Réalité virtuelle et réalité augmentée : technologies de pointe au cœur de l’innovation à Montréal (partie 2)

Les nouvelles technologies vont révolutionner plusieurs secteurs économiques et nos façons de communiquer. Parmi celles-ci, la réalité virtuelle et la réalité augmentée sont vectrices de changements dans plusieurs secteurs, entre autres en construction et en soins de santé.

Elles bouleversent les méthodes traditionnelles de formation et pourraient jouer un rôle de plus en plus important dans le développement et l’amélioration des compétences. Ces deux technologies permettent l’apprentissage rapide des procédures et des gestes techniques en mettant des personnes en situation réelle. Par exemple, grâce à la réalité virtuelle et à la réalité augmentée, de futurs professionnels de la santé ont accès à des patients virtuels pour simuler des situations réelles en toute sécurité. Ainsi, il est possible de vérifier la rétention des connaissances des apprenants avant toute intervention sur un vrai patient. De plus, ces technologies offrent de nouvelles possibilités dans le processus de partage d’informations liées au cycle de vie d’un projet, comme celui de la réalisation d’un chantier de construction. En raison de la grande mobilité de la main-d’œuvre dans ce secteur, intégrer un environnement virtuel aux activités courantes, comme la visite des chantiers, permet d’améliorer le partage d’information entre gestionnaires et intervenants sur le terrain.

Comme nous avons pu le voir dans la première partie de ce bulletin, l’industrie de la réalité virtuelle et de la réalité augmentée progresse rapidement et représente un important marché en croissance. Ce dernier présente plusieurs avantages pour les entreprises, et Montréal a plusieurs atouts pour en tirer pleinement profit.

Montréal présente plusieurs atouts sur ce créneau émergent

Considérant son tissu économique caractérisé par des secteurs de pointe, notamment celui des technologies de l’information et des communications (TIC), les atouts de Montréal pour propulser encore plus ce secteur sont multiples. Ainsi, Montréal :

  • Constitue une plaque tournante du jeu vidéo et de l’intelligence artificielle. Or, ces derniers pourraient jouer un rôle de moteur pour le développement de ce créneau en tirant profit de la notoriété actuelle de Montréal;
  • Dispose d’un bassin de talents créatifs grâce à la présence d’établissements d’enseignement supérieur offrant des programmes de formation;
  • Profite d’incitatifs financiers hautement concurrentiels, notamment le Fonds des Médias du Canada (FMC), et d’une multiplication des actions gouvernementales pour favoriser le virage numérique des entreprises;
  • Possède un réseau de capitaux de risque (ex. : Teralys Capital, Real Ventures, Tandem Expansion Funds, etc.) et des incubateurs (ex. : TandemLaunch, District 3 Innovation Center, Centech, CEIM, etc.) bien établis;
  • Détient plusieurs centres de recherche, notamment universitaires et institutionnels, qui misent sur la réalité virtuelle et la réalité augmentée pour faire avancer la recherche;
  • Peut compter sur la présence de grappes industrielles, notamment TechnoMontréal, Aéro Montréal, Montréal InVivo et le Bureau du cinéma et de la télévision du Québec (BCTQ).

 

Rappel des définitions

 

  • La réalité virtuelle est une expérience totalement immersive qui transporte l’utilisateur dans un univers imaginaire en trois dimensions (3D) créé par un programme informatique, et ce, en s’inspirant le plus possible de la réalité. Elle nécessite généralement l’utilisation d’un casque dans lequel des objets (ex. : images, vidéos) virtuels sont projetés et avec lesquels l’utilisateur peut interagir en temps réel.
  • La réalité augmentée, quant à elle, consiste à enrichir le monde réel d’informations virtuelles créées par un programme informatique, dans le but d’intensifier la compréhension et l’interaction de l’utilisateur avec son environnement. Elle s’appuie généralement sur l’utilisation de lunettes spécifiques, d’un ordinateur, d’une tablette ou d’un téléphone intelligent dans lesquels des informations virtuelles ont été ajoutées pour fournir des informations additionnelles à l’utilisateur. Dans ce cas précis, le sens de la vue est particulièrement sollicité.
  • La réalité mixte, aussi appelée réalité hybride, est un environnement dans lequel les objets du monde réel et d’un monde virtuel peuvent coexister et interagir. Un dispositif de réalité mixte est capable de détecter l’environnement de l’utilisateur pour y projeter des informations virtuelles interactives. La réalité mixte nécessite l’utilisation d’un dispositif, comme des lunettes transparentes, pour visualiser les objets virtuels projetés sous forme d’hologrammes.

Ce bulletin, qui se veut une suite logique de la première partie traitant de ce sujet, vise à présenter d’autres technologies novatrices ayant un fort potentiel pour propulser Montréal aux niveaux national et international. Après une première section axée sur la capacité d’attraction en investissements de la réalité virtuelle et de la réalité augmentée, nous présenterons dans la deuxième section les récentes percées technologiques développées par le milieu de la recherche et de l’industrie. Une conclusion nous permettra de mettre fin à ce bulletin.

LA RÉALITÉ VIRTUELLE ET LA RÉALITÉ AUGMENTÉE, DES INDUSTRIES ATTRACTIVES POUR LES INVESTISSEMENTS

 

La réalité virtuelle et la réalité augmentée sont de plus en plus attractives pour les investissements privés, notamment le capital de risque et l’investissement corporatif. En 2016, un total de 1,8 milliard de dollars ont été investis dans le monde sur ce marché. Avec des investissements mondiaux de 594 millions de dollars en 2015, il s’agit donc d’un montant trois fois plus élevé, avec un taux de croissance annuel de 204 % entre 2015 et 2016. De 2011 à 2016, les investissements mondiaux en réalité virtuelle et en réalité augmentée ont crû en moyenne de 71,5 %.

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Avec un marché mondial qui devrait doubler en 2017 (14 milliards de dollars) et s’accélérer à compter de 2020 (162 milliards de dollars), selon les chiffres publiés dans le bulletin précédent, cette tendance mondiale en investissements devrait se maintenir au cours des prochaines années. Selon les récentes projections de la firme Digi-Capital, un montant record de 2,5 milliards de dollars devrait être atteint en 2017. Ces chiffres démontrent l’intérêt grandissant pour ces nouvelles technologies, alors que ce marché n’est qu’à ses balbutiements.

DES INNOVATIONS MONTRÉALAISES QUI BOULEVERSENT PLUSIEURS SECTEURS

 

L’essor de la réalité virtuelle et de la réalité augmentée est source de créativité et d’innovation dans plusieurs domaines pertinents de l’économie de Montréal. Qu’il s’agisse du développement de services ou d’équipements spécialisés, les solutions mises au point permettent de répondre à différents problèmes concrets, comme la formation continue et la numérisation d’usines. Les entreprises et les chercheurs montréalais s’illustrent notamment dans des secteurs comme la santé, la fabrication, la recherche scientifique de pointe et l’ingénierie.

 

Amin Hammad | Construction 2.0 : améliorer la collaboration et la sécurité grâce à la réalité mixte et à la réalité augmentée

 

Professeur à l’Université Concordia et chercheur au Concordia Institute for Information Systems Engineering (CIISE), Amin Hammad développe de nouveaux concepts visant à intégrer le numérique dans les pratiques d’affaires des entreprises de la construction. Parmi ceux-ci, la réalité mixte et la réalité augmentée permettent la création d’environnements virtuels intégrés pour favoriser les interactions entre les spécialistes et les agents sur le terrain, d’une part, et assurer la sécurité du personnel lors de la réalisation des projets de construction, d’autre part.

Collaboration interactive à distance pour la gestion des installations à l’aide de la réalité mixte

 

Dans le domaine de la construction, par exemple lors des travaux publics ou la gestion des infrastructures, un échange intensif d’informations est nécessaire pour la réalisation des projets. Une solution préconisée jusqu’ici pour la gestion automatisée de la maintenance est la modélisation des données d’un bâtiment (en anglais « Building Information Modeling » ou BIM). Toutefois, cette base de données présente d’importants défis d’utilisation sur les chantiers puisqu’elle requiert des ordinateurs puissants et la présence de spécialistes aguerris. La récupération manuelle d’informations peut être difficile et prendre beaucoup de temps pour les agents sur le terrain.

Pour faciliter l’interaction en temps réel entre un inspecteur (sur le terrain) et un gestionnaire (au bureau) plus expérimenté, le professeur Hammad a développé une approche de réalité mixte (RM) collaborative pour améliorer la collaboration et la communication visuelle. Dans ce cas précis, la RM est une technique de visualisation qui peut être utilisée pour améliorer la perception visuelle de l’installation, en superposant des objets virtuels en 3D et des informations textuelles au-dessus de la vue d’objets de construction réels.

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L’approche développée intègre des informations sur les installations inspectées ainsi que d’autres données sensorielles. La communication visuelle entre les deux employés est assurée par les deux modes d’interaction suivants :

  • Une tablette ou un téléphone intelligent en réalité augmentée permettent à l’inspecteur sur le terrain de recevoir les directives du gestionnaire;
  • Une application de virtualité augmentée installée sur un ordinateur de bureau ainsi qu’un casque de réalité virtuelle permettent au gestionnaire de communiquer avec le travailleur sur le terrain.

En fonction du temps (par exemple selon le calendrier d’inspection ou d’entretien) et de l’emplacement du personnel sur le terrain, le gestionnaire peut visualiser en temps réel et à distance les opérations d’inspection et de maintenance. Cela permet de guider les inspecteurs dans la prise de décisions efficaces sur les problèmes existants ou potentiels. Le gestionnaire est donc en mesure de voir exactement ce que voient les inspecteurs sur le terrain.

Pour étudier l’applicabilité de la méthode proposée, un prototype de système a été développé et testé dans une étude de cas sur la maintenance de bâtiments. Jusqu’ici, les résultats obtenus ont démontré l’efficacité de cette collaboration virtuelle dans la prise de décision. Or, si la technologie a été développée pour la maintenance de bâtiments, l’approche peut être adaptée pour d’autres domaines, comme la santé et la défense.

Un système multi-agents virtuel pour améliorer la coordination et la sécurité dans les chantiers de construction

 

En 2012, selon le U.S. Bureau of Labor Statistics, les principaux engins de terrassement auraient représenté directement ou indirectement près de 10 % des accidents mortels sur les chantiers de construction. Ces statistiques alarmantes, conjuguées au fait que l’environnement de travail de la construction est moins structuré et prévisible que d’autres industries, indiquent la nécessité d’une meilleure coordination et gestion des équipements sur les chantiers de construction.

À partir des données ouvertes de la Ville de Montréal, le professeur Hammad et son équipe ont conçu un environnement en 3D de système multi-agents (SMA) permettant de former les travailleurs aux compétences pratiques nécessaires à la manœuvre sécuritaire et efficace des équipements sur les chantiers. Il s’agit d’une plateforme qui combine des données de GPS, pour le contrôle des mouvements des engins de terrassement, des méthodes avancées de gestion de la sécurité et des agents virtuels qui assistent chaque travailleur présent sur le chantier. Le mécanisme proposé pour l’apprentissage dans le SMA permet des réponses proactives et réactives afin de prévenir des collisions liées à l’équipement.

  • Le mode proactif utilise la réalité augmentée pour donner des alertes de proximité en temps réel aux opérateurs de l’équipement sur la base des données sensorielles.
  • Le mode réactif est basé sur l’analyse des performances globales de sécurité de l’opérateur sur la base des données enregistrées des quasi-incidents.

Une étude de cas a été réalisée pour valider la méthode proposée. La structure SMA est capable d’aborder efficacement la coordination au niveau de la flotte des équipements de terrassement et potentiellement d’améliorer la sécurité des projets de terrassement.

Jeremy Cooperstock | De la visualisation en temps réel des procédures médicales à la formation augmentée des premiers intervenants

Le professeur Jeremy Cooperstock, titulaire du Shared Reality Lab de l’Université McGill, s’appuie sur la réalité virtuelle et la réalité augmentée pour développer de nouvelles solutions technologiques, afin de faciliter et d’enrichir l’interaction humain-humain ou humain-machine. Il a notamment mis au point l’application mobile « Autour » en réalité augmentée pour des malvoyants.  

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Des surfaces interactives contrôlées par la marche humaine grâce à la réalité virtuelle

Le professeur Cooperstock s’appuie sur la réalité virtuelle pour développer des sols interactifs, c’est-à-dire qui réagissent à la marche humaine. L’objectif, à terme, est de permettre le transfert des compétences acquises précédemment dans les tâches quotidiennes associées à la marche, vers de nouveaux environnements interactifs où la rétroaction multisensorielle peut être exploitée pour créer des perceptions multimodales unitaires des surfaces virtuelles du sol. Ces environnements réels augmentés peuvent se projeter sur différentes surfaces au sol, comme une plage de sable, un terrain de neige ou un étang gelé. La recherche implique l’utilisation intégrée et interchangeable non seulement des graphiques, mais aussi des modalités haptique et auditive dans les interfaces au sol. Elle permettra la validation des aspects fondamentaux de la perception multisensorielle des sols, par les interactions de contact dans la marche, et la facilité d’utilisation des méthodes d’interaction virtuelle spécifiques développées.

 

À terme, ces sols virtuels permettront un ensemble d’applications dans des villes intelligentes, notamment l’affichage intelligent dans une rue commerçante, le tourisme virtuel et les jeux immersifs.

  • Tourisme virtuel : les touristes pourront contrôler leur position sur la carte et visiter virtuellement une ville. Les usagers pourront voir la scène de la ville autour d’eux.
  • Commerce : il sera possible d’animer une rue commerciale par une représentation multisensorielle évocatrice, par exemple d’un solde de produits de ski dans un magasin lorsqu’on approchera d’un lieu.
  • Jeux immersifs mobiles : l’intégration du sens haptique dans une surface permettra une expérience d’immersion plus profonde que celle limitée à l’intégration vidéo et audio.
  • La livraison de l’information s’en trouvera améliorée. Il sera ainsi possible, par exemple, d’indiquer à une personne qui attend à un arrêt d’autobus que son autobus sera en retard.

Cooperstock et son équipe travaillent actuellement à intégrer ces capacités dans un contexte mobile, en intégrant la capacité de retour haptique directement dans les chaussures. Cela permettra de fournir des signaux haptiques aux utilisateurs, où qu’ils soient, ce qui pourrait avoir des applications importantes pour la communication d’information mobile, la réhabilitation en santé, les sports et les jeux.

Améliorer la formation en réalité augmentée et les interventions réelles des premiers intervenants

 

Lors d’une intervention d’urgence par les premiers intervenants, notamment les pompiers, des problèmes de visibilité en raison de l’opacité de la fumée et de l’obscurité les empêchent d’agir en toute sécurité et d’intervenir aussi rapidement qu’ils le souhaiteraient. Pour répondre à ces problèmes, le professeur Cooperstock développe un nouvel outil en réalité augmentée visant à accroître l’efficacité des pompiers durant les interventions d’urgence. Il s’agit d’un répondeur d’urgence équipé d’un dispositif portable qui permettra l’enregistrement vidéo et des informations de position, le tout connecté sans fil à un affichage tête haute. Ce dernier permettra une vue en réalité augmentée grâce à des lunettes intelligentes. Le dispositif intègrera également différents capteurs qui permettront de mesurer la température ambiante et les paramètres physiologiques du répondant, en particulier sa fréquence cardiaque et sa respiration. Cet équipement technologique permettra de superposer des informations visuelles par-dessus les lunettes, afin de permettre une communication instantanée entre de futurs pompiers et un formateur pendant la pratique. Cette communication consistera en une vidéo offrant divers points de vue en direct et des données diffusées par les intervenants portant des lunettes de réalité augmentée. Les données seront ensuite retransmises à tous les intervenants et accessibles à un formateur par le biais d’une application Web.

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Cette solution technologique, qui initialement vise à augmenter l’efficacité de la formation offerte aux pompiers, sera ultimement déployée dans les scénarios réels de réponse au feu. Elle présentera différents avantages :

  • Elle favorisera l’augmentation de la connaissance qu’un formateur a de l’état de la situation, à partir d’une vue aérienne et des informations en temps réel des actions précises des intervenants ou du point de vue d’un membre de l’équipe d’intervention. Cela lui permettra d’offrir des conseils en temps réel, au besoin, par exemple en incitant le répondant à suivre le modèle de recherche recommandé. Le formateur pourra également modifier le scénario de formation à tout moment pour introduire des défis auxquels les futurs pompiers seront susceptibles de faire face en situation réelle.
  • Elle donnera accès aux intervenants à des informations sur les scénarios d’entraînement grâce à un affichage mains libres et tête haute. Un tel affichage leur permettra de visualiser le chemin qu’ils ont suivi ainsi que les balises virtuelles indiquant des positions ou des objets importants dans l’environnement.
  • Elle permettra l’évaluation du rendement potentiel des intervenants, afin de mieux identifier et de corriger toute faiblesse avant d’affronter une situation réelle. Les intervenants seront également en mesure de revoir leur propre performance et de l’améliorer.

 

 

Benoît Ozell | La réalité virtuelle et la réalité augmentée pour le développement des jeux vidéo de prochaine génération et la formation du personnel hautement qualifié en santé

Les activités de recherche du Laboratoire d’infographie et de réalité virtuelle, affilié à Polytechnique Montréal et dirigé par le professeur Benoît Ozell, se concentrent dans les domaines de pointe, notamment l’infographie 3D, la réalité virtuelle et la réalité augmentée. Réalisées en collaboration avec des entreprises locales et internationales pour résoudre des problèmes particuliers, elles concernent différentes industries de pointe de l’économie montréalaise, notamment les soins de santé et le jeu vidéo. Parmi les technologies récentes, le laboratoire a mis au point des environnements collaboratifs pour la formation du personnel médical aux opérations chirurgicales complexes et aux tests cliniques en psychologie.

La réalité virtuelle pour la prochaine génération de jeu vidéo et la formation du personnel pour des opérations neurochirurgicales

 

Montréal est reconnue mondialement comme une plaque tournante de l’industrie du jeu vidéo. Toutefois, cette industrie a toujours besoin d’améliorer son cycle de production des prochains jeux, notamment en optimisant ses étapes de développement grâce à la réalité virtuelle. En collaboration avec l’industrie, l’équipe du professeur Ozell modélise les mouvements des visages humains dans le but de reproduire de façon plus réaliste les personnages utilisés dans les jeux vidéo.

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 Le laboratoire fait également appel à la réalité virtuelle pour développer de nouveaux outils interactifs pour des simulations de chirurgies complexes. La réalité virtuelle, grâce à l’ajout de retour de force, permet ici d’augmenter le réalisme des salles d’opération virtuelles, afin que les médecins résidents apprennent aisément comment planifier une chirurgie et identifier le traitement à adopter pour un patient donné. Parmi les outils interactifs conçus ayant suscité l’intérêt, notons celui destiné à la chirurgie de la colonne vertébrale pour des patients atteints de scoliose et celui permettant d’afficher les diverses émotions des patients en psychiatrie dans un environnement virtuel. Dans le premier cas, les étudiants peuvent être confrontés à une situation de déformation d’une artère et doivent apprendre comment la refermer en toute sécurité. Dans le deuxième cas, ils doivent apprendre à analyser le comportement des patients en vue d’identifier le traitement adéquat.

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La réalité augmentée pour la formation en soins de santé

 En collaboration avec CAE Santé, qui détient déjà plusieurs simulateurs chirurgicaux qui permettent de voir l’intérieur du corps humain, le professeur Ozell et son équipe développent de nouveaux indices visuels qui rendront les scènes d’apprentissage plus proche de la réalité. Il s’agit précisément d’ajouter un sentiment de présence aux simulateurs actuels, en développant un avatar représentant un instructeur virtuel qui surveillera le déroulement d’une opération.

OSSimTech | Élargir les possibilités d’apprentissage de l’opération chirurgicale ouverte grâce à des simulateurs en réalité virtuelle

Le domaine médical a de fortes attentes en matière de formation par la simulation, afin que les premiers gestes des professionnels en santé soient réalisés et répétés de plus en plus sur des patients virtuels avant de passer à l’acte réel sur un vrai patient. Mais jusqu’à récemment, il n’y avait aucun simulateur capable de permettre à un chirurgien de travailler sur un patient en réalité virtuelle avec des lunettes 3D et des instruments haptiques, en lui permettant de ressentir une panoplie de gestes, comme par exemple couper, percer ou scier un os. C’est donc un domaine prometteur sur lequel OSSimTech se positionne notablement.

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Cette entreprise montréalaise a développé le Sim-Ortho, une plateforme innovante de formation immersive, combinant réalité virtuelle et technologies haptiques, qui favorise l’acquisition et la consolidation du savoir et du savoir-faire (capacité psychomotrice jumelée aux aptitudes pratiques et décisionnelles), pour la formation initiale et continue des chirurgiens orthopédiques.

Le simulateur Sim-Ortho offre une représentation de très haute-fidélité de diverses procédures chirurgicales, telles que la gestion d’outils, les procédures liées aux traumatismes, et la chirurgie du genou et de la colonne vertébrale, intégrant des forces haptiques et tactiles. Puisque la chirurgie ouverte exige une grande force et est très manuelle, les retours de forces haptiques permettent aux résidents de reproduire des sensations de toucher réelles et de ressentir dans leurs mains ce qu’ils voient à l’écran. De plus, ce simulateur permet de confronter, sans risques, les futurs chirurgiens à des situations d’urgence vitales auxquelles ils devront faire face par la suite dans l’exercice de leur fonction. À titre d’exemple, au cours d’une simulation virtuelle, les résidents pourraient être confrontés à une situation qui augmente leur niveau de stress, comme un problème cardiaque. Cette mise en situation permettrait d’évaluer leur comportement et leurs habiletés décisionnelles. En outre, les futurs chirurgiens peuvent pratiquer une centaine de fois des gestes, comme percer un trou ou scier un os. Contrairement à un bloc opératoire où une erreur pourrait causer des dommages irréversibles au patient, ce simulateur permet aux résidents de faire des erreurs et d’apprendre sans risques.

Selon OSSimTech, ce simulateur destiné à la formation personnalisée des résidents orthopédiques en chirurgie ouverte offre plusieurs avantages, tant au niveau du mode d’apprentissage que pour les gains socioéconomiques qu’il génère.

Des avantages pour le système de formation :

  • Accélération du processus d’apprentissage et de développement d’habilités techniques (manuelles, gestuelles) et décisionnelles dans la réalisation d’interventions chirurgicales complexes.
  • Formation pratique correspondant à une grande variété de cas cliniques réels, du plus courant au plus rare, auxquels les résidents n’ont pas nécessairement accès pendant leurs années de résidence.
  • Technologie qui permet l’évaluation objective et mesurable des compétences d’un résident pour savoir s’il est prêt à intervenir en toute sécurité sur un vrai patient.
  • Unique système reprenant la boucle de l’apprentissage autant de fois que nécessaire : préparation, action, évaluation, compréhension, amélioration.
  • Standardisation des méthodes actuelles de formation et d’évaluation des compétences techniques de manière plus objective.

Des avantages socioéconomiques :

  • Augmentation de la main-d’œuvre spécialisée grâce à l’accès à des patients virtuels et à des parcours pédagogiques personnalisés et adaptés à chaque apprenant.
  • Formation continue qui permet de réduire des erreurs chirurgicales pouvant être coûteuses.

Grâce à ses simulateurs en réalité virtuelle et à des collaborations déjà établies avec des centres de recherche, tant institutionnels qu’universitaires, à travers le monde, OSSimTech a su se démarquer par sa créativité et développer une image de marque montréalaise. L’entreprise à l’ambition de devenir une référence internationale en formation de chirurgies ouvertes, où tous les chirurgiens et les résidents seront obligés de valider ou de revalider leurs aptitudes techniques et leurs gestes opératoires sur des simulateurs avant d’opérer sur de vrais patients.

CAE Santé | La réalité augmentée pour révolutionner l’avenir de la formation médicale et améliorer la sécurité des patients

 

La formation axée sur la simulation représente une solution peu risquée et accessible pour former les professionnels de la santé en matière de procédures d’intervention pour sauver des vies, de réponse rapide et de formation en travail d’équipe interprofessionnelle, d’intervention dans le cas d’une catastrophe majeure et d’administration d’anesthésie.

 

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En s’appuyant sur son expertise en aviation et dans le souci d’améliorer la sécurité des patients lors des interventions médicales, CAE Santé développe une gamme d’outils de pointe pour l’apprentissage des professionnels et des futurs professionnels de la santé, notamment des médecins, des infirmiers et des ambulanciers. Plus précisément, l’entreprise fournit différents types de simulateurs hautement réalistes, notamment pour différents types de chirurgies et pour l’accouchement, pour amener ces professionnels et ces étudiants à s’exercer sans risques avant d’interagir avec de vrais patients.

Sa récente percée technologique est un simulateur d’échographie, baptisé VimedixAR, qui a la particularité d’être connecté aux lunettes en réalité augmentée HoloLens de Microsoft et d’être enrichi d’hologrammes. Ces derniers représentent les différentes parties de l’anatomie humaine (ex. : cœur, poumons, etc.) que les étudiants peuvent agrandir, déplacer ou faire pivoter pour s’exercer. Ils peuvent, par exemple, isoler l’hologramme du cœur, l’agrandir et même se déplacer autour de celui-ci afin d’avoir une perspective différente de l’organe. En outre, les futurs professionnels en formation peuvent interagir et se déplacer librement dans l’environnement clinique en 3D, pour mieux comprendre comment l’anatomie et ses structures circulatoires, respiratoires et squelettiques sont intégrées. Cette possibilité d’affichage en temps réel leur permet de déterminer la position en 3D d’un instrument médical pour la manipulation d’organes. À mesure que les étudiants examinent les différentes parties de l’anatomie, ils observent de façon instantanée comment le faisceau d’ultrasons les découpe afin de générer une image échographique, soit un apprentissage nécessaire pour prendre de bonnes décisions.

Si CAE Santé s’est déjà démarquée par ses autres produits de simulation médicaux, cette nouvelle technologie en réalité augmentée offre plusieurs avantages pour le secteur de la santé, en particulier pour les écoles de médecine et de soins infirmiers.

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  • Elle accélère l’apprentissage et augmente le nombre d’experts en échographie.
  • Elle fournit des expériences communes de formation dans un environnement clinique immersif.
  • Elle expose les apprenants à des pathologies rares qui risquent de ne pas être rencontrées lors de leur formation en milieu clinique.
  • Elle permet à des médecins de s’exercer à positionner des dispositifs ou des implants cardiaques plus rapidement et avec une plus grande précision, avant toute procédure sur de vrais patients.

 

 


La réalité virtuelle et la réalité augmentée sont des technologies à fort potentiel, notamment en matière d’attraction d’investissements, et expriment bien la créativité et l’innovation qui caractérisent Montréal. Elles offrent de nouvelles applications pertinentes qui touchent les secteurs de pointe de l’économie montréalaise, en plus de jouer un rôle important face à certains défis économiques, comme celui de la formation de la main-d’œuvre spécialisée. En effet, elles permettent de développer des compétences techniques en mettant les personnes en situation d’apprentissage réel. La réalité virtuelle et la réalité augmentée offrent des possibilités intéressantes pour la formation technique, la modernisation des secteurs plus traditionnels par le numérique, et le développement d’outils de communication en temps réel pour renforcer la collaboration entre professionnels.

Parmi les plus importantes métropoles nord-américaines reconnues pour leur savoir-faire en hautes technologies, notamment en jeux vidéo et en effets visuels, Montréal est bien positionnée pour tirer pleinement profit des avantages qu’offrent la réalité virtuelle et la réalité augmentée. Elle dispose d’une main-d’œuvre talentueuse et créative, d’une concentration importante de centres de recherche de calibre mondial et d’incitatifs financiers permettant de soutenir son écosystème entrepreneurial. Dans un contexte où l’innovation joue de plus en plus un rôle clé dans la compétitivité, il est essentiel de miser sur une diversité de leviers d’optimisation. Or, la réalité virtuelle et la réalité augmentée en sont un. Ces technologies sont déjà assez matures pour permettre leur démocratisation dans les pratiques d’affaires. Les avancées et les développements des prochaines années devront être surveillés de près, notamment avec l’avènement de l’intelligence artificielle qui pourrait mener au développement de nouvelles solutions en réalité virtuelle et en réalité augmentée.