Chef-d’œuvre du style Beaux-Arts à Montréal, la Bibliothèque Saint-Sulpice a abrité la Bibliothèque nationale du Québec de 1967 à 2005. Longtemps inoccupée, elle retrouvera son éclat d’antan.
Édifice Saint-Sulpice
Au début du XXe siècle, la nécessité de doter Montréal d’un centre culturel francophone s’avère pressante. S’il existe bien quelques bibliothèques francophones, elles sont généralement inaccessibles au grand public. Les Sulpiciens, depuis longtemps investis d’une mission éducative, prennent les commandes du projet. Ils acquièrent en 1906 des terrains au pied de la Côte-à-Baron. Situé au cœur de l’effervescent Quartier latin, l’emplacement est idéal.
Le projet retenu est celui de l’architecte Eugène Paquette, qui réalisera trois ans plus tard la Bibliothèque municipale de la rue Sherbrooke. Les travaux débutent en 1912, pour se terminer en 1914. Reconnue comme un des chefs-d’œuvre de l’influence du style Beaux-Arts à Montréal, la Bibliothèque Saint-Sulpice fait montre d’un style architectural raffiné, dont la symbolique décorative renvoie à l’imagerie gréco-latine. Les verrières du hall principal, réalisées par Henri Perdriau, en sont l’illustration. Elles représentent les arts, la religion et les sciences. Des matériaux nobles, dont le granite, la pierre calcaire et le grès, sont utilisés pour la construction du bâtiment. Exploitant au maximum l’étroitesse du terrain, Paquette a élaboré un bâtiment qui répond aux trois fonctions principales de l’institution : bibliothéconomie, recherche, activités culturelles. Le 12 septembre 1915, sous la direction d’Aegidius Fauteux, la Bibliothèque Saint-Sulpice ouvre ses portes.
Bibliothèque nationale du Québec de 1967 à 2005
Édifice Saint-Sulpice
En 2005, les 250 000 titres abrités dans l’édifice Saint-Sulpice sont transférés dans les nouveaux locaux de la Bibliothèque nationale du Québec. Le bâtiment lui-même sera brièvement acquis par l’UQAM, dans le but d’y aménager des salles de cours. L’université décide plutôt de se départir du site en 2007. Le ministère de la Culture du Québec en reprend possession et tente pendant longtemps de trouver un acquéreur qui respecterait la vocation culturelle et patrimoniale du site.
En janvier 2016, Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ) annonce que le ministère de la Culture et des Communications et la Ville de Montréal lui donnent pour mission de « faire revivre la bibliothèque Saint-Sulpice ». L’édifice accueillera une bibliothèque destinée aux adolescents et un carrefour d’innovation et de création centré sur les nouvelles technologies. BAnQ entend ainsi « redonner ses lettres de noblesse à un édifice important de l’histoire de Montréal ». Malgré cette heureuse issue, l’incertitude ayant plané sur le sort de la Bibliothèque Saint-Sulpice pendant 11 ans nous rappelle que la préservation des bâtiments patrimoniaux reste encore aujourd’hui matière à débat et à controverse.