Gift |
Témoignage
Ma paire de souliers
Je m’appelle Gift. J’ai 14 ans et je viens des Philippines. Aujourd’hui, je vais vous présenter ces espadrilles en cuir et caoutchouc. Ils sont assez visibles car ils sont multicolores avec des nuances de marron, de noir et de rouge. Ces chaussures appartiennent à quelqu’un qui compte pour moi et qui a eu une grande influence dans ma vie. Cette personne est ma mère. Ses chaussures sont difficiles à remplacer en raison de toutes les luttes qu’elle a surmontées, des chagrins qu’elle a endurés, des échecs qu’elle a surmontés.
Je ne peux pas imaginer les épreuves qu’elle a traversées. Je n’arrive même pas à imaginer comment elle pouvait avoir un caractère heureux et joyeux malgré son enfance difficile. Je me souviens de ces moments où elle était furieuse contre nous parce que nous ne prenions pas tous nos repas, étions négligentes avec nos affaires et mécontentes pour tout et pour un rien. C’est à ce moment-là que j’ai appris les difficultés qu’elle a traversées en grandissant. Je me sentais tellement mal pour elle parce qu’elle n’avait qu’un seul uniforme qu’elle devait laver tous les jours, une paire de chaussures qu’elle portait de la première à la quatrième année du lycée, qu’elle devait manger le même repas une fois par jour, qu’elle allait à l’école à pied et qu’elle devait rentrer tard à la maison parce qu’elle devait étudier à la bibliothèque car elle n’avait pas de livres chez elle. Entendre tout cela nous a rendus, en particulier moi, coupables, car nous vivons dans une vie plus privilégiée et plus abondante.
Comme elle avait si peu de biens quand elle était plus jeune, peu après avoir travaillé, elle a commencé à collectionner des sacs et des chaussures. Malgré les nombreuses chaussures qu’elle possède aujourd’hui, j’ai remarqué qu’elle utilise la plupart du temps les mêmes chaussures. Je suppose qu’elle s’est peut-être habituée à n’avoir qu’une seule paire de chaussures au lycée. Il suffit d’utiliser les mêmes chaussures toutes usées avec un trou dans la semelle. Avant, elle versait généralement une larme en racontant son expérience, mais maintenant elle nous raconte cette histoire comme une cicatrice de bataille dont nous pouvons tirer des leçons.
Puis, une autre misère est arrivée, le décès prématuré de mon père. J’ai remarqué que, même si elle était encore en deuil, elle a trouvé le courage de poursuivre son rêve de vivre ici, au Canada, malgré les incertitudes. Si j’étais à sa place, je ne survivrais pas ou je pourrais devenir folle. Surtout, avoir un enfant comme moi dont le spectre n’est pas une blague, cela m’a fait admirer encore plus ma mère pour ses batailles à me trouver les ressources et les conditions pour m’aider à surmonter mes handicaps, à gagner en pouvoir et en contrôle sur mon diagnostic.
Les chaussures de ma mère sont pour moi plus que de simples objets, mais un symbole de force, d’endurance, d’amour pour sa famille et de détermination. C’est aussi un rappel d’où on vient.