Écologie et biodiversité

Légende : Écologie et biodiversité
Credit : Denis Fournier

Le programme de gestion écologique mis en place par la Ville de Montréal en 1996 favorise une bonne connaissance générale de la faune et de la flore du parc du Mont-Royal. Toutefois, les enjeux de maintien de la biodiversité amènent à se pencher sur d’autres aspects des écosystèmes existants, de même que sur d’autres espèces animales et végétales, non couvertes par le programme, et leurs rôles au sein des écosystèmes de la montagne dans une perspective souvent interdisciplinaire, voire historique. Par ailleurs, en lien avec les grands enjeux actuels, un portrait des services écosystémiques et une analyse de l’impact des changements climatiques sur le patrimoine naturel apporteraient des éléments de connaissance et d’aide à la décision importants. Enfin, du fait de la fragmentation du territoire, caractéristique des milieux urbains, il serait intéressant d’avoir une meilleure connaissance du réseau écologique à l’échelle du site patrimonial du Mont-Royal mais aussi à des échelles territoriales plus larges.

Étude des écosystèmes se développant autour des chicots (arbres à faune)

Contexte

Les arbres morts abritent un ensemble d’espèces fauniques et constituent des écosystèmes d’intérêt. Les chicots sont d’ailleurs fréquentés par divers oiseaux insectivores et certains oiseaux les utilisent pour nicher.

Priorité de recherche

  • Étude de la contribution des chicots à la biodiversité locale et particulièrement leur utilisation par les espèces animales. La recherche pourrait proposer des recommandations concernant la gestion des chicots dans un contexte de parc urbain, voire pour favoriser davantage la présence de certaines espèces ou la venue d’autres, notamment des oiseaux.

Étude des trous faits par les pics et diagnostic sur l’état de la forêt

Contexte

Ce sont 182 espèces d’oiseaux qui ont été observées sur le mont Royal sur une période de plusieurs années. Parmi ces espèces, les pics sont très présents (grand pic, pic mineur, pic flamboyant, pic maculé, pic chevelu). Les indices de présence des pics sont particulièrement visibles en forêt par les trous laissés sur les troncs après leur passage. Les pics font des trous dans des arbres morts ou dépérissants. Ils dépendent de ces arbres pour leur nourriture et leur reproduction.

Ces oiseaux peuvent se diviser en deux groupes : les suceurs de sève et les insectivores. Les pics suceurs de sève agissent à la façon d’un acériculteur en perçant des rangées régulières de trous dans l’écorce de divers arbres qu’ils visitent ensuite afin de lécher la sève élaborée (sucrée) qui perle dans les blessures qu’ils ont infligées. Ils peuvent aussi creuser des cavités pour déposer leurs œufs. Les pics insectivores percent des trous dans l’écorce ou dans le bois pour se nourrir de larves d’insectes ou d’insectes situés sous l’écorce ou dans le bois. Ils peuvent ainsi jouer un rôle dans la régulation de certaines populations d’insectes. Chaque espèce a des pratiques distinctes qui peuvent se différencier notamment par la taille et la forme des trous. En outre, les cavités effectuées par les pics pourront être occupées par d’autres espèces d’oiseaux et de mammifères ou encore colonisées par des champignons. Les perforations du pic maculé attirent les colibris. La présence de pics dans un bois contribue à la biodiversité. Ils peuvent aussi être un indicateur de l’état de santé de la forêt.

Priorités de recherche

  • Recensement de la distribution des espèces de pics en fonction des trous observés dans les arbres. Identification des espèces d’arbres selon les divers types de trous (relation entre l’espèce de pic et l’essence d’arbre). Identification des insectes et autres espèces animales associées ainsi que des champignons.
  • Évaluation du nombre d’arbres présentant des trous de pics et diagnostic sur l’état de la forêt.

Étude sur les champignons et leur rôle dans l’écosystème de la montagne

Contexte

Les champignons jouent un rôle majeur dans les écosystèmes. Ils contribuent aux processus de décomposition et de recyclage de la matière organique, en rendant disponibles des nutriments nécessaires aux espèces végétales et animales. De plus, ils participent à des associations écologiques avec les racines des arbres, très importantes pour l’absorption de l’eau et de minéraux du sol. Les champignons du mont Royal ne semblent pas avoir été étudiés à ce jour.

Priorité de recherche

  • Étude de caractérisation des champignons et évaluation de leur rôle écologique dans l’écosystème. L’efficience de la participation des mycorhizes dans les succès adaptatifs des communautés végétales pourrait être évaluée, afin de perfectionner les efforts de revégétalisation de la montagne.

Étude de l’écologie des sols, particulièrement des microbes et pathogènes

Contexte

La qualité du sol en vue de la revégétalisation des aires dégradées est très reliée à la présence des microorganismes qui interviennent dans l’établissement des peuplements végétaux. Toutefois, certains microorganismes peuvent aussi être nocifs à la survie des végétaux puisqu’ils jouent le rôle d’agent infectieux.

Priorité de recherche

  • Caractérisation de l’écologie des sols en bonne santé et des sols compactés de la montagne, en vue d’identifier leur potentiel de revégétalisation en lien notamment avec les microorganismes présents.

Étude des fossiles de la montagne

Contexte

Étant donné l’occupation ancienne du territoire par la mer de Champlain et l’histoire géologique de la formation des collines Montérégiennes, des fossiles sont observés dans les roches sédimentaires du mont Royal, telles que le calcaire de Trenton présent autour de la montagne. Une recherche paléontologique portant notamment sur les pollens et macrorestes nous renseignerait sur l’histoire faunique et floristique de la montagne.

Priorité de recherche

  • Répertoire des fossiles d’origine animale et végétale dans les roches sédimentaires de la montagne.

Identification et évaluation des services écosystémiques du site patrimonial du Mont-Royal

Contexte

Les services écosystémiques représentent la contribution des écosystèmes au bien-être humain. Dans la littérature, ils sont souvent regroupés en quatre catégories (services de soutien, d’approvisionnement, de régulation, culturels). Le mont Royal procure un ensemble de services écosystémiques au bénéfice de la collectivité montréalaise. L’analyse de ces services apporterait des outils de connaissance, d’aide à la décision, de mobilisation et de communication.

Priorités de recherche

  • Identification des services écosystémiques fournis par les différents secteurs et écosystèmes du mont Royal.
  • Évaluation de la dynamique et de la valeur de ces services pour le bien-être des Montréalais à l’aide de diverses méthodes (analyses spatiales de la production et des flux de services; analyses des perceptions et opinions des usagers et de la collectivité montréalaise; analyses économiques; etc.) pour obtenir un portrait complet et représentatif de l’ensemble des services selon différentes perspectives.
  • Formulation de recommandations afin de favoriser la mise en place d’interventions adaptées : lorsque des travaux d’aménagement ou autres sont prévus dans les différents secteurs de la montagne, ils devraient être réalisés de façon à maintenir, voire à accroître les services écosystémiques.

Impacts des changements climatiques sur le patrimoine naturel du mont Royal

Contexte

Les changements climatiques sont marqués notamment par des épisodes de pluies abondantes et de sécheresse plus fréquents que par le passé. Ceux-ci ont des impacts importants sur les milieux naturels et il est urgent de mieux en connaître les conséquences sur le patrimoine naturel et particulièrement les écosystèmes du mont Royal.

Priorités de recherche

  • Étude de l’effet des épisodes de sécheresse et de pluies abondantes, évaluation des impacts sur l’intégrité des habitats ainsi que sur la faune et la flore.
  • Étude de l’effet de pluies soudaines et du ruissellement associé sur le mont Royal, en menant une analyse par sous-bassins versants. Une attention particulière serait portée sur les problématiques d’érosion ainsi que sur les ruptures de murets possibles et leurs conséquences. Estimation des dommages et des coûts engendrés par ces pluies et proposition de mesures de prévention ou de mitigation.

Réseau écologique et connectivité à différentes échelles de territoires

Contexte

L’application du concept de réseau écologique contribue significativement au maintien de la biodiversité d’un territoire et de l’intégrité des écosystèmes, en favorisant la connectivité entre les noyaux de biodiversité. Ce concept, appliqué au site patrimonial du Mont-Royal, a aidé à identifier les interventions permettant de renforcer le réseau écologique existant (Ville de Montréal, 2009), mais sa performance reste à évaluer. De plus, il serait intéressant d’étudier le rôle du mont Royal dans un réseau écologique à différentes échelles de territoires :

  • à l’échelle des quartiers centraux et de la « coulée verte » qui descend des hauteurs du parc du Mont-Royal à la rue Sherbrooke, en passant par le parc Rutherford et l’esplanade de la rue McGill;
  • en lien avec d’autres grands parcs et écoterritoires montréalais (la falaise Saint-Jacques et les rapides de Lachine);
  • à l’échelle des Montérégiennes.

Priorités de recherche

  • Bilan de la performance du réseau écologique du site patrimonial du Mont-Royal et de la connectivité écologique entre les trois sommets. Contribution des corridors de biodiversité au sein du site patrimonial et de l’apport des terrains privés (institutionnels et résidentiels). Apport de la coulée verte et de la portion de la promenade Fleuve-Montagne située sur la rue McTavish.
  • Regard historique sur l’évolution du territoire, en vue de retrouver éventuellement des corridors qui ont disparu.
  • Application du concept de réseau écologique à l’échelle des quartiers centraux, grands parcs avoisinants et écoterritoires, en vue d’y favoriser les connexions écologiques et de fixer des priorités de verdissement.
  • Étude des connectivités et similitudes en matière de patrimoine naturel à l’échelle des Montérégiennes.

Inventaires de la biodiversité dans les cimetières et les propriétés privées

Contexte

Les cimetières ainsi que les propriétés privées (institutionnelles et résidentielles) du site patrimonial du Mont-Royal jouent un rôle important dans la mosaïque de milieux naturels. Les cimetières sont majoritairement des milieux ouverts qui contribuent au réseau écologique, toutefois leur apport est peu connu.

Priorités de recherche

  • Étude de la biodiversité des cimetières afin de préciser leur rôle dans le réseau écologique. Étude de leur utilisation par la faune, spécialement comme lieu d’alimentation.
  • Étude de la biodiversité des propriétés privées. Une recherche participative impliquant les propriétaires pourrait être envisagée pour mieux connaître la biodiversité de ces propriétés.
  • Recommandations en matière d’aménagement et de gestion en cohérence avec les objectifs du Plan de protection et de mise en valeur du Mont-Royal (Ville de Montréal, 2009).