Du chemin de fer du Canadien Pacifique à la 12e
Avenue
Ce segment, cœur de la rue Masson, est ouvert dès 1904 entre la
1re et la 10e Avenue. Il fait partie du plan de
lotissement de la terre Crawford déposé par Herbert S. Holt et Ucal-Henri
Dandurand en 1903. Cette section traverse l’ancien Village de la Petite Côte
(1895, devenu Village Rosemont en 1905). Le territoire de la terre Crawford est
annexé à Montréal dès 1906, le reste du village l’est en 1910. La rue traverse
l’arrondissement de Rosemont—La Petite-Patrie.
Le développement s’étale sur les trois premières décennies du XXe
siècle, de sorte que tous les terrains sont occupés au début des années 1930.
Les bâtiments se concentrent principalement entre la 1re et la
12e Avenue, puisqu’à l’ouest, une grande partie des terrains est
occupée par la carrière Quirck & Rogers. Celle-ci deviendra le parc du
Pélican en 1966.
Dès les années 1930, la rue Masson est une artère commerciale animée et
diversifiée, desservant la population du quartier ouvrier adjacent aux usines
Angus. Elle est bordée principalement d’immeubles en rangée de deux ou trois
étages, dans lesquels les magasins occupent le rez-de-chaussée. Aux étages
supérieurs se trouvent des bureaux, des résidences et quelques salles de
billard. Plusieurs magasins ont une longue tradition familiale comme la
quincaillerie Bélanger qui fête ses 95 ans en 2007. D’autres établissements
importants apparaissent au début des années 1950, tels ceux de Dominion Stores
et de F.W. Woolworth. En outre, plusieurs succursales bancaires ont pignon sur
rue. Dès 1930, on en dénombre trois, dont la Banque d’épargne de la Cité et du
district de Montréal (devenue la Banque Laurentienne). En 1960, ce nombre passe
à cinq, entre la 1re et la 7e Avenue.
Comme beaucoup d’autres rues commerciales, la rue Masson connait une période
difficile au cours des années 1960 et 1970, en raison de la concurrence des
centres commerciaux. Au tournant des années 1980, la SIDAC Masson est créée pour
donner un second souffle à la vocation commerciale, en particulier pour la
portion entre la 1re et la 12e Avenue que l’on fait connaître sous le
nom de Promenade Masson. Des travaux d’embellissement y sont d’ailleurs réalisés
en 1992 : élargissement des trottoirs et installation de saillies
décoratives et de bancs publics. Plusieurs activités promotionnelles dont des
« ventes trottoirs » ont lieu chaque année. Vers la fin des années
1990, avec l’appui de la Ville, la revitalisation de l’artère commerciale est
stimulée par la stratégie du groupe Shiller qui y possède de nombreux immeubles.
Au tournant du XXIe siècle, des magasins et restaurants renommés y
sont bien établis.
Ce segment polarise aussi le divertissement et la sociabilité. Dans les
années 1930 et 1940, la rue est le lieu de rencontre autant pour les
francophones que les anglophones, dont les nombreux immigrants britanniques du
quartier. Plusieurs familles viennent voir le célèbre cirque américain Barnum
and Bailey qui installe chaque année son chapiteau du côté nord de la voie,
entre la rue D’Iberville et la 1re Avenue. À l’angle de la
10e Avenue, le Théâtre de Rosemont (1927-1971) est un cinéma très
fréquenté. Les nombreux magasins de
friandises font le bonheur des enfants et ajoutent au plaisir de se promener,
rue Masson dont les établissements offrent une variété de produits et
services.
Dès 1904, la chapelle Sainte-Philomène, située entre la 5e et la
6e Avenue, est ouverte au culte. Elle est remplacée par une nouvelle
église, une des rares de style Art Déco au Québec, dont la construction est
réalisée entre 1921 et 1933. Tout comme la paroisse, elle change de nom en 1964
pour devenir l’église Saint-Esprit-de-Rosemont.