Du boulevard Industriel au pont Pie-IX

Ce segment du boulevard Pie-IX est construit à partir de 1915 et traverse le territoire de l’ancienne Ville de Montréal-Nord (1915-2002), fusionnée à Montréal. Auparavant, un chemin de terre occupait le même emplacement. Comme à Saint-Michel, la construction du boulevard oblige la municipalité à s’endetter, ce qui entraine sa mise en tutelle par Québec de 1921 à 1958.

L’occupation du territoire se fait tardivement, surtout après la Deuxième Guerre mondiale. À bien des égards, cette portion du boulevard Pie-IX ressemble à celle de l’ancienne Ville de Saint-Michel.

L’automobile y occupe une grande place, avec de nombreux garages, concessionnaires et postes d’essence. L’usine de Bristol Aero Engines, qui y fabrique des moteurs d’avions de marque Rolls Royce, est présente près du boulevard Industriel de 1953 jusqu’au début des années 1980; c’est alors l’un des principaux employeurs de la ville. L’activité commerciale est également représentée, notamment avec le centre Forest, inauguré en 1957. Par la suite, d’autres sites commerciaux et des restaurants, souvent caractérisés par la présence de vastes espaces de stationnement, sont développés le long de la voie, remplaçant parfois les anciens usages industriels. Deux écoles bordent la rue; l’école secondaire Pie-IX, ouverte en 1960 pour les anglo-catholiques, et l’école Saint-Vital. La présence de résidences est faible, la majorité se situant entre les rues de Castille et d’Amos, et les maisons ont trois étages.

Comme sur les autres segments de la voie, cette portion du boulevard est desservie par les lignes d’autobus 139, 505 et 355.

Finalement, le boulevard débouche sur le pont Le Caron, devenu Pie-IX (1937), qui relie Montréal et Laval. Le gouvernement du Québec le fait construire à partir de 1936 dans le but de faciliter les déplacements entre Montréal et l’île Jésus. Avant cette date, un traversier fait le service entre les deux îles.

Le boulevard Pie-IX est une des grandes artères de circulation de Montréal et relie les deux rives de l’île. Grâce au pont qui le prolonge au nord, il forme l’une des voies d’accès à l’île Jésus.

Son histoire se distingue de celle des autres grandes voies de la ville parce que sa conception est issue d’un plan d’urbanisme élaboré à Maisonneuve, au début du XXe siècle, par une bourgeoisie visionnaire. S’inscrivant dans les idées d’embellissement urbain alors à la mode, ses promoteurs voulaient aménager un boulevard majestueux doté d’un terre-plein central et bordé d’arbres. Dans un geste tout à fait inusité, le gouvernement du Québec leur a même accordé le pouvoir de réaliser ce projet à l’extérieur des limites municipales.

Ce projet grandiose a certes connu des ratés. La Première Guerre mondiale en a retardé la réalisation. Les coûts de construction ont alourdi l’endettement municipal. L’unité de la conception s’est érodée, car au fil du temps, les municipalités traversées ont établi leurs propres règles de zonage. La circulation automobile, encore faible dans la phase initiale, est devenue tellement lourde qu’elle a entraîné la disparition du terre-plein gazonné. Le boulevard Pie-IX reste néanmoins un important témoin du développement urbain montréalais.

Son portrait et ses fonctions changent selon les arrondissements. La portion qui traverse Mercier−Hochelaga-Maisonneuve est la première réalisée. On y trouve des maisons bourgeoises, dont celle des frères Dufresne, des usines, des institutions scolaires et de santé. Dans l’arrondissement Rosemont−La Petite-Patrie, le boulevard Pie-IX est bordé, d’un côté, de résidences unifamiliales et d’appartements cossus et, de l’autre, des grands espaces verts de l’ancien parc Maisonneuve, transformé par la présence du Jardin botanique. Une rupture apparaît à partir de l’ancienne Ville de Saint-Michel et se remarque également à Montréal-Nord. Les bâtiments sont plus récents, en majorité construits après 1950. La place accordée aux services automobiles et aux magasins est prédominante, au détriment des résidences.