Des énergies renouvelables à la mobilité électrique, des innovations qui électrisent Montréal

Dans le monde entier, les efforts se multiplient pour accroître le développement de l’électrification des transports. Les véhicules électriques permettent de réduire le recours aux hydrocarbures et, ultimement, les émissions de gaz à effets de serre (GES).

Or, d’après la firme Bloomberg, ces véhicules pourraient représenter 35 % de l’ensemble des véhicules dans le monde à l’horizon 2040. Cette perspective optimiste s’appuie sur une baisse attendue du coût des batteries au lithium-ion. En plus d’être profitable sur les plans environnemental et économique, l’essor des véhicules électriques favorise l’émergence des technologies de pointe. Parmi celles-ci, on retrouve des dispositifs de stockage d’énergie et des systèmes d’optimisation de puissance.

 


 

Le stockage d’énergie permet de conserver une quantité d’énergie dans un dispositif pour une utilisation ultérieure. Les batteries et les supercondensateurs sont les dispositifs de stockage d’énergie les plus répandus dans le domaine des véhicules électriques. Ils se distinguent par leur densité d’énergie et de puissance.

  • Les batteries sont reconnues pour avoir une capacité d’énergie plus grande que les supercondensateurs. Elles permettent de stocker l’énergie de façon continue, pour une utilisation sur une plus longue période.
  • Pour ce qui est des supercondensateurs, la quantité d’énergie pouvant y être stockée représente environ 10 % de celle des batteries. Ils possèdent cependant une densité de puissance plus élevée. Autrement dit, bien que leur contenance en énergie soit moindre, les supercondensateurs se remplissent en un temps plus court. Ils peuvent être utilisés pour récupérer l’énergie au freinage et la restituer durant l’accélération.

Les batteries et les supercondensateurs peuvent être utilisés de manière complémentaire pour combiner les bénéfices des deux technologies.

 

L’électronique de puissance fait, quant à elle, référence à un ensemble de composants visant à convertir et à livrer l’énergie électrique sous la forme dont a besoin le véhicule. Sans cette technologie, l’énergie renouvelable ne pourrait pas alimenter le réseau électrique. Les technologies d’électronique de puissance sont utilisées notamment dans :

  • la conception des moteurs électriques compacts et légers;
  • le développement des systèmes de recharge permettant d’adapter le courant électrique à ce que les batteries peuvent recevoir;
  • la mise au point des convertisseurs qui transforment l’énergie continue stockée dans les batteries en courant alternatif dont le moteur a besoin. Ils peuvent aussi être utilisés pour convertir l’énergie renouvelable, provenant par exemple des panneaux solaires, en courant électrique.

Ainsi, l’autonomie d’un véhicule électrique dépend non seulement de sa capacité de stockage d’énergie, mais aussi de l’efficacité de ses commandes électroniques.

Ce bulletin vise à présenter les avancées technologiques qui jouent un rôle important dans le développement de la filière de l’électrification des transports. Une attention est accordée aux petites et moyennes entreprises (PME) en pleine croissance à Montréal. Précisons que le terme « véhicule électrique » utilisé dans ce bulletin désigne à la fois les véhicules entièrement électriques et les véhicules hybrides rechargeables.

 

 

VÉHICULES ÉLECTRIQUES, DES MARCHÉS PROMETTEURS

Les perspectives de progrès concernant le marché mondial des véhicules électriques sont bonnes. Estimé à près de 84 milliards de dollars en 2012, ce marché devrait atteindre environ 272 milliards de dollars en 2019. Il s’agit d’un taux de croissance annuel moyen de 18,3 % sur sept ans. De plus, la croissance du marché des véhicules électriques stimule d’autres marchés, entre autres celui des batteries au lithium-ion. Ce type de batterie est largement utilisé dans le domaine des véhicules électriques à cause de sa forte densité énergétique.

 

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Le marché mondial des batteries au lithium-ion était estimé à 29,68 milliards de dollars en 2015. Il devrait croître à un taux annuel moyen de 13 % pour atteindre 53,7 milliards de dollars en 2020. Ce marché atteindra 77,42 milliards de dollars en 2024, soit une croissance annuelle moyenne de 10 % entre 2020 et 2024.

 

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Le marché mondial des moteurs électriques connaît également une croissance remarquable liée à celle des véhicules électriques. Il était estimé à plus de 79 milliards de dollars en 2012. Selon les récentes estimations, il devrait atteindre 129 milliards de dollars en 2020 et environ 142 milliards de dollars en 2022, ce qui correspond à un taux de croissance annuel moyen de 6 % sur dix ans.

 

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MONTRÉAL, PÔLE MAJEUR DE R. ET D. DE POINTE EN ÉLECTRIFICATION DES TRANSPORTS

 

Montréal dispose de chercheurs de renommée internationale qui ont saisi les opportunités offertes par le marché des véhicules électriques pour innover encore plus. Leurs recherches permettent de garantir un avenir à faibles émissions de carbone et riche en énergie propre. Elles se concentrent en grande partie sur le développement des infrastructures de recharge, les dispositifs de stockage d’énergie de nouvelle génération, c’est-à-dire intégrant les énergies renouvelables, et les dispositifs d’optimisation de puissance.

 

 

Des énergies renouvelables et des algorithmes pour une recharge intelligente

 

Vector illustration of modern green eco business office building with green trees and electric car charging in front of the workplace in cartoon style. Solar panels and wind turbines are int the background.

 

Le professeur Ambrish Chandra, membre du Groupe de recherche en électronique de puissance et commande industrielle (GRÉPCI) de l’École de technologie supérieure (ÉTS), et son équipe ont développé différentes technologies pour les véhicules électriques. Celles-ci répondent aux besoins sans cesse croissants de consommation d’électricité et misent sur les énergies renouvelables.

Ils travaillent sur l’intégration des énergies renouvelables émergentes, comme l’énergie solaire, au réseau de transport et de distribution de l’électricité. Ils ont notamment développé un système qui permet d’optimiser le transfert d’énergie entre les panneaux photovoltaïques situés sur un bâtiment, la borne de recharge d’un véhicule électrique et le réseau électrique. Il s’agit d’une technologie pour un bâtiment à consommation énergétique nulle (Net Zero Energy Building), c’est-à-dire qui produit autant d’énergie qu’il en consomme sur une période d’un an, en utilisant différentes sources (solaire, éolienne, etc.). Si l’énergie générée par ces sources est supérieure à la consommation domestique, la différence peut servir à la recharge d’une voiture électrique ou être vendue à un réseau de distribution tel qu’Hydro-Québec. Dans le cas contraire, la recharge du véhicule et la consommation domestique sont assurées par le réseau de distribution. Si, par contre, ce dernier est en panne, l’énergie contenue dans la batterie électrique peut servir à alimenter les appareils de consommation domestique.

 

Cette technologie a ensuite été adaptée pour les régions isolées qui ne disposent pas de réseau de distribution d’électricité. Il s’agit d’un système dit « autonome ». Dans ce cas, la technologie prévoit un transfert optimal d’énergie entre les panneaux solaires situés sur un bâtiment, un générateur fonctionnant au biogaz et le système de recharge électrique. Lorsqu’il y a un déficit d’énergie solaire, par exemple durant la nuit ou les temps nuageux, le générateur compense la différence pour recharger les véhicules électriques. Si, au contraire, il y a un surplus d’énergie solaire après la recharge du véhicule, il peut par exemple être utilisé pour actionner une pompe à eau.

L’arrivée des voitures électriques comporte un enjeu dans la gestion du réseau électrique. Pour cette raison, l’équipe du professeur Chandra, en collaboration avec l’Institut de recherche d’Hydro-Québec (IREQ), a développé une technologie d’intégration d’un parc de véhicules électriques au réseau de distribution. Elle permet de mesurer l’impact de la recharge et de la décharge, ainsi que d’utiliser l’énergie de ces véhicules pour réguler le profil de tension et de puissance du réseau électrique, en plus de minimiser le coût électrique total et la perte sur le réseau. Durant les périodes de forte consommation, il est donc possible d’utiliser l’électricité des autres véhicules branchés sur un même transformateur.

 

Finalement, l’équipe de recherche du professeur Chandra a développé une technologie qui prédit si un véhicule électrique va arriver à destination ou non, en fonction de l’énergie disponible dans la batterie et d’autres paramètres internes et externes, tels que les embouteillages, les conditions environnementales, la distance à parcourir, etc. Cet algorithme pourrait permettre de concevoir une application mobile signalant au conducteur à quel moment il a besoin de recharger sa voiture et où se trouve la station de recharge la plus proche.

 

Lyne Woodward, actuelle directrice du Groupe de recherche en électronique de puissance et commande industrielle (GREPCI), développe des algorithmes d’optimisation en temps réel pour des systèmes à énergies renouvelables. Ces algorithmes permettent de commander des convertisseurs de puissance, se trouvant par exemple dans les bornes de recharge, de façon à maximiser en tout temps la quantité d’énergie transférée vers les systèmes de stockage. Les algorithmes développés s’adaptent à différents types d’énergie renouvelable, qu’elle soit d’origine éolienne, solaire ou même biochimique (provenant des piles à combustible microbiennes). Les tests effectués en laboratoire ont permis de valider la performance de ces algorithmes. L’utilisation de ces algorithmes dans le domaine de l’électrification des transports présente plusieurs avantages, allant de la réduction de la dimension ou du nombre de panneaux solaires, à la recharge plus rapide des véhicules électriques.

 

 

Un système de motorisation performant intégrant un capteur

 

Electric Motor

 

 

En collaboration avec TM4 et AUTO21, les professeurs Pragasen Pillay et Luiz Lopes de l’Université Concordia ainsi que le professeur Ambrish Chandra de l’ÉTS ont conçu et développé un nouveau système de motorisation pour les véhicules électriques. Celui-ci comprend un convertisseur (ou onduleur) de haute puissance, un système de contrôle de l’alimentation, un capteur de position et un moteur électrique. Le convertisseur est utilisé pour transformer le courant continu provenant de la batterie en un courant alternatif, pour alimenter le moteur électrique, alors que le contrôleur électronique régule la position et l’accélération du moteur électrique, grâce aux signaux envoyés par le conducteur et le capteur.

La recherche sur le capteur a été entreprise par le professeur Ambrish Chandra et son équipe. Ils ont développé un algorithme qui améliore la performance du capteur de position pour le contrôle de la machine synchrone à aimants permanents (PMSM) des véhicules électriques. Une telle machine produit du courant électrique en fonction de la vitesse de rotation du rotor constitué d’un matériau magnétique. Elle est responsable de la production du couple (effort en rotation pour une vitesse donnée) et de la force requise pour faire avancer la voiture comme le fait le moteur à combustion interne dans les véhicules alimentés au gaz. Dans une machine synchrone, la vitesse de rotation est déterminée par la fréquence du courant électrique qui circule dans le stator. Grâce à la technologie développée, il est possible de détecter la position du rotor dans cette machine et de contrôler sa force optimale de rotation. Les tests réalisés sur une vraie machine de 80 kW ont permis d’obtenir de bons résultats. Comparativement à la solution antérieure, le capteur développé coûte dix fois moins cher, et ce, sans qu’il y ait détérioration de la performance de contrôle de la machine. Parallèlement à cette solution, l’équipe du professeur Chandra a développé une technique qui permet de contrôler cette machine sans capteur. Celle-ci peut-être activée si le capteur de position est défectueux.

 

Les résultats de cette recherche collaborative entre les chercheurs Pillay, Lopes et Chandra ont permis de développer un système de motorisation plus performant.

 

 

 

Un moteur électrique qui réduit les pertes d’énergie

 

Le professeur Pillay, titulaire de la Chaire de recherche industrielle CRSNG/Hydro-Québec en efficacité énergétique dans les machines électriques pour systèmes de production d’énergie renouvelable à petite échelle, développe également une prochaine génération de moteurs pour les véhicules électriques. La recherche entreprise en collaboration avec l’IREQ, vise le développement d’un moteur plus performant, c’est-à-dire qui réduirait la perte d’énergie lorsque la vitesse du véhicule est élevée. Selon le chercheur, une telle efficacité énergétique n’est pas offerte par les moteurs électriques actuels. En contrepartie, à faible vitesse, l’énergie utilisée par ces nouveaux moteurs électriques serait similaire à celle des moteurs conventionnels.

 

 

 

Une technologie de recharge sans fil

 

Yellow electric car on EV wireless charging lane. The in-road wireless charging coil have graphic to show charging progress. 3D rendering image.

 

Le professeur Akshay Kumar Rathore de l’Université Concordia, membre, au chapitre de l’électrification des transports, de l’Institut des ingénieurs électriciens et électroniciens (IEEE), prestigieuse société réunissant des chercheurs du monde entier, développe un système de recharge sans fil par induction des batteries pour les véhicules électriques. Cette recharge pourrait être placée au niveau du sol et permettrait un transfert automatique de l’énergie au véhicule en utilisant le champ magnétique, sans aucun contact physique. Il suffirait donc de stationner son véhicule au-dessus d’une borne pour le recharger, sans devoir descendre pour le brancher à un câble. La technologie développée par le professeur Rathore tirerait son énergie du réseau électrique ou des panneaux solaires. Elle serait adéquate pour des infrastructures communes telles que les stations publiques ou les lieux de travail. La recharge avec un fil serait, quant à elle, plus appropriée pour les lieux résidentiels, qui demandent un temps de recharge plus long. Selon le chercheur, outre son intégration subtile à l’environnement et son aspect dynamique, la recharge sans fil serait avantageuse pour les personnes à mobilité réduite ou durant les périodes où les conditions environnementales sont difficiles, comme en hiver. Toutefois, elle est pour l’instant de 4 à 5 % moins performante que celle nécessitant un câble, permettant la charge rapide.

 

 

 

Une chaîne de traction avec un moteur plus autonome en énergie

 

 

En collaboration avec TM4, Linamar (Guelph, Toronto) et Infolytica, des chercheurs du Centre de recherche sur les machines intelligentes (CIM) de McGill s’emploient à mettre au point une nouvelle chaîne de traction pour les véhicules électriques. Celle-ci sera composée d’un moteur électrique couplé à une transmission à plusieurs vitesses, plus petite et plus légère, pour en faire une seule unité. Contrairement aux véhicules classiques, les transmissions actuellement en usage pour les véhicules électriques ne comportent qu’une seule vitesse. L’aspect novateur de ce système intégré permettrait de maximiser l’efficacité énergétique, en plus de réduire le poids, le volume et le coût des moteurs servant à propulser les véhicules électriques. Cette chaîne de traction plus économe en énergie serait également compatible avec plusieurs types de transports (voitures, autobus, trains, etc.). Les résultats de cette recherche donneront lieu à des projets novateurs. En effet, les chercheurs du CIM prévoient électrifier graduellement la navette d’autobus de l’Université McGill. Le premier autobus devrait être testé en 2017 et desservira à la fois le campus Macdonald, situé à Sainte-Anne-de-Bellevue, et celui du centre-ville.

En outre, pour optimiser automatiquement la conception de cette nouvelle génération de moteurs électriques, ces chercheurs ont eu recours aux logiciels mis au point par l’entreprise montréalaise Infolytica. Ceux-ci permettent la simulation des champs électromagnétiques et la conception des moteurs électriques, une étape très importante qui permet de connaître les performances et de trouver le meilleur design pour les machines, dans le but ultime de réduire le coût et le temps de production des moteurs électriques. Infolytica est mondialement connue grâce à ses collaborations avec de gros joueurs tels que TM4, Hydro-Québec et Siemens.

 

Cette expertise en électrification des transports au CIM est également mise à contribution dans un projet collaboratif entrepris avec TM4, Cummins (Indiana, États-Unis) et Purolator. Cette dernière entreprise désire convertir ses camions de livraison propulsés au carburant à la propulsion électrique. À partir du moteur SUMO MD de TM4, les chercheurs ont modélisé et simulé le design de la chaîne de traction électrique du véhicule de Purolator. Le premier camion sera testé dans les rues du centre-ville de Montréal à compter du printemps 2017, avec l’objectif à terme d’électrifier l’ensemble de la flotte de camions de la compagnie.

 

 

 

De nouveaux matériaux optimisent la capacité de la batterie au lithium‑ion de 10 %

 

Dans le cadre de ses activités de recherche au sein du Laboratoire de nouveaux matériaux pour l’énergie et l’électrochimie (LaNoMat) affilié à Polytechnique Montréal, le professeur Oumarou Savadogo développe de nouveaux matériaux de cathode à base de phosphate de fer lithié (LiFePO4). Ces matériaux très promoteurs sont utilisés dans les batteries au lithium-ion pour les véhicules électriques. Le phosphate de fer lithié est caractérisé par son excellente stabilité chimique et structurale, sa non-toxicité, son faible coût et son abondance dans la nature. Cependant, il souffre d’une faible conductivité électrique, d’une diffusion ionique très limitée et fonctionne uniquement à des taux faibles de charge/décharge de courant. Le chercheur et son équipe ont développé une double approche de dopage métallique avec des métaux nobles et de revêtement des particules de phosphate de fer lithié avec du carbone pour résoudre ce problème. Plus précisément, ils ont utilisé un élément platine qui permet de stabiliser la structure cristalline pendant le processus de charge/décharge et d’améliorer la vitesse de la réaction d’oxydo-réduction, avec l’augmentation de la surface de l’électrode composite. L’électrode dopée avec le platine présente aussi des petites particules homogènes qui pourraient faciliter le taux de diffusion des ions Li+.

 

Ils ont montré qu’un gain en capacité des batteries de plus de 10 % est possible en utilisant la bonne teneur en carbone et la bonne méthode de préparation de l’électrode. Les résultats de ces travaux ont aussi montré que le dopage de ce matériau, par exemple avec moins de 2 % en poids de platine, conduit à une capacité de la batterie Li‑ion de 140 mAh/g, alors que celle de la batterie à base d’électrode n’est que de 105 mAh/g. En plus de l’augmentation remarquable de sa capacité, la durée d’utilisation de la batterie augmente de 20 % par rapport à celle de la batterie à base d’électrode qui n’a pas été dopée avec du platine. Des tests de durabilité à long terme sont en cours dans différentes conditions de charge et de décharge afin d’évaluer les conditions d’utilisation de ces électrodes dans des batteries pour les voitures et les autobus.

 

 

 

Des batteries au lithium-ion pour une charge et une décharge rapides des énergies renouvelables

 

Green Energy Vehicle. It is abstract car. Zip includes CDR, AI and high-res JPEG files.

 

 

Le professeur Steen B. Schougaard, directeur du Centre de recherche sur les nanomatériaux et l’énergie (NanoQAM), en collaboration avec l’entreprise Phostech Lithium, devenue Johnson Matthey Matériaux pour Batteries ltée, a mis au point des matériaux composites destinés aux batteries au lithium-ion à haute performance. Grâce à l’ajout d’un polymère conducteur d’électricité qui enrobe les nanoparticules contenues dans les batteries au lithium-ion, il a obtenu un matériau qui permet à ces batteries d’emmagasiner et de retirer plus rapidement les énergies renouvelables telles que les énergies éolienne, solaire et hydraulique. Autrement dit, l’énergie stockée dans les batteries est non seulement verte, mais le temps de charge de celles-ci est aussi minimisé. Les avantages de cette recherche de pointe pour le Canada, et particulièrement pour le Québec, sont énormes. La technologie développée est à la fois bénéfique pour le marché émergent des véhicules hybrides et électriques, et permet aussi d’utiliser les ressources hydroélectriques dont regorge le Québec, afin de réduire l’empreinte environnementale et de résoudre le problème de l’intermittence de l’énergie.

 

 

 

Un supercondensateur intégrant un convertisseur de puissance

 

Les professeurs Frédéric Sirois et Georges-Émile April du Laboratoire en énergie électrique (LEE) de Polytechnique Montréal ont développé un dispositif de stockage d’énergie à base de supercondensateurs, qui intègre en même temps la fonctionnalité de convertisseur de puissance. Ce dispositif peut donc être directement raccordé au réseau électrique, un peu comme si l’on branchait une pile dans une prise électrique ordinaire. Il est muni d’interrupteurs contrôlés par un microcontrôleur capable d’effectuer tout type de conversion d’énergie (AC-DC, DC-AC, AC-AC, etc.). Ce système modulaire intégré a été mis au point de façon à maximiser en tout temps l’énergie stockée par les supercondensateurs et à résoudre le problème d’interférence électromagnétique causé par les convertisseurs classiques. En outre, en cas de défaillance de l’une de ses composantes, il peut continuer à opérer sans interruption de service, ce qui n’est pas le cas avec un système de stockage classique à base de supercondensateurs ou de batteries. Le dispositif pourrait être embarqué sur le véhicule ou être installé dans des stations de recharge, près des voies ferrées, etc. Le design en cours de conception est optimisé pour des applications en transport dans lesquelles il y a une consommation substantielle d’énergie (comme les trains, les métros, les autobus et les camions). À titre d’exemple, il pourrait servir comme réservoir d’énergie pour des bornes de recharge à forte puissance pour les autobus électriques. L’invention permet également de lisser la production d’énergies renouvelables (éoliennes et solaires) qui est souvent irrégulière.

 

 

 

Un supercondensateur à base de carbone activé

 

La recherche en cours entreprise par le professeur Daniel Bélanger, au sein de NanoQAM, vise à développer des supercondensateurs électrochimiques qui soient principalement moins coûteux, stables, c’est-à-dire fonctionnant le plus longtemps possible, et performants. L’une des principales tâches de cette recherche consiste à améliorer significativement la capacité de stockage de l’énergie dans les nouveaux supercondensateurs électrochimiques. Le chercheur utilise plusieurs types de matériaux, dont des électrodes, comme du carbone activé, et des électrolytes. Ces électrodes, auxquelles sont ajoutés d’autres matériaux organiques et inorganiques, permettraient d’augmenter la quantité d’énergie que ces dispositifs peuvent stocker. La technologie mise au point pourrait être utilisée dans plusieurs moyens de transport (automobile, autobus, camions, tramway, avions, etc.). Selon le chercheur, ces supercondensateurs électrochimiques peuvent être utilisés conjointement avec les batteries. En outre, l’énergie perdue lors du freinage d’un véhicule peut être récupérée pour recharger les batteries.

 

 

 

Le mini-réseau électrique et intelligent de l’ÉTS, un projet novateur pour Montréal

 

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PME INNOVANTES, ACCÉLÉRATRICES DES VÉHICULES ÉLECTRIQUES

 

 

Le succès et la portée de l’électrification des transports reposent également sur le savoir-faire des PME innovantes. Or, Montréal dispose d’entreprises à fort potentiel dans ce domaine.

 

 

Renewz | Des abris solaires innovants pour la recharge électrique

 

Dans l’optique de s’aligner avec les initiatives en matière d’électrification des transports et d’utilisation des énergies renouvelables, Renewz développe des abris qui permettent de générer, de stocker et d’utiliser de l’énergie par le biais de panneaux photovoltaïques. Baptisés iSun, ces abris solaires innovants permettent de recharger les véhicules électriques grâce à l’énergie stockée dans une batterie stationnaire ou par un panneau électrique, lesquels sont connectés à une borne de recharge. On parle alors d’une recharge « hors-réseau », dans le cas de la batterie, ou « sur-réseau », dans le cas du panneau électrique. Technologie parfaitement adaptée aux standards de chaque région, ces abris solaires modulaires peuvent être personnalisés et installés sur des sites commerciaux, éducatifs, industriels et même gouvernementaux. La plateforme iSun a été lancée en Israël dans le cadre de la mission commerciale du maire de Montréal. Renewz collabore avec des fabricants de technologies solaires et des véhicules électriques, notamment l’Institut du véhicule innovant, le Centre de développement et de production de Giulio Barbieri en Italie, ainsi que la société d’énergie solaire israélienne Inbar Solar Energy.

 

 

EcoTuned Automobile | Un système de motopropulseur électrique unique au monde

 

EcoTuned Automobile a développé le premier système de motopropulseur électrique réutilisable au monde. Cette technologie est conçue pour convertir des camionnettes propulsées à l’énergie fossile en véhicules électriques. En mettant à profit la durée de vie d’un million de kilomètres du moteur électrique et en tirant avantage de la similarité entre les camionnettes, le système peut s’installer et être réutilisé facilement dans 85 % des camionnettes, et ce, avec les outils standards utilisés par la plupart des ateliers automobiles en Amérique du Nord. Cette solution unique au monde contribue à la création rapide des véhicules électriques et permet de concilier rentabilité économique, innovation et développement durable. En effet, les clients peuvent bénéficier d’importantes économies, notamment une réduction des coûts de fonctionnement (80 %) et d’entretien (50 %), tout en réduisant les émissions de gaz à effets de serre (GES). Cette technologie en instance de brevet sera commercialisée à compter de 2017.

 

 

Effenco | Un système « Stop-Start Active » (mise en veille) alimenté par des supercondensateurs

 

Effenco développe des solutions d’électrification partielle des camions lourds afin d’éliminer la consommation de carburant reliée à la marche au ralenti. Cette entreprise montréalaise a notamment mis au point la technologie « Stop-Start Active ». Lorsque le véhicule est en arrêt, cette technologie permet d’interrompre automatiquement l’injection du carburant, et donc le moteur, tout en permettant aux autres accessoires (comme la climatisation et l’équipement hydraulique) d’être fonctionnels. Cela est possible grâce à l’utilisation d’un démarreur-générateur hybride et d’un « PTO » (prise de force) électrique, lesquels sont alimentés par des supercondensateurs. La technologie mise au point par Effenco a permis d’atteindre plusieurs résultats concrets, notamment une réduction de 30 % de la consommation de carburant, une baisse de 50 % des heures durant lesquelles le moteur est en marche, ainsi qu’un rendement sur investissement positif. Cette solution novatrice est utilisée par plusieurs clients dans le monde, entre autres à Montréal (Derichebourg), au Canada (Port de Vancouver) et aux États-Unis (Ville de New York, Port de New York).

 

 

SG2B Electric | Planification et gestion du réseau électrique

 

Orientée vers le futur, notamment avec l’arrivée massive des véhicules électriques, l’entreprise montréalaise SG2B Electric a développé un logiciel de planification intégrée des réseaux électriques intelligents. Son expertise en simulation de ces derniers permet notamment de déterminer le meilleur emplacement possible pour l’installation des bornes de recharge, qu’elles soient sur des sites commerciaux, résidentiels, industriels ou dans des édifices gouvernementaux. SG2B est en mesure de valider l’impact potentiel d’un parc de véhicules électriques sur le réseau de distribution et sur le parc de production d’électricité afin de mieux planifier leur gestion. L’application permet de concevoir des méthodes de recharge ou des technologies de stockage d’énergie pour résoudre des problèmes de déficits de puissance, mais également des méthodes de recharge pouvant suivre la demande variable de l’énergie solaire ou éolienne. Cette solution vise ainsi à augmenter la capacité d’intégration des véhicules électriques sur les réseaux électriques avec forte pénétration d’énergie renouvelable.

 

 

Mogile Technologies | Localisation des bornes de recharge

 

Mogile Technologies est connue pour sa plateforme Web et mobile ChargeHub. Il s’agit d’une plateforme technologique qui répond à plusieurs besoins du domaine du véhicule électrique. D’une part, l’application permet aux électromobilistes du Canada et des États-Unis de trouver toutes les bornes de recharge publiques afin de planifier leur trajet. Le statut des bornes est également indiqué en temps réel. Cette entreprise montréalaise offre à ses clients américains la possibilité d’activer et de payer pour la recharge à partir de cette application. De plus, cette plateforme intègre des outils destinés aux concessionnaires automobiles leur permettant de commander des bornes de recharge résidentielle pour leurs clients et de recommander des électriciens pour leur installation. Ce service est offert partout au Canada et aux États-Unis, et compte à ce jour plus de 125 000 utilisateurs.

 


 

La filière émergente des véhicules électriques suscite un engouement partout dans le monde. En effet, elle constitue une opportunité saisie par différents acteurs, publics et privés, pour lutter contre les GES. Une attention est donc portée aux développements technologiques permettant le déploiement de ce type de véhicules.

Montréal est particulièrement bien positionnée en matière d’innovations dans ce domaine. Les avancées technologiques qui progressent sur son territoire couvrent plusieurs des domaines pertinents des véhicules électriques. Celles-ci vont du développement des batteries et des supercondensateurs à haute performance à l’intégration des énergies renouvelables au réseau électrique. En plus de l’offre technologique qui croît rapidement, Montréal attire de grands événements internationaux tels que l’EVS29, qui accueillent des chefs de file mondiaux.

Pour finir, rappelons que le développement d’une filière de l’électrification des transports est une priorité pour la Ville de Montréal. Elle s’est dotée d’une Stratégie d’électrification des transports 2016-2020, qui permettra un déploiement de bornes de recharge électriques à Montréal