Le site du patrimoine de l’Île-Sainte-Hélène
Ce vaste ensemble témoigne du rayonnement international de Montréal. Il
mérite d’être découvert et redécouvert en toutes saisons. Expo 67 a marqué un
tournant majeur dans la vie de la collectivité montréalaise. En plus d’abriter
une foule de témoins de cet événement prestigieux, l’île Sainte-Hélène contient
des bâtiments historiques très anciens, un grand boisé formant le parc
Hélène-de-Champlain au centre de l'île et des berges offrant des vues
exceptionnelles sur la montagne, le centre-ville et le pont Jacques-Cartier.
L’île Sainte-Hélène, c’est aussi la Ronde, la Biosphère, musée de
l’environnement, et le Musée Stewart, ainsi qu’une grande portion du parc
Jean-Drapeau, dont l’autre partie s'étend sur l'île Notre-Dame voisine. De plus,
l’île possède un fort potentiel archéologique : un site amérindien récemment
découvert pourrait dater du milieu du Sylvicole supérieur, soit entre les ans
1200 et 1350 de notre ère.
Un réseau de sentiers y serpente, émaillé d’une dizaine d’œuvres d’art
public, dont la plus connue est sans doute Man, Three Disks (L’Homme)
d’Alexander Calder. Cette œuvre, le plus grand stabile (21,3 m de haut) de
l’artiste après celui de Mexico (24 m), est considérée comme l'une des
sculptures les plus importantes du patrimoine montréalais et la pièce maîtresse
de la collection d'art public de la Ville de Montréal.
Le site du patrimoine de l’Île-Sainte-Hélène constitué par la Ville en 2007
pour la portion ouest de l’île, a d’ailleurs confirmé la valeur patrimoniale de
ce site, aussi prisé des Montréalais que des touristes. Le règlement
accompagnant la constitution du site du patrimoine soulignait que « l’île
Sainte-Hélène fut le site d’événements majeurs dans l’histoire de Montréal et du
pays, l’un des plus marquants étant sans doute l’Expo 67, événement qui
célébrait le centenaire de la Confédération canadienne et qui a positionné
Montréal et le Québec sur la scène internationale ». En fait, la valeur
patrimoniale de ce site est encore plus riche qu’on pourrait le croire, comme en
témoignent les nombreuses conditions de conservation et de mise en valeur
précisées dans ce règlement.
Outre la présence des témoins de l’exposition universelle, cette valeur tient
à la cohabitation de nombreuses composantes bâties telles que le site militaire
de l’arsenal (abritant le Musée Stewart), les bâtiments municipaux de l’ancien
parc municipal (devenus plus tard le Complexe aquatique et le restaurant
Hélène-de-Champlain) et les ouvrages de génie, dont l’île Sainte-Hélène
elle-même.
Certaines composantes dominantes du paysage contribuent également à sa valeur
patrimoniale, notamment des arbres remarquables, l’ensemble militaire et les
éléments du plan d’ensemble réalisé par l'architecte paysagiste Frederick G.
Todd et les aménagements subséquents.
Un peu d’histoire…
La plus grande des îles ceinturant
Montréal est baptisée Sainte-Hélène par Samuel de Champlain en 1611, en hommage
à Hélène Boullé, son épouse. À la fin du XVIIe siècle, l’île Sainte-Hélène fait
partie de la seigneurie de Longueuil, située sur la rive sud du fleuve, concédée
à Charles Le Moyne (1626-1685) en 1657. La famille Le Moyne y fait construire un
manoir et un moulin. Les Britanniques prennent possession de l’île en 1818 et y
entreprennent aussitôt la construction d’installations militaires pour se
protéger des invasions américaines. Ils érigent deux postes de vigie puis, entre
1820 et 1824, un fort comprenant un arsenal, des casernes, une poudrière, une
armurerie et un mur d'enceinte. Deux violents incendies, l’un en 1848 et l’autre
en 1875, ravagent une grande partie du site. Les ruines sont alors abandonnées.
En 1874, la Cité de Montréal obtient du gouvernement canadien l’autorisation
d’utiliser l’île comme parc municipal, et l’acquiert en 1908. Au départ, elle
est desservie par une navette fluviale, puis la construction du pont
Jacques-Cartier, d’abord nommé pont du Havre, y permet l’accès de véhicules à
partir de 1930. Dans les années 1930, la Ville y entreprend des travaux
d'aménagement selon le plan d'ensemble préparé par Frederick G. Todd, architecte
paysagiste. Sous sa supervision, la Ville construit des routes, des sentiers
ainsi que la tour de Lévis, qui sert de tour d'observation et de réservoir
d'eau. Certains travaux de cet ambitieux projet sont réalisés dans le cadre des
grands travaux publics instaurés par le gouvernement du Québec pour venir en
aide aux travailleurs frappés par la crise économique. La Ville érige le Chalet
des baigneurs (1936) et le Pavillon des sports (1937), selon les plans des
architectes municipaux Donat Beaupré et Émile Daoust, ainsi que de nombreux
petits pavillons de services publics. Le Pavillon des sports devient le
restaurant Hélène-de-Champlain en 1955. Son réaménagement est supervisé par les
mêmes architectes municipaux, Donat Beaupré et Émile Daoust. Le restaurant a
fermé ses portes en 2009 et est en attente d’une nouvelle vocation. D’importants
travaux de rénovation y sont présentement en cours.
Le Canada obtient l'Exposition universelle de 1967 (« Expo 67 ») en 1962 et
Montréal est promulguée ville hôtesse de l’événement. L’île Notre-Dame est créée
de toute pièce et l’île Sainte-Hélène, élargie, avec les pierres provenant des
travaux d’excavation associés à la réalisation du métro de Montréal. Le
restaurant Hélène-de-Champlain est reconverti en pavillon d’honneur destiné à
l’accueil des chefs d’État et dignitaires. Pour l’occasion, une roseraie est
réalisée selon les plans de Louis Perron, architecte paysagiste.
Si la vocation militaire de l’île cesse lorsque la Ville l’acquiert en 1908,
l’arsenal sert néanmoins de dépôt de munitions, de camp de prisonniers de guerre
et de prison militaire lors des deux conflits mondiaux. C’est entre 1956 et 1961
que le site est transformé en lieu public regroupant le Musée Stewart (musée
d’histoire canadienne), qui occupe l’arsenal, et un théâtre de 180 places,
aménagé dans la poudrière. Le site de l’arsenal est un élément unique du
patrimoine montréalais, par sa situation insulaire et sa vocation militaire.