Pie-IX
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Le boulevard Pie-IX et ses intersections

Du Saint-Laurent à l’avenue Pierre-De Coubertin

Cette portion du boulevard Pie-IX se trouve dans l’ancienne Ville de Maisonneuve (1883-1918). L’occupation s’y fait graduellement : ne dépassant guère la rue Sainte-Catherine en 1890, elle s’amplifie au début du XXe siècle. Dans la foulée de sa politique d'embellissement, mise en œuvre entre 1910 et 1915, Maisonneuve veut en faire un grand boulevard prestigieux. L’ingénieur municipal Marius Dufresne (1883-1945) élabore des règles pour uniformiser la construction du boulevard : double chaussée de 27 pieds de largeur; trottoirs de 10 pieds et terre-plein central de 26 pieds, pour un total de 100 pieds (30 mètres). C’est l’une des artères les plus larges de l’île de Montréal. La seule modification ultérieure sera la réduction du terre-plein, de 26 à quatre pieds, réalisée entre 1961 et 1963. Un règlement de zonage est également imposé vers 1915 pour uniformiser le boulevard et lui donner un caractère exclusif; toute nouvelle construction d’usines ou de manufactures y est interdite, sauf pour celles déjà existantes. Les habitations doivent être à 12 pieds de la voie et construites en pierre ou en brique, et les escaliers extérieurs sont interdits. Au fil du temps, ces règles seront modifiées, mais la volonté d’un boulevard prestigieux est manifeste.

Les dirigeants de Maisonneuve veulent même qu’il déborde les limites de leur municipalité pour traverser l'île de Montréal, du sud au nord. Pour y parvenir, il leur faut bousculer un peu les pratiques en matière municipale. Le projet ne pose guère de difficultés dans le quartier montréalais de Rosemont, mais au-delà, les villes de Saint-Michel et de Montréal-Nord sont encore en partie rurales et n’ont ni le personnel, ni les ressources pour le mener à bien. Peu importe, les promoteurs obtiennent de Québec en 1912 l’adoption d’une loi qui confie à Maisonneuve le droit de réaliser les travaux dans ces deux municipalités, et de leur en faire payer le coût.

À la fin des années 1920, toute la voie est bordée d’immeubles entre le fleuve et l’avenue Pierre-De Coubertin. L’occupation du sol est diversifiée. La présence de l’industrie manufacturière est importante, favorisée par les installations portuaires et, plus au nord, par le chemin de fer du Canadien National dont la voie passe entre les rues Ontario et de Rouen. La raffinerie St. Lawrence Sugar (1887, devenue Sucre Lantic) et l’ancienne filature Canadian Spool Cotton (1909) sont situées près des quais Tarte et Sutherland. Le long de l’ancienne emprise du chemin de fer, le côté ouest du boulevard est occupé depuis 1908 par la société American Can qui y fait construire en 1917-1918 une nouvelle usine de boîtes de conserve. Celle-ci se distingue de ses voisines par sa structure en béton armé et sa fenestration généreuse. Agrandi en 1928 et 1939, l’imposant immeuble est recyclé au tournant du XXIe siècle pour accueillir des magasins et bureaux.

Côté est, à l’angle de la rue Ontario, l'ancienne usine de papier peint Watson & Foster (1897) est recyclée à des fins commerciales. Au nord de la voie ferrée, celle des produits pharmaceutiques Johnson & Johnson (construite en 1912 et occupée en 1919), qui a aussi abrité le siège social canadien de l’entreprise, obtient le premier prix pour l’aménagement « remarquablement attrayant » du terrain en 1963 et le prix Orange de Sauvons Montréal en 1986 pour sa rénovation; par la suite, l’immeuble est occupé par le cablodistributeur Vidéotron. Quant à la confiserie Gilmour Bros., son usine est convertie en appartements.

Des établissements scolaires sont implantés le long du boulevard : l’école Saint-Nom-de-Jésus (1922), à l’angle de la rue Adam, l’hospice et l’école de la Providence (1894, devenue St. Aloysius), transformé en centre communautaire, l’école Saint-Jean-Baptiste-de-la-Salle (1918), entre les rues de Rouen et Hochelaga et l’école Saint-Nom-de-Marie (1917, devenue Irénée-Lussier), à l’angle de la rue Hochelaga. L’ancien hôpital Notre-Dame-de-Lourdes (1940), près de la rue Ontario, est converti en centre hospitalier de soins de longue durée. Près de la rue Adam, la Trinity Methodist Church (1911, reconstruite en 1927), abrite un temple Krishna. Au coin de la rue Hochelaga, l’église Saint-Jean-Baptiste-de-la-Salle, reconstruite en 1967 selon les normes liturgiques du concile Vatican II et gagnante d’un prix d’esthétique industrielle, remplace celle de 1913. Le segment comprend aussi plusieurs résidences. La plupart sont des maisons unifamiliales et des appartements cossus de l’élite locale. Celle du numéro 1832 abrite longtemps les bureaux de l’ingénieur Marius Dufresne et le studio de l’artiste Guido Nincheri (1885-1973), peintre et verrier.

Au début du XXe siècle, une ligne de tramways parcourt une portion du boulevard Pie-IX, mais seulement à partir de la rue Ontario; elle se rend alors jusqu’à la rue Nolan (devenue Rachel). Un siècle plus tard, le boulevard forme l’un des axes importants du transport en commun montréalais. La ligne d’autobus 139 le dessert d’un bout à l’autre, de la rue Notre-Dame au boulevard Henri-Bourassa. Aux heures de pointe, la ligne 505 Express Pie-IX fournit un service accéléré, tandis que la nuit, la ligne 355 prend le relais et mène jusqu’au centre-ville. Inaugurée en 1976, la station de métro Pie-IX, sur la ligne verte, est située à l’angle de l’avenue Pierre-De Coubertin et donne accès au Stade Olympique.

La physionomie du segment change avec la désindustrialisation. Les anciennes usines sont transformées en magasins et en bureaux et certaines maisons bourgeoises logent des organismes communautaires.

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