Jusqu’au début du XIXe siècle, de multiples ruisseaux et petites rivières parcouraient l’île de Montréal. Transformés pour la plupart en égouts collecteurs, peu ont survécu à l’urbanisation.
En fondant Montréal à l’embouchure de la Petite Rivière, affluent de la rivière Saint-Pierre, les colons se familiarisent vite avec le vaste réseau de rivières et ruisseaux qui parcourent l’île. Bien que ceux-ci aient été connus des populations autochtones depuis des siècles, ils leur attribueront très tôt des noms : rivière Saint-Pierre, ruisseau Saint-Martin, rivière Prud’homme, ruisseau Notre-Dame-des-Neiges, coulée des Roches, coulée Grou, ruisseau de la Prairie, ruisseau Migeon, rivière Dorval, rivière à l’Orme, etc.
Le réseau hydrographique d’origine
Carte de Montréal - 1744
L’utilisation des ruisseaux avant l’industrialisation
Côte-des-Neiges, 1879.
Le tracé de certains cours d’eau façonne parfois aussi le développement de nouveaux établissements. Le ruisseau Notre-Dame-des-Neiges, qui descend le mont Royal jusqu’à la rivière des Prairies, sert de trame au lotissement des terres situées sur ses rives. Ainsi, contrairement à la plupart des secteurs de l’île, les lots de la Côte-des-Neiges s’étendent d’est en ouest. Les ruisseaux servent parfois aussi à certaines activités économiques, comme les tanneries. Installées initialement au bord du ruisseau Saint-Martin, les premières tanneries se déplaceront plus à l’ouest, en raison des émanations qu’elles génèrent, pour s’établir près du ruisseau Glen et du lac Saint-Pierre.
En l’absence d’un réseau d’égouts, les cours d’eau montréalais servent également de déversoir. La Petite Rivière, le ruisseau Saint-Martin et la rivière Saint-Pierre recueillent ainsi quantité de déchets de toutes sortes, en plus d’eaux souillées provenant de la production artisanale et des activités agricoles et domestiques. Leur pollution est telle que, dans les années 1810, une série de lois est adoptée afin d’interdire d’y jeter du fumier, des décombres, des carcasses d’animaux et des eaux domestiques.
La canalisation
Canalisation du ruisseau Raimbault, 1961.
Les uns après les autres, la plupart des ruisseaux de l’île sont canalisés à mesure que la ville s’étend et annexe successivement différentes municipalités limitrophes. Ces ruisseaux canalisés sont alors intégrés au réseau d’égouts montréalais. Certains de ces cours d’eau, situés dans des quartiers ou villes périphériques, subsistent tout de même jusqu’au milieu du XXe siècle. C’est notamment le cas du ruisseau Raimbault, qui est en réalité le ruisseau Notre-Dame-des-Neiges. Coulant sur la ferme de Pierre Raimbault, à Saint-Laurent, il est finalement canalisé sur la quasi-totalité de son tracé au début des années 1960.
Ce qu’il en reste
Ruisseau Bertrand.
Les ruisseaux montréalais encore à ciel ouvert se trouvent essentiellement aux extrémités de l’île. Dans l’est, on peut observer quelques résidus du ruisseau de la coulée Grou, du ruisseau Pinel, de même que du ruisseau Molson, près de son embouchure, à l’est de la rue Dickson. Une partie considérable du ruisseau De Montigny a également été préservée, près de son embouchure dans l’arrondissement Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles. Dans le parc-nature portant son nom, on peut notamment contempler une série de cascades.
Dans l’ouest, des ruisseaux d’envergure coulent toujours, tel le ruisseau Bertrand, qui prend sa source près de l’Aéroport international Montréal-Pierre-Elliott Trudeau pour traverser le parc-nature du Bois-de-Liesse et se jeter dans la rivière des Prairies, dans l’arrondissement Pierrefonds-Roxboro. Plus à l’ouest, la rivière à l’Orme coule sur plusieurs kilomètres à découvert le long du chemin de l’Anse à l’Orme, avant de se jeter dans la rivière des Prairies, au parc-nature de l’Anse-à-l’Orme. Du côté du lac Saint-Louis, le ruisseau Meadowbrook, à Beaconsfield, les ruisseaux Denis et Terra-Cotta, à Pointe-Claire et le ruisseau Bouchard, à Dorval, coulent, en tout ou en partie, à l’air libre.
DAGENAIS, Michèle. Montréal et l’eau : Une histoire environnementale, Montréal, Boréal, 2011, 306 p.
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www.lapresse.ca/voyage/quebec-et-canada/quebec/201907/19/01-5234449-sur-la-trace-des-derniers-ruisseaux-de-montreal.php
Rivières perdues, documentaire réalisé par Caroline Bâcle et produit par Katarina Soukup, Catbird Films, 2012.