Du chemin de la Côte-Sainte-Catherine à l’avenue de
l’Hôtel-de-Ville
C’est à partir du chemin de la Côte-Sainte-Catherine que la voie prend le
générique d’avenue. Son développement dans ce secteur est marqué par l’influence
du boulevard Saint-Laurent. Remontant à la fin du XVIIIe siècle, ce
segment, le plus ancien de l’avenue, est intégré au réseau des chemins à
barrières créé en 1840. Pour permettre l’entretien et la
pose du macadam sur le chemin, un droit était perçu aux barrières de péage. Ici,
la barrière était située à l’intersection des avenues de l’Esplanade et du
Mont-Royal. La voie a d’abord été nommée rue des Tanneries en raison de la
présence des Tanneries des Bélairs, aux alentours de la rue Robin (devenue
avenue Henri-Julien). Cette activité n’a pas laissé de trace. Ce sont avant tout
les carrières, plus au nord, qui attirent les ouvriers dans ce secteur au
XIXe siècle. Au XXe siècle, apparaissent un grand nombre
de manufactures de vêtements dont les propriétaires et les ouvriers sont de
confession juive. Cette communauté crée plusieurs institutions, dont la
Bibliothèque publique juive (1949) et le Young Men’s Hebrew Association (1929)
qui donnent sur l’avenue du Mont-Royal. Durant les années 1960, l’industrie du
vêtement se déplace vers le nord et la communauté juive migre vers l’ouest, ce
qui cause un déclin du secteur et une réaffectation de certains bâtiments.
Depuis la fin du XXe siècle, il y a un regain de vitalité lié à la
renaissance du Mile-End et du Plateau-Mont-Royal.
Au XIXe siècle,
l’avenue forme la limite entre Saint-Jean-Baptiste (1861-1886) et
Saint-Louis-du-Mile-End (1878-1909), deux municipalités de banlieue annexées à
la Ville de Montréal. La rue est bordée par des bâtiments construits en rangée,
chacun de deux ou trois étages, dont le rez-de-chaussée est occupé par des
commerces. D’ailleurs, en 1917, un règlement de la Ville, s’appliquant à toute
l’avenue, limite la hauteur des bâtiments à 25 pieds à partir du trottoir.
Pour se divertir, à la fin du XIXe siècle, les gens se réunissent
au terrain de l’Exposition provinciale qui occupe une partie de la ferme
Fletcher (Fletcher’s Field), aujourd’hui parc Jeanne-Mance. Cet espace jadis
terrain de golf et lieu de manœuvres militaires a déjà fait partie du parc du
Mont-Royal.
Au XXe siècle, l’aréna Mont-Royal (1920), entre les rues Clark et
Saint-Urbain, est un lieu de rassemblement et l’équipe de hockey le Canadien y
joue de 1920 à 1926. Dans les années 1940 et 1950, on peut voir des films au
Belmont Moving Picture Theatre, adjacent à l’aréna. Témoin de la morosité du
quartier, l’aréna sera abandonné, puis converti en plusieurs commerces, pour
finalement être détruit par un incendie, en 2000.
Les infrastructures de transport gravitant autour de cette artère assurent un
accès à l’avenue et à ses nombreuses activités. Dès 1880, il y a un terminus de
tramways qui demeurera en place, au coin des avenues du Parc et du Mont-Royal,
jusque dans les années 1930. Par tramways ou par autobus, l’avenue est depuis
longtemps desservie par un système de transport.