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Les bâtiments patrimoniaux : un trésor inestimable pour le Martinet ramoneur

Photo de Martinet ramoneur en vol. Crédit photo : Mike VeltriAgrandir l'image

Exceptionnellement, la capsule suivante n'a pas été réalisée par le Conseil du patrimoine de Montréal. Il s'agit d'un texte proposé par le Regroupement QuébecOiseaux, organisme sans but lucratif voué au développement du loisir ornithologique, à la promotion de l’étude des oiseaux et à la protection des oiseaux et de leurs habitats. Celui-ci nous a récemment fait part d’une problématique particulière, qui touche les deux sphères d’intérêt du CPM : les patrimoines culturel et naturel. En effet, le « Martinet ramoneur » dont il est ici question est une espèce menacée qui a une prédilection pour les cheminées de bâtiments anciens. Un cas qui rappelle que protection du patrimoine culturel et conservation de la nature vont souvent de pair.

Le Martinet ramoneur est un petit oiseau noirâtre ressemblant à une hirondelle. Il se distingue de cette dernière par sa courte queue et ses ailes arquées en forme de boomerang. Mâles, femelles et juvéniles sont très semblables. Possédant un vol saccadé caractéristique, le martinet passe la majeure partie de son temps dans les airs, pourchassant les petits insectes dont il se nourrit. Durant l’été, on peut facilement l'observer, aussi bien en ville qu’à la campagne, et on le remarque souvent grâce à son cliquetis distinctif. Contrairement à ses comparses volants, il ne se perche jamais sur des branches, ses petites pattes courtes lui permettant uniquement de s’agripper à des surfaces verticales.

Une population en déclin
Depuis 1968, la population canadienne de ce volatile a subi un déclin vertigineux de 95 %, ce qui lui a valu le statut d’espèce menacée selon la Loi sur les espèces en péril. Au Québec, il ne resterait qu’environ 1 250 couples de martinets. Comme d’autres espèces d’insectivores aériens, le martinet est fortement affecté par les insecticides : leur utilisation nuit à la diversité et à la quantité des insectes, principale source de nourriture de l'espèce. D'autre part, le martinet semble particulièrement sensible aux événements météorologiques extrêmes, comme les ouragans, qui lui sont parfois fatals lors des migrations. Cela dit, la perte d’habitats demeure probablement l’une des causes majeures de la baisse des effectifs.

Avant l’arrivée des Européens, le Martinet ramoneur nichait à l’intérieur de gros arbres creux, des sites naturels qui se sont raréfiés au fur et à mesure du déboisement. C'est ainsi que le martinet a progressivement adopté les cheminées en maçonnerie pour se reposer ou pour construire son nid, d’où son nom de « ramoneur ».

Photos des cheminées : Regroupement QuébecOiseauxAgrandir l'image

Malheureusement, les cheminées de maçonnerie propices au martinet sont souvent détruites ou rénovées d'une manière qui lui porte préjudice. En effet, l'installation de chapeaux, de grillages ou de pare-étincelles entrave son accès aux cheminées. Quant aux gaines métalliques posées à l’intérieur des cheminées, elles empêchent l’oiseau de s’agripper aux parois.

 

 

Photos des cheminées : Regroupement QuébecOiseauxAgrandir l'image

Les cheminées idéales
Les cheminées convenant au Martinet ramoneur ont, pour la plupart, été construites avant 1960. De diamètre important, elles sont faites de matériaux rugueux (brique, ciment, tuile, pierre) protégeant l'oiseau du froid. Les bâtiments patrimoniaux pourvus de telles cheminées constituent des sites de choix. D'ailleurs, au Québec, les cheminées des bâtiments religieux représentent 57 % des sites connus de nidification et de dortoir.

 

Photo des Martinets ramoneurs entrant dans la cheminée. Crédit photo : Curt YoungAgrandir l'image

Le martinet colle son minuscule nid directement sur la paroi interne de la cheminée à l’aide de sa salive. Il est important de souligner que la nidification du martinet dans une cheminée ne présente aucun risque d’incendie ou de dommage à la structure, ni aucun danger pour la santé humaine.

Que peut-on faire pour l’aider?

  • Conserver la cheminée, même si elle n’est plus utilisée, afin qu’elle demeure disponible pour le Martinet ramoneur.
  • Si l'on doit effectuer des rénovations sur une cheminée, contacter le Regroupement QuébecOiseaux pour obtenir des conseils permettant d’assurer des travaux compatibles avec l’écologie du martinet.
  • Ramoner la cheminée en dehors de la période de nidification, qui s’échelonne du 1er mai au 1er septembre. Le reste de l'année, le martinet n’est pas présent au Québec. On peut donc utiliser sa cheminée sans crainte.
  • Maintenir la cheminée accessible en évitant d'installer chapeaux ou grillages.
  • Si la pose d’une gaine intérieure est nécessaire, envisager l’installation d’une gaine non métallique (en argile).
  • Si la cheminée est déjà munie d’une gaine métallique, placer une grille sur l’entrée du haut afin d’éviter que les oiseaux n'entrent et ne restent piégés.
  • Conserver les gros arbres creux (diamètre de plus de 50 cm) présents sur la propriété.
  • Éviter l'utilisation d’insecticides.

Nous vous invitons aussi à consulter le dépliant « Connaître et protéger le Martinet ramoneur, cet oiseau dans votre cheminée »

Photo de Martinet ramoneur dans la cheminée. Crédit photo : Bruce Di LabioAgrandir l'image

Pour en savoir davantage sur le Martinet ramoneur, ou pour signaler sa présence dans une cheminée, contacter le Regroupement QuébecOiseaux :

Téléphone : 1-888-OISEAUX (647-3289)
Courriel : info@quebecoiseaux.org
Site Web : www.quebecoiseaux.org

Le Regroupement QuébecOiseaux souhaite remercier les bailleurs de fonds suivants : Programme d'intendance des habitats d'Environnement Canada et programme Découvrir les habitats fauniques de la Fondation de la faune du Québec.