L'Avenue du Parc
L’avenue du Parc et ses intersections

De la rue Sherbrooke à l’avenue des Pins

Cette section de l’avenue du Parc est ouverte avant 1841 comme chemin privé et devient une voie publique en 1865.
 L'Hôtel-Dieu dans le quadrilatère des avenues du Parc, Duluth, des Pins et de la rue Saint-Urbain, 1961, VM94, Z-1477.
À l’origine, on y trouve seulement de grandes propriétés, mais son développement est stimulé lorsque les Hospitalières de Saint-Joseph, installées dans leur nouvel Hôtel-Dieu situé à proximité (1861), commencent à lotir la partie sud de leur terrain dans la seconde moitié des années 1860. En 1879, la partie de la voie au sud de la rue Prince-Arthur est déjà entièrement lotie et des constructions s’y multiplient. Le développement s’accélère à la fin du siècle et vers 1910, il y a des bâtiments sur l’ensemble de la voie. Il s’agit surtout de maisons en rangées confortables, avec façade de pierre, habitées par une population anglophone aisée. Le type de maisons est varié: unifamiliale, duplex, triplex. Ce secteur constitue alors un lieu recherché par la petite bourgeoisie anglophone, à proximité du centre-ville et de l’Université McGill. Toutefois, après 1945, la composition sociale de la population change et la rue commence à attirer des personnes aux revenus plus modestes.

Par ailleurs, au tournant des années 1950, l’augmentation du volume de la circulation automobile, engendrée par les activités du centre-ville, pousse la Ville à transformer radicalement l’intersection des avenues des Pins et du Parc, alors la plus achalandée de toute l’agglomération. Elle construit en 1959 un échangeur étagé, ouvert deux ans plus tard (démoli en 2005). Dans le contexte de l’après-guerre, cette amélioration de la circulation attire de la spéculation et, en 1962, la société Concordia Estates lance un ambitieux programme de rénovation urbaine, le « projet La Cité », malgré l’opposition du Service d’urbanisme de la Ville, qui estime que le stock immobilier y est encore de bonne qualité. Après avoir acquis la plupart des immeubles dans neuf îlots urbains — formant un immense quadrilatère borné par les rues Milton, Hutchison, l’avenue des Pins et la rue Jeanne-Mance — le groupe Concordia projette de démolir tous les bâtiments pour les remplacer par un ensemble de tours résidentielles et commerciales. Tours commerciales et résidentielles, avenue du Parc au sud de l'avenue des Pins / Denis Labine, 2011, VM94, 1109121300.Lors de la première phase du projet, lancée en 1972 et terminée en 1976, plus de 250 maisons sont détruites dans l’avenue du Parc et les rues Jeanne-Mance et Prince-Arthur. À leur place s’élèvent les immeubles de La Cité, comprenant une tour de bureaux (26 étages), un hôtel (transformé en 2003 en résidence universitaire) et trois tours d’habitation d’une trentaine d’étages chacune, le tout réuni par une galerie marchande souterraine.

Cependant, des résidants et des Montréalais engagés dans la protection du patrimoine organisent la résistance et mettent sur pied un comité de citoyens dès 1970. Ce dernier réussit une mobilisation exemplaire de l’opinion publique, grâce à l’appui de l’organisme Héritage Montréal (1975) et d’architectes influents comme Phyllis Lambert. En 1976, la conjoncture force Concordia Estates à faire une pause, alors que la Ville modifie le règlement de zonage pour limiter la hauteur des édifices dans le secteur Milton-Parc. Devant l’impossibilité de réaliser les autres phases du projet initial, la société cherche à se départir de ses propriétés restantes. En 1979, la Société du patrimoine urbain de Montréal, mise sur pied par Héritage Montréal, les rachète avec l’aide de la Société centrale d’hypothèque et de logement (SCHL) et se retrouve avec un parc de 600 logements et 25 magasins. De nombreuses coopératives voient alors le jour et le secteur est graduellement rénové. Les coopératives se fédèrent en 1987, formant un nouvel organisme de gestion, la Communauté Milton-Parc. Ce mouvement de contestation créé un précédent dans les opérations de rénovation urbaine au Canada et ailleurs, en stimulant l’intérêt des citoyens pour le patrimoine bâti, la prise de conscience des enjeux locaux de l’aménagement urbain et la préoccupation pour la qualité de la vie de quartier.

Entre la rue Sherbrooke et l’avenue des Pins, l’avenue du Parc présente ainsi une physionomie très contrastée avec son alternance de maisons du dernier quart du XIXe siècle, dont certaines logent des magasins au rez-de-chaussée, de bâtiments commerciaux plus modernes L'entrée des Galeries du Parc où se trouve le cinéma du même nom, 1993, VM94, 1993-495-055.près de la rue Sherbrooke et des tours de l’ensemble de La Cité. Côté est, l’église Notre-Dame de la Salette (1956) marque un renouveau avec son architecture moderne, ses mosaïques et son plan intérieur en amphithéâtre, original pour l’époque. Le Cinéma du Parc, qui présente surtout des films de répertoire, est situé dans la galerie commerciale.

À partir des années 1950, une population étudiante importante s’installe dans ce quartier situé à proximité de l’Université McGill, de l’ancienne École des Beaux-Arts et de sa section d’architecture. Durant les années 1960 et 1970, l’avenue du Parc est bien connue pour ses cafés et restaurants fréquentés par les jeunes intellectuels et artistes. Par la suite, l’ouverture des immeubles de La Cité et la rénovation résidentielle entraînent une gentrification du secteur. À partir de 1892, l’avenue du Parc est desservie par plusieurs lignes de tramway en provenance du centre-ville, dont la plus connue est la ligne 80. Les tramways sont remplacés par des autobus en 1958. Cette partie de l’avenue du Parc traverse l’ancien quartier Saint-Laurent. À partir de 2002, elle fait partie de l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal.

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