La rue De Montigny (devenue boulevard De Maisonneuve) au coin de la rue Saint-Denis - 4 avril 1963
Le boulevard De Maisonneuve et ses intersections

De l’avenue Greene à la rue Saint-Urbain

Cette portion de la voie est formée à partir de plusieurs rues. D’ouest en est, l’avenue Western et les rues Saint-Luc, Burnside et Ontario Ouest sont unifiées en 1966 pour former ce segment du boulevard De Maisonneuve. Ces voies connaissent une histoire distincte jusqu’à l’élargissement et au prolongement du boulevard dans les années 1950.

L’avenue Western

Entre l’avenue Greene et les limites de la Ville de Westmount, le développement de l’avenue Western est particulier. Avant même l’ouverture de la voie, des équipes sportives occupent un terrain du domaine des sulpiciens, à l’angle de l’avenue Atwater. Un club de crosse s’y installe dès 1878 et y demeure 20 ans. Le club National prend ensuite possession du terrain de 1898 à 1922.

L’avenue Western est ouverte et lotie dans les années 1880 et, dès 1910, presque tous les terrains y sont occupés à des fins résidentielles. On y retrouve d’abord des maisons unifamiliales en rangée, puis dans les années 1910 s’ajoutent des immeubles d’appartements. À l’angle de l’avenue Elm, sont érigés le Shirley et le Blenheim en 1910, puis le Denbigh, l’année suivante. Les deux premiers disparaissent dans les années 1960, dans la vague de renouveau urbain qui entraîne plusieurs démolitions. Du côté sud de la voie sont alors érigés deux grands complexes, le Westmount Square (1969) et la Place Alexis-Nihon (1967). D’autres tours accueillant des bureaux et des habitations sont par la suite érigées dans ce secteur, notamment le 1, avenue Wood (1992).

Le temple érigé en 1892 à l’angle de l’avenue Wood héberge d’abord l’Église adventiste de Westmount, puis d’autres confessions. Au moment où la voie est en plein développement, les Sœurs de la Congrégation de Notre-Dame y installent leur Maison mère (1908) dans le quadrilatère formé de la rue Sherbrooke, des avenues Atwater, Western et Wood. Le Collège Dawson occupe le bâtiment à partir de 1988.

La rue Saint-Luc

La rue est ouverte en 1871 sur le domaine des Sulpiciens, entre les rues Saint-Marc et Guy. À la fin de cette décennie, elle est prolongée à l’ouest jusqu’à l’avenue Atwater. La voie est cédée par le Séminaire de Saint-Sulpice à la Ville en 1880. Au même moment, les terrains sont lotis. Dix ans plus tard, elle est occupée en partie au sud, alors qu’au nord, il y a peu de constructions. Les abords de la voie sont ensuite peu à peu bâtis et quelques lots restent vacants jusque dans les années 1950.

La rue Saint-Luc traverse la partie ouest du quartier Saint-Antoine, aussi connu sous le nom de Golden Square Mile. La voie y est surtout résidentielle. La maison James Johnson (1889) témoigne des premières habitations. Des années 1910 jusqu’aux années 1930, plusieurs immeubles d’appartements sont construits : Caledonia (1929), Florida (1933), Lorena (1916), Wilfrid (1911), Pontchartrain (1915), Levis (1914), Newport (1911), Sunrise (1928), Davenport (1911), Margate (1915), Gainsford (1924), Allenby (1913), St. Luke (1909), Victoria (1929) et Loretta (1928). Cette génération d’appartements a une courte vie puisque dans les années 1960, Montréal connaît une phase de modernisation accélérée. À ce moment, la ville compte peu de gratte-ciel et l’administration municipale accepte plusieurs projets ayant une faible valeur architecturale. Rue Saint-Luc, un nouveau type de construction succède aux conciergeries. Ainsi, les appartements Caledonia, Lorena, Wilfrid et Gainsford sont remplacés par des tours d’habitation de plus de 15 étages.

Divers établissements religieux s’installent aux abords de la voie. L’école protestante Victoria ouvre ses portes en 1888 entre les rues Saint-Marc et Saint-Mathieu. Le bâtiment est longtemps abandonné. Dans un autre domaine, les étables de la Guaranteed Pure Milk occupent un emplacement de 1932 à 1960. Par ailleurs, plusieurs organismes de charité s’installent dans un bâtiment à l’angle de la rue Saint-Marc. D’abord occupé par le Montreal Convalescent Home de 1922 à 1933, il est repris par la maison pour femmes St. Martha en 1934, par la Federation of Catholic Charities de 1948 au début des années 1970, puis par la Federation of Catholic Community Services (intégrée à Centraide en 1966).

Des installations sportives sont également attirées dans ce secteur. Le Montreal (devenu Royal Montreal) Curling Club s’installe entre les rues Saint-Mathieu et Saint-Marc en 1889. En 1924, l’amphithéâtre du Forum est érigé dans le quadrilatère des rues Saint-Luc, Closse, Sainte-Catherine et de l’avenue Atwater. Conçu pour accueillir l’équipe de hockey professionnelle des Maroons, il est toutefois inauguré par le club Le Canadien. Les deux clubs se partagent la glace jusqu’en 1938. La tenue de nombreux événements contribue également à la vie culturelle de la ville. L’équipe déménage en 1996 dans un nouvel amphithéâtre et le Forum est transformé en centre de divertissement.

La rue Burnside

La rue Burnside apparaît entre la rue Mansfield et l’avenue Union dans la deuxième moitié des années 1840. Au début des années 1870, elle est tracée entre la rue Metcalfe et l’avenue Union et à la fin de cette décennie, elle rejoint la rue Stanley. Une courte section apparaît en 1894 à l’ouest de la rue Guy. Jusque dans les années 1950, où on entreprend de les relier, les deux portions de la rue Burnside sont séparées entre les rues MacKay et Stanley.

Avant son ouverture, James McGill installe sa maison d’été, nommée Burnside, à l’emplacement de l’avenue McGill College qui n’est pas ouverte à cette époque. Construite entre 1797 et 1805, elle est démolie dans la première moitié du XIXe siècle. La voie se retrouve alors au cœur du quartier Saint-Antoine qui attire la bourgeoisie anglophone. Dans ce secteur, la rue Burnside longe des terrains en bout d’ilot de sorte que les façades des immeubles donnent sur les rues transversales. À partir des années 1890, ils sont occupés notamment par plusieurs terrace houses où résident des membres de la moyenne bourgeoisie et des cadres d’entreprises.

Au début du XXe siècle, les immeubles d’appartements, la plupart en bout d’ilot, prennent de plus en plus d’importance. En 1905, les appartements Bishop Court sont érigés angle Bishop. Le bâtiment est classé monument historique en 1976 après qu’il ait été menacé de démolition. Le Drummond Court (1920) d’une hauteur de 10 étages et le Kent (1909; devenu McGill en 1911) témoignent aussi de cette période de construction. D’autres sont démolis dans les années 1960, dont le Palace Court (1926-1962) et le University Court (1924-1964).

Des établissements desservant la population des alentours s’installent aux abords de la voie. Entre les rues Peel et Metcalfe, il y a, en 1878, une école protestante pour garçons ainsi que le bureau des commissaires des écoles protestantes. En 1894, elle devient la Montreal Senior School, mais ferme ses portes en 1908. Le bâtiment est occupé par l’armée durant la Première Guerre mondiale. L’édifice est ensuite démoli pour permettre la construction de l’hôtel Mont-Royal (1922). Entre 1908 et 1928, un hôpital homéopathique existe à l’angle de l’avenue McGill College. Le Synod Hall (1876-1913) est adjacent à la cathédrale Christ Church (1859) de la rue Sainte-Catherine.

Le quadrilatère formé des rues Sherbrooke, Bishop, Sainte-Catherine et Crescent est longtemps utilisé par le club Montreal Lacrosse. Celui-ci se déplace vers l’ouest, en 1889, sous la pression des promoteurs qui désirent lotir les terrains. Rue Mansfield, à l’angle de la rue Burnside, les installations de la Montreal Amateur Athletic Association abritent le Montreal Gymnasium, les clubs Montreal Lacrosse et Montreal Snowshoe. L’Association y a pignon sur rue de 1887 à 1905, puis déménage rue Peel, entre les rues Sherbrooke et Burnside. En 1912, un YMCA est implanté dans la Tour Drummond où il demeure jusqu’à la démolition de l’édifice en 2000. Entre les rues Peel et Stanley, il est possible de jouer au Montreal Caledonia Curling Club de 1889 à 1958.

Au début du XXe siècle, l’activité commerciale apparaît rue Burnside. Dans les années 1920, celle-ci fait de plus en plus office de cour arrière de la rue Sainte-Catherine, notamment avec l’agrandissement de grands magasins qui s’étendent jusque-là. La présence du restaurant Ben’s (sur la voie de 1929 à 2006) dans un bâtiment construit en 1950 témoigne aussi du débordement des activités liées au commerce.

La rue Ontario Ouest

Cette portion de la rue s’étend de l’avenue Union à la rue Saint-Urbain. Nommée rue Berthelet jusqu’en 1912, la voie est ouverte en 1833 par Benjamin Berthelet, entre les rues De Bleury et City Councillors. Deux ans plus tard, elle est prolongée jusqu’à la rue Aylmer. La portion orientale, nommée rue Ontario Ouest, est ouverte en 1864, entre les rues De Bleury et Saint-Urbain. La voie est presque complètement bâtie à la fin des années 1870.

Cette portion de la voie située dans le quartier Saint-Georges est d’abord résidentielle et surtout habitée par des bourgeois anglophones. Dès le début du XXe siècle toutefois, la rue s’industrialise. Elle longe d’ailleurs le quartier de la fourrure, dont le cœur est à l’angle des rues Saint-Alexandre et Mayor. Sur la rue même, le bâtiment de 10 étages du manufacturier de vêtement pour femmes A. Sommer and Co. est construit en 1912, et en 1957, s’ajoute l’édifice Gordon Brown d’une hauteur de 13 étages.

La rue Ontario attire elle aussi quelques institutions. Entre les rues City Councillors et De Bleury, la société de bienfaisance protestante pour les enfants, la Ladies Benevolent Institution, a pignon sur rue entre 1856 et 1921. Adjacent à ce bâtiment, il y a l’école Berthelet qui dispense des cours entre 1888 et 1927. En 1872, l’Académie commerciale catholique de Montréal (devenue Académie du Plateau en 1919) ouvre ses portes dans le quadrilatère des rues Sainte-Catherine, Jeanne-Mance, Ontario et Saint-Urbain. L’école est divisée entre les cours de l’Académie commerciale et ceux de l’École polytechnique. Le bâtiment est démoli à la fin des années 1950, afin de permettre la construction de la Place des Arts.

Le boulevard De Maisonneuve

La constitution du boulevard débute bien avant qu’il porte ce nom. Dans les années 1950, des travaux sont entrepris afin de relier les rues Saint-Luc, Burnside, Ontario et De Montigny. À l’ouest, la portion entre la place et la rue Burnside, située entre les rues Drummond et Guy, est ouverte. Le raccordement de la rue Burnside et de la rue Saint-Luc permet l’aménagement d’une place consacrée en 1976 à Norman Bethune. Entre les rues Drummond et Stanley, la voie est redressée. Puis, les rues Burnside et Ontario sont reliées entre l’avenue Union et la rue University. Ces travaux permettent d’établir un sens unique vers l’ouest, en 1955. Ils pavent aussi la voie à la constitution d’une grande artère traversant le centre-ville : le boulevard De Maisonneuve.

À partir des années 1950, une vague de construction, liée à la constitution du nouveau centre-ville, entraîne d’importantes modifications dans la physionomie de la voie. Plusieurs résidences et institutions sont démolies afin de permettre l’érection de tours abritant des magasins au rez-de-chaussée et des bureaux au-dessus. Le premier du genre à apparaître est la Maison Domtar, près de la rue City Councillors, en 1957. Dans les années 1960, plusieurs projets d’envergure sont réalisés. À l’ouest, le Westmount Square (1969) et la Place Alexis-Nihon (1967) sont des complexes offrant des magasins ainsi que des tours avec espaces de bureaux et appartements de luxe. Outre cette portion à l’ouest, les édifices commerciaux se concentrent à l’est de la rue Peel. Se succèdent, le 1140, boulevard De Maisonneuve Ouest (1969; 14 étages), le Yale (1964; 12 étages), le 1001 Maisonneuve (1986; 15 étages), La Maritime (1990; 18 étages), L’Industrielle-Vie (1986; 23 étages), Place London Life (1975; 20 étages), le 505 De Maisonneuve Ouest (1981; 15 étages) et le 425 De Maisonneuve Ouest (1983; 18 étages).

D’autres tours s’ajoutent à partir des années 1980. La Place Montréal Trust est implantée en 1988 dans le quadrilatère des rues Sainte-Catherine, McGill College, De Maisonneuve et Mansfield. Elle comprend une galerie marchande, orientée vers la rue Sainte-Catherine, ainsi qu’une tour de bureaux, du côté du boulevard. L’année précédente, la tour de la Maison des Coopérants, ensuite occupée par KPMG, est élevée à l’arrière de l’église Christ Church. Elle est reliée à une galerie marchande construite sous l’église. Un édifice de 28 étages, le 900 De Maisonneuve Ouest est érigé à la fin des années 2000 à l’angle de la rue Metcalfe.

Le boulevard De Maisonnneuve conserve également sa fonction résidentielle avec la construction de nombreuses tours d’habitation dans la portion ouest de la voie. La Tour d’Auteuil (1965) est construite à l’angle de la rue Chomedey. Près de la rue du Fort, des immeubles d’appartements sont bâtis à la fin des années 1960, dont le Montfort. À l’est, il y a le Château Latour (1972), haut de 20 étages. Le 2285 Saint-Mathieu (1974), à l’angle du boulevard, compte 19 étages et abrite des magasins au rez-de-chaussée et des habitations au-dessus. Le Chatel (1967), haut de 30 étages, est érigé à l’angle de la rue Guy. Au début du XXIe siècle, le boulevard connaît une autre vague de construction résidentielle. Dans le secteur des affaires, le Point Zero de la Montagne (2003), le Delano (2003), le Roc Fleuri (2005) et les tours Lépine (2005) offrent des appartements de luxe.

Le boulevard De Maisonneuve est parallèle à la rue Sainte-Catherine, dont il forme parfois la cour arrière. Des établissements d’envergure s’y installent tout de même afin de bénéficier de son emplacement dans le centre-ville. Les travaux de construction du métro se font dans le boulevard De Maisonneuve afin de ne pas perturber l’activité commerciale de la rue Sainte-Catherine. À partir de 1966, les stations Atwater, Guy (devenue Guy-Concordia), Peel, McGill et Place-des-Arts desservent la voie.

L’Université Sir George Williams (1926) y déménage en 1966. Elle fusionne en 1974 avec le Collège Loyola pour former l’Université Concordia. Le long du boulevard De Maisonneuve, entre les rues Guy et Crescent, se succèdent les principaux pavillons du campus Sir George Williams, dont J.W. McConnell (1992), Henry F. Hall (1966) et l’école des sciences de la gestion John-Molson installée dans l’édifice Guy Metro (1979) avant de déménager en face.

L’implantation de la Place des Arts dans le quadrilatère formé des rues Sainte-Catherine, Jeanne-Mance, De Maisonneuve et Saint-Urbain témoigne du désir du maire Jean Drapeau d’étendre le centre-ville vers l’est et de créer un espace d’envergure dédié aux arts de la scène. La salle Wilfrid Pelletier est inaugurée en 1963. Les salles Port-Royal (devenu Théâtre Jean-Duceppe) et Maisonneuve le sont en 1967. Le Théâtre du Café de la Place (devenu Studio-théâtre) ouvre ses portes en 1978 et la Cinquième salle en 1992. De nombreux festivals animent l’esplanade de la Place des Arts à partir des années 1980. Cette activité amène la Ville à aménager la Place des festivals, élément central du Quartier des Spectacles, du côté ouest de la rue Jeanne-Mance. En 2009, on amorce la construction du nouvel immeuble destiné à loger l’Orchestre symphonique de Montréal.

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