre attention. La deuxième partie expose des solutions innovantes développées à Montréal et qui s’inscrivent dans cette nouvelle vision de la fabrication.

 

 

DES MARCHÉS ÉMERGENTS POUR L’INDUSTRIE DU FUTUR

 

Les marchés des technologies qui représentent un avantage important pour le secteur de la fabrication avancée connaîtront un développement rapide au cours des prochaines années. Ils devraient ainsi atteindre entre 3 et 151 milliards de dollars en 2020, leurs taux de croissance annuels moyens affichant des niveaux élevés, variant entre 8 et 95 % sur cinq ans.

 

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Robotique collaborative

 

La robotique collaborative représente la tendance actuelle dans le domaine de la robotique industrielle. Aussi appelée « cobotique », elle permet une interaction humain-robot au sein d’un espace de travail partagé. Les robots collaboratifs sont utilisés pour assister les humains dans des tâches à faible valeur ajoutée, pendant que des activités lourdes sont accomplies par ceux-ci. À titre d’exemple, ils peuvent alimenter un opérateur en pièces durant le processus d’assemblage. Ils offrent plusieurs avantages : ils permettent notamment de résoudre un problème de pénurie de main-d’œuvre et une meilleure valorisation des travailleurs en leur allouant des tâches à plus de valeur ajoutée, en plus d’être flexibles et plus accessibles à tous les types d’entreprises, les PME comme les grands groupes industriels.

Le marché mondial des robots collaboratifs devrait connaître un important développement au cours des prochaines années. Estimé à 110 millions de dollars en 2015, il atteindra 3 milliards de dollars en 2020, soit un taux de croissance annuel moyen de 95 % par année, sur cinq ans. De 2020 à 2025, les perspectives de croissance de ce marché restent bonnes puisqu’il devrait croître à un taux annuel moyen de 30 %. L’automobile et l’électronique figurent au rang des industries qui propulsent ce marché.

 

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Fabrication additive

 

La fabrication additive, plus connue sous le nom d’impression 3D, est un procédé de fabrication d’un objet réel à partir d’un modèle virtuel, par l’ajout d’un matériau donné (plastique, cire, métal, etc.) en plusieurs couches successives. Une fois le matériau exposé à l’air et soumis à une lumière ultraviolette, on obtient l’objet réel désiré. Cette technique peut être utilisée n’importe où dans le cycle de fabrication d’un produit, depuis la préproduction (prototypage) jusqu’à la production à grande échelle. Comparativement à la fabrication traditionnelle, l’impression 3D présente plusieurs avantages. Elle permet de réduire à la fois les coûts d’assemblage et les essais de produits, les délais de production et de mise en marché, ainsi que les frais d’entreposage. Elle favorise même une personnalisation du produit. L’impression 3D offre de belles promesses aux fabricants de plusieurs industries, notamment celles de l’automobile, de l’aéronautique, du textile, du vêtement, ou encore du secteur médical.

Le marché mondial de l’impression 3D était évalué à 6 milliards de dollars en 2014. Entre 2015 et 2020, il sera multiplié par 3,5 et atteindra 21 milliards de dollars, en cinq ans. Il s’agit d’un taux de croissance annuelle moyen de 23 % entre 2015 et 2020. C’est la fabrication additive métallique, communément appelée impression 3D métal, qui devrait enregistrer la plus forte hausse avec une croissance annuelle moyenne de 31,5 %, entre 2015 et 2020, comparativement à un taux annuel moyen de 26 % pour l’impression 3D plastique. Cette technologie est en plein essor, particulièrement dans le secteur médical. Ce secteur enregistrera une croissance annuelle moyenne de 25 % entre 2015 et 2020. Celle-ci s’explique par le développement de produits de niche tels que les outils chirurgicaux, les implants dentaires, les prothèses orthopédiques et même les tissus biologiques. Peu importe le type de matériau utilisé, l’Amérique du Nord sera le principal marché de l’impression 3D.

 

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Textiles intelligents

 

Les textiles intelligents désignent des textiles auxquels sont incorporés des composants électroniques (puces, capteurs, etc.) et qui peuvent communiquer avec leur environnement ou avec le porteur. En guise d’exemple, dans le domaine médical, ils peuvent servir à fabriquer des bandages qui administrent progressivement des médicaments à travers la peau du patient. Technologie applicable à de multiples industries (vêtement, transport, médical, chimie, etc.), les textiles intelligents constituent aujourd’hui un domaine prometteur pour le secteur manufacturier avancé.

Les textiles intelligents représentaient un marché mondial de 350 millions de dollars en 2014. Au cours des prochaines années, ce marché devrait se développer fortement et afficher un taux de croissance annuel moyen de 35 %, entre 2015 et 2020. Bien qu’encore émergents, ces textiles s’imposent très rapidement dans plusieurs industries manufacturières, notamment dans la fabrication de produits médicaux, dans le secteur du vêtement et même dans celui de l’automobile. Les vêtements connectés devraient représenter l’un des créneaux les plus promoteurs de ces textiles. Selon la firme Research and Markets, le nombre d’unités vendues pour ces vêtements dans le monde devrait passer de 968 000 en 2015, à environ 25 millions en 2021. Plusieurs facteurs contribuent au développement de ces textiles, dont l’électronique portable, la miniaturisation des composants électroniques et les capteurs intelligents sans fil.

 

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Emballages actifs et intelligents

 

Les emballages actifs et intelligents, contrairement aux emballages classiques, fournissent une information relative à la conservation, tout en tenant compte des fluctuations de température. Ils peuvent, à titre d’exemple, changer de couleur pour indiquer l’état de fraîcheur d’un produit. Grâce à leur fonction active, ils peuvent conditionner l’air enveloppant les aliments et réduire l’influence des matières nocives en les neutralisant chimiquement. La fabrication de ces emballages répond ainsi aux préoccupations de sécurité et de contrôle de la qualité. Leur développement pourrait donner une nouvelle dimension à l’innovation dans le sous-secteur de la fabrication qu’est l’alimentation.

Selon la firme BCC Research, le marché mondial des emballages intelligents et actifs devrait croître en moyenne de 5 % par année, entre 2012 et 2020. Il s’élevait à 33 milliards de dollars en 2012 et atteindra plus de 48 milliards de dollars en 2020. Les principaux secteurs qui bénéficient des progrès de cette technologie sont l’alimentation, l’automobile, la santé et les soins personnels.

 

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Matériaux composites

 

Les matériaux composites sont fabriqués à partir de deux ou plusieurs matériaux afin d’en créer un nouveau ayant des caractéristiques différentes, comme une réduction du poids du produit fabriqué. Ils sont utilisés sous la forme de plastique à renfort fibre de carbone (PRFC) dans plusieurs industries, principalement dans la construction automobile et l’aéronautique. Ces matériaux permettent notamment d’obtenir des composants et des moteurs légers, fortement résistants aux chocs et ayant moins d’effets nocifs sur l’environnement, ceux-ci favorisant par le fait même une baisse de la consommation de carburant.

Le marché mondial des composites devrait enregistrer un taux de croissance annuel moyen de 7 à 9 %, entre 2015 et 2020. Dans le domaine de l’automobile, ce marché augmentera en moyenne de 7,7 % par année au cours de la même période. Le secteur aéronautique affichera une croissance légèrement inférieure à celle de l’industrie automobile, soit en moyenne 6,8 % par année sur le même horizon.

 

 

 

MANUFACTURIER AVANCÉ, UN VECTEUR D’INNOVATION 

 

Le développement d’un secteur manufacturier avancé repose sur l’émergence des technologies de pointe. Des usines numériques à la fabrication additive, des initiatives prometteuses se multiplient à Montréal; de quoi offrir des opportunités aux entreprises manufacturières.

 

 

Usines intelligentes

 

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Worximity, Tileboard pour des usines intelligentes.

 

 

Le professeur Roland Maranzana, cofondateur du laboratoire Numérix de l’École de technologie supérieure (ÉTS), développe des solutions novatrices pour des usines numériques. Il a notamment conçu une technologie d’analyse et d’interprétation des modèles 3D des pièces mécaniques destinées aux entreprises manufacturières. Cette technologie permet aux fabricants de retrouver rapidement les produits existants au sein de leur entreprise et d’accélérer le développement des nouveaux produits en favorisant la réutilisation. Autrement dit, à partir d’une pièce déjà fabriquée, une entreprise peut soit s’inspirer du modèle de celle-ci pour fabriquer un nouveau produit sans refaire toutes les étapes de conception, ou utiliser une pièce existante pour répondre au nouveau besoin, sans en fabriquer une nouvelle. Cette expertise du chercheur a donné lieu à la création de la jeune entreprise 3DSémantix, dont il est le cofondateur, et du moteur de recherche basé sur la forme 3DPartFinder. L’entreprise 3DSémantix s’est attaquée aux problèmes des mégadonnées (big data), ce qui a donné lieu à une collaboration avec TraceParts, une entreprise européenne dont plus de 25 millions de composants catalogués peuvent maintenant être retrouvés par la forme. La collaboration avec TraceParts facilite la recherche de composants catalogués puisque le nouveau moteur de recherche 3DPartFinder a été intégré dans leur portail CAO. Les entreprises peuvent ainsi réutiliser les pièces qu’elles ont déjà développées ou en créer de nouvelles à partir des modèles existants.

 

Worximity, une entreprise montréalaise, conçoit des technologies qui font prendre le virage numérique aux industries manufacturières. Elle a développé les capteurs intelligents TileConnect qui permettent de connecter n’importe quel équipement ou machine dans le but d’en tirer des données. Les données récoltées sont ensuite hébergées sur une plateforme infonuagique. Pour permettre à ses clients de visualiser facilement leurs indicateurs clés de performance, Worximity a également mis au point une application mobile baptisée Tileboard, qui est un tableau de bord en tuiles avec différentes données visualisables en temps réel sur une tablette iPad, un téléphone intelligent ou un ordinateur. Grâce à ces technologies, les entreprises peuvent, à titre d’exemple, suivre en temps réel la vitesse de leur production, les coûts de la main-d’œuvre directe, la disponibilité de leurs équipements et même connaître les principales causes des temps d’arrêt. Parmi les clients actuels de Worximity, on compte des entreprises œuvrant dans plusieurs secteurs de la fabrication : l’alimentation, les produits de bois (portes, fenêtres, meubles), la transformation de métaux, les produits en plastique, le recyclage et même le secteur pharmaceutique. L’entreprise a jusqu’à maintenant connecté plus de 500 équipements chez ses clients établis dans plusieurs provinces canadiennes (Québec, Ontario, Colombie-Britannique, provinces maritimes) ainsi qu’aux États-Unis.

 

La qualité des pièces dans les domaines aérospatial et médical est tributaire de la précision des machines qui les fabriquent. Avec l’introduction de l’automatisation et du concept d’Industrie 4.0, il devient essentiel de garantir un haut niveau de performance des machines et, ultimement, la qualité des pièces produites. Les professeurs René Mayer et Sofiane Achiche, du Groupe de recherche en développement et fabrication des produits (GRDFP) de Polytechnique Montréal, mettent au point des technologies de suivi et de diagnostic automatique et intelligent des machines. Basées sur l’apprentissage machine (« machine learning ») et l’intelligence artificielle, ces technologies sont en mesure de détecter les déviations de précisions et d’anticiper les défaillances des machines-outils. Cette expertise a permis à la jeune entreprise Aximetra Inc. de commercialiser des méthodes rapides de suivi de précision des machines-outils élaborées par des chercheurs du groupe. Dans le domaine des éoliennes, la compagnie allemande EnBW Erneuerbare Energien GmbH a, pour sa part, eu recours aux solutions de suivi de conditions développées par ces chercheurs. Ce groupe de recherche bénéficie de machines de calibre industriel disponibles au Laboratoire de recherche en fabrication virtuelle (LRFV).

 

 

 

Robotique avancée

 

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Lab CoRo, capteur tactile pour des robots. @Vincent Duchaine, ÉTS.

 

Le professeur Ilian Bonev, responsable du Laboratoire de commande et de robotique (CoRo) de l’ÉTS et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en robotique de précision, est reconnu mondialement pour son expertise en robotique industrielle. En particulier, il développe diverses méthodes visant à améliorer la précision des robots industriels, c’est-à-dire leur habileté à se placer avec exactitude à une position désirée. La façon la plus fréquemment utilisée pour améliorer la précision d’un robot est l’étalonnage, qui permet d’identifier les « vraies » valeurs des paramètres du robot (distances, angles, flexibilité) afin de réduire au minimum l’erreur sur son positionnement. À titre d’exemple, plusieurs entreprises du domaine aérospatial ont fait appel à l’équipe du professeur Bonev, afin qu’elle conçoive des algorithmes pour l’étalonnage de robots utilisés dans la réparation ou l’usinage de pièces.

Parallèlement à cette expertise très utile dans les domaines médical et aérospatial, le professeur Vincent Duchaine, titulaire de la Chaire de recherche ÉTS en robotique interactive et membre du laboratoire CoRo, a mis au point des capteurs tactiles flexibles et des algorithmes destinés à augmenter l’autonomie des robots. Ces capteurs, dotés d’une capacité de reconnaissance d’un objet par le toucher, permettent d’assurer une interaction sécuritaire entre humains et robots. Ils pourraient être très utiles dans le domaine de l’automobile, notamment pour la manipulation et l’assemblage robotisés de pièces. Grâce à ces deux expertises complémentaires, Montréal dispose d’un savoir-faire en conception de robots collaboratifs de haute précision et sécuritaires. L’usage de robots collaboratifs, dont le laboratoire CoRo dispose de nombreux exemples, est en pleine croissance. Grâce à ce type de robots, qui sont souvent plus faciles à utiliser, nous assistons à une démocratisation de la robotique.

 

L’expertise en robotique industrielle de l’ÉTS a donné lieu à la création de différentes jeunes entreprises, dont Mecademic. Cette entreprise montréalaise oriente ses efforts sur la conception de robots miniatures, extrêmement précis et faciles d’utilisation. Son produit, le Meca500, un bras robotique à six axes, permet aux entreprises de réaliser des tâches répétitives et précises dans un espace très restreint. Grâce à sa petite taille, ce robot peut être intégré à un équipement industriel ou à une ligne de production déjà existante. Le Meca500 est contrôlable à partir d’une interface Web accessible sur toutes les plateformes, ce qui s’intègre parfaitement dans la philosophie de l’Industrie 4.0. Mecademic a déjà des clients dans plusieurs pays, notamment au Canada, aux États-Unis, aux Pays-Bas, en Suisse, en France et en Allemagne.

Le professeur Lionel Birglen, directeur du Laboratoire de robotique de Polytechnique Montréal, est spécialisé dans le développement d’outillage flexible pour les applications robotiques. En particulier, il développe des mains articulées qui s’adaptent d’elles-mêmes à la forme des objets qu’elles saisissent, sans utiliser le moindre capteur ou contrôleur électronique. Les applications de cette technologie vont de l’industrie manufacturière à la chirurgie, en passant par la prosthétique. De nombreux autres outils basés sur le même principe ont été développés au sein de ce laboratoire, notamment ceux dédiés à la robotique collaborative, à proximité d’un opérateur humain, pour laquelle la sécurité de l’outillage est critique. En parallèle à la conception d’outillage, le professeur Birglen œuvre aussi dans l’élaboration d’algorithmes de planification de trajectoires pour les robots, afin d’optimiser les opérations manufacturières de fabrication telles que le polissage ou l’inspection non destructive.

 

 

 

Textiles intelligents

 

Le professeur Maksim Skorobogatiy, titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur la théorie, la fabrication et les applications des cristaux photoniques affiliée à Polytechnique Montréal, et son équipe ont développé plusieurs types de textiles intelligents. Parmi les nombreux domaines d’applications, on compte l’industrie vestimentaire, le secteur médical et le transport. Les textiles photoniques sont conçus à partir de fibres plastiques de Bragg (microstructures qui reflètent les ondes de la lumière). À la lumière ambiante, elles apparaissent colorées. La modification de l’intensité de la lumière permet d’obtenir des textiles à couleurs variables. Ces textiles lumineux en fibres optiques peuvent être utilisés dans de nombreux domaines, notamment dans la fabrication de vêtements intelligents pour la surveillance médicale à distance, dans l’éclairage à distance, dans la confection de vêtements à apparence changeante et dans la conception d’accessoires interactifs pour l’industrie de la mode. Les textiles capacitifs, développés à partir des fibres capacitives en polymères, ont la particularité d’émettre un signal électrique au toucher. Ils peuvent être utilisés dans la fabrication des composants électroniques, comme des capteurs tactiles ou des tissus sensoriels. L’utilisation des textiles capacitifs pour la fabrication des capteurs tactiles est utile dans le domaine de la robotique, notamment pour la détection des obstacles. Finalement, les textiles pour le stockage d’énergie sont des fils conducteurs et flexibles incorporés à l’intérieur des batteries en polymères. Ils permettent de concevoir des vêtements connectés et énergétiquement autonomes, grâce au maintien de l’énergie par les simples mouvements corporels.

Des PME montréalaises travaillent déjà activement à la mise au point de ces textiles. On trouve en tête de file, les entreprises Carré Technologies, OMsignal et Heddoko. Carré Technologies développe des algorithmes d’analyse pour surveiller et analyser les signaux médicaux en temps réel. Elle est mondialement connue pour son produit Hexoskin, un vêtement interactif capable de détecter les rythmes cardiaque et respiratoire. Il intègre différentes technologies, notamment des capteurs magnétiques, un boîtier électronique et un logiciel embarqué qui permet le transfert de données vers une plateforme Web. Ce vêtement est principalement destiné au domaine aérospatial, à la recherche médicale et au sport d’élite. Hexoskin a notamment été mis à profit auprès de l’Institut de Cardiologie de Montréal, l’Hôpital Rivière-des-Prairies, la Nasa et l’Agence spatiale canadienne. Carré Technologies exporte 90 % de son produit partout dans le monde, notamment aux États-Unis, en France, au Japon, en Corée du Sud, à Singapour et en Australie.

 

 

 

Fabrication additive

 

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Impression 3D automatisée

 

Le professeur Vladimir Brailovski de l’ÉTS développe des technologies de conception et de fabrication de pièces et d’outillage en utilisant les procédés de fabrication additive. Ses recherches sont principalement destinées aux applications médicales et aérospatiales. Pour le secteur aérospatial, il fabrique notamment des composants structuraux performants et des pièces de moteurs capables de supporter de grandes charges, à des températures très élevées. Pour l’industrie médicale, il conçoit des prothèses de hanche ayant des propriétés améliorées, des implants dentaires dotés de meilleure biocompatibilité ainsi que des outils chirurgicaux personnalisés. Ses recherches sont entreprises au sein de la Chaire de recherche ÉTS sur l’ingénierie des procédés, des matériaux et des structures pour la fabrication additive. Celle-ci dispose d’équipements uniques pouvant être utiles aux PME.

Montréal dispose également d’entreprises spécialisées en fabrication additive. À cet égard, l’expertise de l’entreprise montréalaise 3DRPD mérite d’être soulignée. Ce centre de prototypage fabrique des châssis métalliques de prothèses partielles pour des laboratoires dentaires. Outre ses activités de production, 3DRPD œuvre en recherche et développement grâce à une collaboration avec l’Université McGill. Celle-ci lui permet d’améliorer son expertise et d’attester la pertinence de sa technologie. Entièrement fabriqués à Montréal, les produits de cette PME innovante connaissent un engouement mondial. En effet, 3DRPD a des clients au Canada, aux États-Unis, en France, en Allemagne, en Grande-Bretagne et même au Vietnam.

 

 

 

Matériaux avancés

 

L’optimisation des procédés de fabrication en vue de créer des pièces métalliques robustes constitue l’un des champs de recherches du professeur Mohammad Jahazi et de son équipe, au sein de la Chaire de recherche en technologies de mise en forme des alliages à haute résistance mécanique (CM2P) de l’ÉTS. Plus spécifiquement, ces chercheurs effectuent des analyses expérimentales et numériques pour comprendre le comportement (mécanique, thermique, etc.) de ces matériaux lors de leur mise en forme. Ces techniques permettent d’éviter les défauts de fabrication et de développer de nouvelles formes de pièces plus efficaces et efficientes. Les avantages sont nombreux, dont une réduction des rejets de matériaux causés par des défauts de fabrication, des économies d’énergie et une baisse du coût de production. Le chercheur a à son actif plusieurs partenariats pertinents. Il collabore avec Verbom (Sherbrooke) et Tesla (États-Unis) pour la fabrication de la carrosserie des voitures électriques. À Montréal, Alphacasting (pièces pour moteurs d’avion) et Siemens Canada (turbines à gaz) ont également bénéficié de ce savoir-faire. Cette expertise montréalaise suscite l’intérêt des clients dans plusieurs pays, notamment au Canada, aux États-Unis, en France, en Espagne et même en Inde. En outre, les PME montréalaises pourraient bénéficier d’un accès à des équipements à la fine pointe de la technologie.

 

Les professeurs Daniel Therriault et Jolanta Klemberg-Sapieha, de Polytechnique Montréal, ont mis au point des nanofibres de carbone recouvertes d’argent présentant des propriétés physico-chimiques exceptionnelles, notamment une haute conductivité électrique. Contrairement aux composites conventionnels fabriqués à partir des matériaux métalliques lourds et coûteux, ces nanofibres hybrides conçues par les professeurs sont plus légères et moins dispendieuses. Les résultats de cette percée scientifique sont très prometteurs pour de nombreuses applications, dont les revêtements légers et conducteurs pour protéger les structures contre la foudre. Ces nanofibres hybrides peuvent être utilisées comme renfort dans les matériaux composites à haute performance pour l’industrie aérospatiale, ou encore pour la fabrication des polymères conducteurs utiles aux composants microélectroniques. Ce développement, en cours de dépôt de brevet, découle des recherches effectuées au sein du Laboratoire de Mécanique Multi-échelles (LM2) et du Laboratoire des Revêtements Fonctionnels et d’Ingénierie des Surfaces (LaRFIS), en collaboration avec les compagnies Bombardier, Bell hélicoptère et 3M Canada.

 

Dans le cadre de ses activités au Centre de recherche sur la conception et la fabrication de microsystèmes (CoFaMic) de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), le professeur Ricardo Izquierdo fabrique des couches minces transparentes et conductrices à partir des nanotubes de carbone. Ces matériaux serviraient principalement à la fabrication à grande échelle des produits dans les domaines de l’énergie et de l’électronique. Plus spécifiquement, ils permettront de fabriquer par le procédé de l’électronique imprimable des cellules solaires, des écrans tactiles et des diodes électroluminescence organiques (OLED). Ces dernières, contrairement aux diodes standards faites à base de matériaux inorganiques, serviront à la fabrication des dispositifs électroniques peu coûteux, utilisés notamment pour l’affichage lumineux. Autre retombée de cette recherche, l’utilisation de ces couches pour la fabrication des écrans flexibles ou pliables ayant les mêmes propriétés que les écrans rigides. Dans le secteur de l’énergie, l’utilisation de ce matériau permet d’obtenir des panneaux solaires performants, c’est-à-dire dont le degré de conversion de l’énergie solaire en énergie électrique serait plus élevé, et à faible coût.

 

 

 

Emballages flexibles

 

Les progrès technologiques récents permettent d’envisager de nouvelles applications significatives dans l’industrie alimentaire. Le professeur Abdellah Ajji de Polytechnique Montréal développe des emballages flexibles ayant trois principales caractéristiques : ils sont sécuritaires grâce à leurs propriétés antibactériennes et fonctionnelles, intelligents car ils incorporent des composants électroniques qui interagissent avec les consommateurs afin de les informer de la comestibilité ou non des produits, et biodégradables parce qu’ils sont faits de matières recyclables. Ses recherches en cours sont entreprises au sein de la Chaire industrielle CRSNG/Saputo/Excel-Pac en matériaux et films pour un emballage sécuritaire, intelligent et durable. Parmi les nombreuses applications possibles de ces emballages verts et intelligents, on peut mentionner leur capacité de détection de la présence de divers gaz tels que l’ammoniaque et le C02 dans les produits. Cette expertise montréalaise a permis au chercheur de développer plusieurs collaborations internationales, dont celle avec l’Institut des nanotechnologies de Barcelone.

 

 


En somme, dans un monde de plus en plus connecté, les nouvelles technologies de pointe, considérées comme fondamentales pour innover, sont une avenue qui permettra aux entreprises manufacturières de se distinguer sur l’échiquier mondial. Parmi celles-ci, la fabrication additive, la robotique collaborative, l’Internet industriel des objets, les textiles intelligents, les matériaux métalliques à haute résistance, de même que les technologies d’emballages intelligents apparaissent prometteuses. Heureusement, les technologies présentées ici, sans compter celles qui sont en cours de développement, mettent en évidence le savoir-faire montréalais en la matière. Qu’elles proviennent des entreprises innovantes ou de la recherche universitaire, les entreprises manufacturières montréalaises disposent d’un réservoir de technologies à valeur ajoutée pour propulser leur productivité.

Si la disponibilité des technologies pour renforcer la compétitivité du marché manufacturier montréalais ne constitue pas un problème en soi, celui de l’utilisation de celles-ci par les entreprises est un défi à relever. En effet, il est généralement reconnu que les entreprises, particulièrement les PME, éprouvent des difficultés à adopter les technologies de pointe qui pourraient considérablement améliorer leur productivité. Compte tenu de l’importance capitale de ces nouvelles technologies pour relancer ce secteur névralgique pour l’économie, la mise en place d’une stratégie jouera un rôle central pour encourager l’innovation manufacturière.