David |

Sandales noirs et brunes

Témoignage

Des sandales qui me rappellent certains épisodes difficiles de ma vie  

Le 24 février 2022, nous avons été réveillés par un appel téléphonique dans la matinée. L’ami de mon père a appelé et il nous a dit que la guerre avait commencé. « Regardez les informations, ce qui se passe est épouvantable ! », nous dit-il, affolé. Nous vivions dans la peur, les roquettes volaient constamment, les gens mouraient. Ma mère a décidé qu’elle et moi devions partir pour des raisons de sécurité. Nous nous sommes rapidement préparés et n’avons pris que ce dont nous avions besoin. À ce moment, ma mère avait décidé de mettre nos pantoufles d’intérieur, que l’on pourrait aussi appeler des sandales, dans un sac… 

À ce moment, nous ne savions pas où nous irions et où nous nous retrouverions dans les prochaines heures, dans les prochains jours. Peur. Inquiétude. Imprévisibilité. Ma mère et moi avons alors traversé la frontière de la Pologne. Nous avons vécu deux jours à Wroclaw, avec d’autres membres de la famille, puis passé cinq jours à Varsovie, dans une auberge. Nos sandales, alors, nous rappelaient le confort de notre maison natale. Puis on nous a proposé de partir en France, via la chaîne Telegram, et des membres de la famille nous ont accueillis pour la première fois. Nous y avons vécu un mois. Après, l’État nous a hébergés dans une maison de retraite, où nous avons vécu encore cinq mois avant de venir au Canada. Et, encore une fois, les sandales nous rappelaient notre maison natale, qui nous manquait alors énormément. 

Quand nous sommes partis au Canada, ma mère a offert mes pantoufles d’intérieur à un garçon ukrainien, elles étaient déjà trop petites pour moi, mais restaient en bon état. Finalement, la paire de sandales nous a suivis jusqu’ici, à Montréal. Le temps a passé et elles se sont usées, mais ma mère les conserve, elle dit qu’elles ont une histoire. En plus, elles nous rappellent toujours notre maison natale. 

Merci d’avoir écouté ma présentation.