Les anciennes maisons de ferme, des monuments historiques qui rappellent le
passé agricole de l’île
Ces quatre monuments historiques possèdent plusieurs caractéristiques
communes. Situées au bord de routes qui constituent les tracés fondateurs de
Montréal, elles témoignent toutes de la vie rurale sur l’île entre le
XVIIIe siècle et le milieu du XXe siècle. Caractérisées
par une occupation prolongée par des familles d’agriculteurs, elles témoignent
également de la donation comme moyen de transmission du patrimoine familial, qui
permettait d’éviter la division de la terre entre les héritiers au décès des
parents et de faciliter le règlement des successions. La donation était assortie
de nombreuses obligations assurant la subsistance et l’hébergement des parents
vieillissants. Les actes notariés rattachés à ce mode de transmission des terres
sont des sources privilégiées pour nous renseigner sur la production agricole,
la consommation des produits alimentaires et les relations familiales qui
caractérisaient autrefois la vie rurale au Québec.
Les maisons du cap Saint-Jacques
Avec ses 288 ha, le parc régional du Cap-Saint-Jacques est le plus grand parc
régional de Montréal. Le cap Saint-Jacques est une pointe de terre au relief
vallonné située à l’extrémité nord-ouest de l’île. La partie ouest de ses rives
baigne dans le lac des Deux Montagnes, tandis que sa partie nord-est donne sur
la rivière des Prairies, à la hauteur de l’île Bizard. Autrefois, les résidants
du cap avaient accès à leur propriété par les voies navigables et par le chemin
du bord de l’eau (l’actuel boulevard Gouin).
La topographie du territoire et la composition des sols y permettent le
développement agricole dès le début du XVIIIe siècle. Le cap
Saint-Jacques est composé de fermes dites « d’autosuffisance »,
c’est-à-dire basées sur la culture et l’élevage d’animaux pour subvenir aux
besoins de la famille, dont témoignent la maison Thomas-Brunet et la maison Jacques-Richer dit Louveteau. Cette
occupation agricole se poursuivra malgré l’urbanisation de l’ouest de l’île. Le
parc régional du Cap-Saint-Jacques serait un des derniers exemples de
l’occupation agricole qui a dominé pendant des siècles sur le territoire
montréalais.
La maison Thomas-Brunet et la maison Jacques-Richer-du-Louveteau s’inscrivent
donc dans un site exceptionnel, dont l’environnement est demeuré quasi identique
à ce qu’il était au XVIIIe siècle, pour ce qui est des vues sur
l’eau, de la topographie et des routes.
L’ancienne côte Saint-Louis du Bois-Franc à Saint-Laurent
La particularité de ce chemin contribue à la valeur historique de la maison Robert-Bélanger, puisque contrairement
aux autres voies desservant les terres des côtes riveraines à la rivière des
Prairies, cette côte ne longe pas la rive mais fait un détour à l’intérieur des
terres (voir figure à droite), étant reliée au XVIIIe siècle aux
chemins des côtes Sainte-Geneviève à l’ouest et du Sault-au-Récollet à l’est par
deux montées. Au départ, cette côte n’avait pas lieu d’exister car le seigneur
aurait normalement concédé des lots au « beau bois » à partir de la
rivière. Certains attribuent cette particularité à la qualité du « beau
bois » au nord de la côte du même nom, dont l’emplacement correspond
aujourd’hui au bois de Saraguay, un arrondissement naturel classé par le
gouvernement du Québec en 1981.
En 1855, la paroisse Saint-Laurent est instaurée en municipalité. En 1893, le
centre du territoire de la paroisse obtient le statut de ville, sous le nom de
« Ville Saint-Laurent ». Après la Seconde Guerre mondiale, on compte
encore une vingtaine de maisons de ferme sur le chemin du Bois-Franc, qui s’est
urbanisé de façon intensive au cours des dernières années. La maison
Robert-Bélanger est le dernier témoin du passé rural de la côte Saint-Louis du
Bois-Franc.
Au bord de la rivière des Prairies
Les premières terres
sont concédées par les sulpiciens à l’est de l’île au début des années 1670,
afin de décourager les incursions iroquoises et fortifier cette extrémité de
l’île. Le terrain sur lequel la maison Bleau est construite figure parmi les
premiers octroyés. L’accès au territoire de Rivière-des-Prairies est alors
possible par le chemin du Roi qui fait le tour de l’île et par un chemin de
traverse qui en relie les rives nord et sud. Rivière-des-Prairies est érigée en
municipalité de paroisse en 1845. Éloigné des grands centres, ce secteur
conserve sa vocation agricole jusqu’au milieu du XXe siècle.
Rivière-des-Prairies est annexée à la ville de Montréal en 1963 et s’urbanise
rapidement, favorisée notamment par l’ouverture de l’autoroute 40, qui passe
aujourd’hui près de la maison Bleau.
Sources :
Bessière, A. et V. D’Amour. 2008. Étude
historique et patrimoniale de la maison Robert, 3900- 3902, chemin Bois-Franc,
arrondissement de Saint-Laurent. Rapport présenté au Service de la mise en
valeur du territoire et du patrimoine de la ville de Montréal, juillet 2008.
Caron, D. 2008. La maison Thomas-Brunet, 187, chemin du
Cap-Saint-Jacques. Bureau du patrimoine, de la toponymie et de l’expertise.
Janvier 2008. 101 p.
D’Amour, V. et A. Stewart. 2007. Étude historique et
patrimoniale de la maison Bleau, 13 200, boulevard Gouin est. Rapport
présenté au Service de la mise en valeur du territoire et du patrimoine de la
ville de Montréal, novembre 2007.
D’Amour, V. et A. Stewart. 2007. Étude
historique et patrimoniale de la maison Jacques Richer dit Louveteau, 163,
chemin du Cap-Saint-Jacques Rapport présenté au Service de la mise en
valeur du territoire et du patrimoine de la ville de Montréal, novembre
2007
Ville de Montréal. Grand répertoire du patrimoine bâti (patrimoine.ville.montreal.qc.ca).