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Cinquante bougies pour la Place Ville-Marie le 13 septembre 2012

Vue vers les édifices de la Place Ville-marie depuis la rue Cathcart. CPM, 2012.Figure 1. Vue vers les édifices de la Place Ville-Marie depuis la rue Cathcart. CPM, 2012.

Après la Seconde Guerre mondiale, Montréal restructure son centre-ville et les équipements dont elle se dote alors entraînent des démolitions de quartiers anciens complets. La ville moderne s’articule le long de la rue Dorchester (l’actuel boulevard René-Lévesque), à la suite de son élargissement en 1954-1955. Hydro-Québec, symbole de l’entrée du Québec dans l’ère moderne, y installe son siège social. Pendant les années 1960, plusieurs projets urbanistiques d’envergure sont élaborés à proximité des infrastructures ferroviaires traversant le centre-ville. Le service d’urbanisme de la Ville de Montréal commande à l'urbaniste Jacques Gréber un plan directeur des abords de la gare Centrale. Ce plan prévoit l’aménagement d’une grande place entre le boulevard René-Lévesque Ouest et la rue Cathcart ainsi qu'une allée bordée d’arbres reliant la place à l’université McGill.

Un tunnel est construit sous le mont Royal dans les années 1910 (la construction débutait le 8 juillet 1912) par la compagnie de chemins de fer Canadian Northern (qui deviendra le Canadien National) qui souhaite faire entrer une voie ferroviaire transcontinentale dans Montréal. Le passage souterrain se prolonge au centre-ville sur une immense tranchée ouverte que le CN souhaitait développer. La crise de 1929 contribue à retarder ses ambitions et la gare Centrale est construite entre 1938 et 1943 alors que le fossé situé entre la rue Cathcart et la gare Centrale continue de défigurer le centre-ville. Donald Gordon, devenu président du CN, confie le développement du futur hôtel Queen Elizabeth (1954-1958) à l’architecte en chef du CN mais pour la Place Place Ville-Marie, il se tourne vers le promoteur américain William Zeckendorf qui engage à son tour pour la conception de l’édifice la firme de l’architecte new-yorkais I.M. Pei. Cette firme qui se fera connaître mondialement avec la pyramide du Louvre, s’associe à la firme montréalaise Affleck, Dimakopoulos, Lebensold, Michaud et Sise, laquelle se verra confier, en outre, le dossier de la Place Bonaventure. L’architecte Henry N, Cobb est l’architecte principal du projet.

Érigée entre 1959 et 1962, la Place Ville-Marie comprend quatre bâtiments qui ceinturent un espace public piétonnier et des galeries souterraines. La tour cruciforme est construite en premier (1959-1962) et est inaugurée le 13 septembre 1962. Puis, trois autres édifices sont érigés, en 1962 (2 – 3 Place Ville-Marie), 1965 (4 Place Ville-Marie) et 1966 (5 Place Ville-Marie). Tout le projet s'articule autour d’une esplanade offrant une vue en perspective du campus de l'Université McGill et du mont Royal — une perspective proposée dès 1952 par Jacques Greber —, dont peuvent profiter les piétons ainsi qu'une large partie des clients de l'hôtel Reine-Elizabeth. Les galeries marchandes reliées depuis la Place Ville-Marie à l'hôtel Reine-Elizabeth et à la gare Centrale, lancent le Montréal souterrain, aujourd'hui reconnu mondialement. Les lignes de métro (1966) amènent rapidement les employés qui travaillent dans ces immeubles à bureaux. Aujourd'hui, des trains passent toujours sous les galeries de la Place Ville-Marie pour s'engager ensuite dans le tunnel du mont Royal.

Vue vers une des entrées du 1 Place Ville-Marie, donnant sur l’esplanade. CPM, 2012.Figure 2. Vue vers une des entrées du 1 Place Ville-Marie, donnant sur l’esplanade. CPM, 2012.

De style international, l’édifice principal de la Place Ville-Marie est, jusqu’à la construction de la Tour de la Bourse, le bâtiment le plus élevé du Canada. Il s’élève à 737 pieds au-dessus du niveau du fleuve Saint-Laurent, ce qui a inspiré le nom du restaurant panoramique situé à son sommet, Altitude 737. L’édifice adopte une forme peu courante de croix. Selon l’architecte Henry N. Cobb, «ce design permettait de créer quatre halls d’entrée séparés, pour quatre grands locataires. En plus, on pouvait doubler le nombre de bureaux de coin, très recherchés» (Forget, 2012, p. 40). L’édifice devient rapidement un symbole de Montréal, de même que les rayons lumineux qui, du sommet qui balayent la ville nocturne tel un phare. Appartenant à la Banque Royale du Canada, un locataire de l’immeuble, le gyrophare a été déplacé sur le sommet de la Place Ville-Marie lorsque la banque y a déménagé son siège social auparavant situé sur la rue Saint-Jacques. Il s’allume dès la tombée du jour et s’éteint vers une heure du matin.

Vue vers l’avenue McGill College et la montagne depuis l’esplanade de la Place Ville-Marie. CPM, 2012.Figure 3. Vue vers l’avenue McGill College et la montagne depuis l’esplanade de la Place Ville-Marie. CPM, 2012.

Le 26 janvier 2012, Place Ville Marie marque le coup d’envoi des festivités visant à souligner son 50e anniversaire, qui culmineront le 13 septembre 2012, date officielle de l’inauguration de l’édifice cruciforme. Notamment, l’esplanade extérieure accueillera une nouvelle œuvre d’art permanente du montréalais Nicolas Baier, sélectionnée à l’issue d’un concours. Intitulée Autoportrait, l’œuvre reconstituera une salle de réunion dans un cube de verre transparent, un reflet des activités se déroulant au quotidien à l'intérieur de l'édifice. Cette œuvre rejoindra celle de Gerald Gladstone, Female, une forme féminine en bronze entourée de jets d’eau, installée en 1972 pour souligner les 10 ans de l’édifice.

 

Sources :

Communiqué, Caisse de dépôt et de placement, 26 janvier 2012 : www.lacaisse.com

Forget, Dominique, 2012. «Quand Montréal voulait toucher le ciel». Dans Québec Science, mars 2012, p. 38-43.
Site Internet: www.quebecscience.qc.ca

Grand répertoire du patrimoine bâti de Montréal: patrimoine.ville.montreal.qc.ca

Vieux-Montréal. Le secteur des gares: www.vieux.montreal.qc.ca

Ville de Montréal. Évaluation du patrimoine urbain – Arrondissement de Ville-Marie :