Destination patrimoniale : Sainte-Geneviève

La destination patrimoniale de Sainte-Geneviève est située dans le nord-ouest de l’île de Montréal, face à l’île Bizard. Concentré au pied du pont Jacques-Bizard, le noyau villageois longe le boulevard Gouin, le chemin ancien en bordure de la rivière des Prairies.

Remarquablement bien préservé, le noyau villageois de Sainte-Geneviève est au centre d’un secteur demeuré rural jusqu’à la seconde moitié du 20e siècle. Ses rues étroites qui vont jusqu’à la berge sont bordées de maisons de bois, créant une trame villageoise exceptionnelle. Au cœur du village, l’église, le presbytère, le cimetière, le chemin de croix, le monument du Sacré-Cœur, le couvent et l’ancien monastère de Sainte-Croix composent un imposant ensemble institutionnel de grande qualité architecturale. Le tracé sinueux du boulevard Gouin, lequel forme l’axe principal du village, rappelle son origine de chemin de côte ouvert au 18e siècle.

Un hameau à l’entrée de la rivière des Prairies

Village de Sainte-Geneviève, 1907 Agrandir Village de Sainte-Geneviève, 1907
Source : Alphonse Rodrigue Pinsoneault, Atlas of the Island and City of Montreal and Ile Bizard, planche 44, (détail), BAnQ G1144 M65G475 P5 1907 CAR

Les sulpiciens, seigneurs de l’île de Montréal, commencent à concéder des terres à la fin du 17e siècle, d’abord dans l’est de l’île, puis dans l’ouest, afin d’amorcer sa colonisation. Dès 1731, une première route est tracée en bordure de la rivière des Prairies. Nommée chemin de la côte Sainte-Geneviève, elle sera rebaptisée boulevard Gouin en 1910. Les premiers colons s’établissent sur la côte Sainte-Geneviève vers 1735. Ils défrichent leur terre et y construisent une maison de ferme et des dépendances. Jusqu’à l’érection d’une chapelle, en 1751, les résidants de la côte Sainte-Geneviève relèvent de la paroisse de Pointe-Claire. Ils se rendent à l’église ou au moulin banal en empruntant la montée Saint-Charles.

Au milieu du 19e siècle, un petit noyau villageois naît à proximité de la chapelle de Sainte-Geneviève, face à l’île Bizard. Les parties des terres agricoles aux abords de la rivière des Prairies sont progressivement subdivisées en petits lots. Des rues transversales au chemin de la côte Sainte-Geneviève sont aménagées jusqu’à la berge et des maisons villageoises y sont bâties. Le village s’agrandit peu à peu, sous l’impulsion du commerce du bois et de la présence des cageux. En 1825, Sainte-Geneviève compte 26 maisons et vers 1900, on en dénombre plus d’une centaine. Un moulin à farine est construit à l’angle des rues Saint-Joseph et du Moulin. Démoli avant les années 1870, il est évoqué par le toponyme de la rue.

Église de Sainte-Geneviève, s.d. Agrandir Église de Sainte-Geneviève, s.d.
Source : Collection de cartes postales, BAnQ 0002631184

Un important noyau institutionnel se constitue autour de la chapelle de Sainte-Geneviève, érigée en 1751. Elle est remplacée par l’église actuelle (1845) selon les plans de l’architecte François Baillargé. Deux communautés religieuses s’implantent dans le village de Sainte-Geneviève au 19e siècle. Les sœurs de Sainte-Anne inaugurent leur couvent en 1851. Rapidement devenu trop petit, il cède la place à un bâtiment plus grand vingt ans plus tard. À la suite d’un incendie, il est encore rebâti en 1905. À l’est de l’église, la congrégation de Sainte-Croix fait construire le collège Saint-Joseph en 1881, auquel se substitue un nouveau monastère au début des années 1930. Occupé par les pères de Sainte-Croix jusqu’en 1968, il devient le cégep Gérald-Godin en 1998.

L’attrait des berges

Durant la seconde moitié du 19e siècle, de grandes résidences bourgeoises prennent place sur le chemin principal, côtoyant les maisons villageoises et les quelques maisons de ferme. Entre autres, le docteur John Lewis Forbes se dote en 1845 d’une imposante maison en pierre tout juste à l’ouest du noyau paroissial.

La plage Noël à Sainte-Geneviève-de-Pierrefonds, s.d. Agrandir La plage Noël à Sainte-Geneviève-de-Pierrefonds, s.d.
Source : BAnQ, P547, S1, SS1, SSS1, D636, P1R

Au tournant du 20e siècle, le village de Sainte-Geneviève est en pleine croissance. À cette époque, les villages situés sur le pourtour de l’île de Montréal, loin de la ville, deviennent de plus en plus fréquentés en été par les villégiateurs, notamment grâce à l’apparition de l’automobile. Le cadre champêtre de Sainte-Geneviève attire les vacanciers qui viennent profiter des plages Riviera et Laframboise ou qui y louent, pour l’été, un chalet en bordure des berges. Cette affluence double presque la population du village en période estivale.

En raison de son éloignement de la ville de Montréal et des réseaux de voies ferrées, le village de Sainte-Geneviève conserve longtemps son aspect rural. Au début des années 1950, l’urbanisation gagne le secteur et il est constitué en ville en 1959. Des bungalows apparaissent en périphérie de l’ancien noyau villageois, qui demeure aujourd’hui remarquablement bien préservé.

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Pour en savoir plus

Ouvrages généraux et monographies

LELIÈVRE, Francine, dir. Montréal, par ponts et traverses. Montréal, Pointe-à-Callière, Musée d’archéologie et d’histoire de Montréal, Éditions Nota bene, 1999, 94 p.

LINTEAU, Paul-André. Histoire de Montréal depuis la Confédération. Montréal, Boréal, 1992, 613 p.

ROBERT, Jean-Claude. Atlas historique de Montréal. Montréal, Art Global/Libre Expression, 1994, 167 p.

Documents électroniques et sites Web

SOCIÉTÉ DU PATRIMOINE DE L’OUEST DE L’ÎLE. Le Circuit patrimonial de l’Ouest-de-l’île [En ligne].

SOCIÉTÉ PATRIMOINE ET HISTOIRE DE L'ÎLE BIZARD ET SAINTE-GENEVIÈVE. Un peu d’histoire [En ligne].

VILLE DE MONTRÉAL, SERVICE DE LA MISE EN VALEUR DU TERRITOIRE ET DU PATRIMOINE. Grand répertoire du patrimoine bâti de Montréal [En ligne].

VILLE DE MONTRÉAL, SERVICE DE LA MISE EN VALEUR DU TERRITOIRE ET DU PATRIMOINE. Évaluation du patrimoine urbain. Arrondissement de l’Île-Bizard—Sainte-Geneviève—Sainte-Anne-de-Bellevue. Montréal, Ville de Montréal, 2005, 55 p. [En ligne].