Plusieurs fois par année, Montréal s’anime aux rythmes africains lors d’événements culturels. Ces fêtes sont les signes visibles d’une présence dont on sous-estime parfois la force et les racines.
Afrique subsaharienne - affiche Vues d'Afrique

Débutée dans les années 1960, cette récente vague migratoire en provenance de l’Afrique a été provoquée par la levée progressive des politiques discriminatoires canadiennes qui ont longtemps freiné l’immigration non blanche. La présence africaine à Montréal se note toutefois bien avant le XXe siècle, par la voie du trafic humain et de l’esclavage.
Esclaves, affranchis ou libres Africains à Montréal
James Monk

En dépit des efforts des historiens, les sources disponibles ne permettent pas de calculer avec précision le nombre et l’origine des esclaves. Il est donc difficile d’évaluer l’effectif des Africains présents en Nouvelle-France et, par la suite, dans la colonie anglaise. Il est aussi ardu de déterminer le statut de ces personnes. Les documents désignent parfois les esclaves par le terme « servants » qui peut signifier serviteur ou domestique. Sans d’autres sources pour valider leur état, il serait présomptueux de confirmer leur servitude. Chose certaine, quelques Africains, esclaves, affranchis ou libres, se sont établis à Montréal, que ce soit sous le régime français ou anglais.
Quelques descendants africains
Afrique subsaharienne - illustration journal Le pourboire

Reste que, pour la fin du XIXe et le début du XXe siècle, la présence africaine à Montréal se définit essentiellement par les descendants d’esclaves qui se confondent à une majorité d’Afro-Américains et d’Afro-Antillais. Jusque dans les années 1960, les politiques discriminatoires d’immigration envers les non-Blancs bloquent la venue d’Africains subsahariens.
Un eldorado montréalais?
Afrique subsaharienne - spectacle

Ces Afro-Montréalais parlent fréquemment le français et l’anglais et détiennent souvent un diplôme universitaire. Malgré leur degré de compétence élevée, ils rencontrent régulièrement des obstacles à l’embauche et à l’emploi, signes que le racisme et la discrimination sont toujours bien vivants. À titre d’exemple, en 2006, le taux de chômage des ressortissants du Burundi se chiffre à 25 %, pendant que la proportion générale pour le Québec est de 7 %.
Montréal africain
Afrique subsaharienne - Métropolis bleu

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