19 août 1950
Père Morin.
Le père Dollard Morin, jésuite, devient en 1951 l’aumônier des pompiers de Montréal. Il joua un rôle important auprès de ceux-ci jusqu’en 1990.
Collection Jean-François Courtemanche

En 1950, les pompiers de Montréal accueillirent un nouvel aumônier, le père Paul-Dollard Morin. L’alchimie qui se développa entre cet homme hors du commun et les pompiers semble avoir été rien de moins qu’extraordinaire. Le père Morin incarnait cette force morale qui réconfortait les pompiers dans les moments les plus critiques. L’homme d’église fut surtout un homme de terrain. Il ne faisait pas que prier pour les pompiers, il était là, avec eux. Il les accompagnait au milieu des décombres pour donner les derniers sacrements aux victimes. C’est lui qui annonçait la mauvaise nouvelle aux parents alarmés qui accouraient sur les lieux d’incendie dans l’espoir que le pire n’était pas arrivé. Si le père Morin était là, aux côtés « des gars » dans les instants tragiques, il l’était aussi pour partager leurs beaux moments. Il les mariait et baptisait leurs enfants, célébrait fiançailles et anniversaires. Il fut même le conseiller matrimonial de plusieurs d’entre eux.

La rencontre du père Morin et des pompiers eut lieu par hasard. « En 1948, alors que je faisais un peu de ministère, j'ai rencontré un pompier. Il était un peu mal pris. On a jasé, je l’ai dépris et je lui ai rendu service selon lui. J’étais bien heureux comme prêtre de le faire. Lui, il était bien content, il m’a emmené un de ses "chums" et puis un autre. Un moment donné, ils m’ont invité à aller les voir dans leur poste. Je me souviens, c’était au poste 20 sur la rue Craig dans le temps. Puis, là, les pompiers ont commencé à dire qu’ils n'avaient pas d’aumônier, qu’il y en avait déjà eu un et que ce serait une bonne chose s’il y en avait un autre. »

Après quelques démarches infructueuses auprès des autorités municipales, il a rencontré le directeur Raymond Paré. « Je lui ai dit que j’étais professeur de collège et que je gagnais déjà ma vie et que je m’offrirais à titre gracieux pour aider les pompiers. Alors, le 19 août 1950, il a écrit une lettre disant que je devenais officiellement l’aumônier de l’Association de bienfaisance des pompiers de Montréal à titre honorifique et de bien vouloir me considérer avec tout le respect qui convenait et il demandait surtout aux officiers de bien prendre soin de moi lors de mes visites dans les postes. »

Le père Morin connaîtra sa première tragédie lors de l’incendie de l’hospice Sainte-Cunégonde. « Là, je me suis rapporté à Paré. Il m’a fait donner un imperméable. Ce fut ma première grosse expérience, il y a eu 35 morts. »

Entre les incendies, le père Morin faisait la tournée des postes, sans oublier personne. « J’ai commencé à dire la messe à la caserne 5 en 1963, pour le centenaire. »

Infatigable, le père Morin demeura aumônier des pompiers pendant 40 ans. « Quand les gars me disaient: " Quand est-ce que vous prenez votre pension? ", j’avais toujours envie de leur dire : Je vous aime trop pour ça. » Seule la maladie l’empêcha de continuer son travail. Et même là, jusque dans ses derniers jours, il gardait dans sa chambre un poste émetteur-récepteur allumé 24 heures par jour, fréquence pompiers.