De la limite ouest du parc Angrignon à la rue Airlie
Ce segment du boulevard s’étend dans l’arrondissement de LaSalle
(anciennement Ville de LaSalle, 1912-2002). Le nom de ce territoire, rattaché
avant 1912 à la Ville de Lachine (1872-2002), commémore Robert Cavelier de
LaSalle, qui reçoit de son frère sulpicien un fief noble dans l’ouest de l’île
de Montréal en 1667. Deux ans plus tard, il entreprend une expédition pour se
rendre en Chine et, devant son échec, les Montréalais surnomment son fief la
Petite Chine, puis Lachine.
Dans LaSalle, une carte montre la voie, de la limite ouest du parc Angrignon
à un point à l’ouest de l’actuel boulevard Shevchenko, durant la décennie 1920,
puis une autre la montre complétée jusqu’au boulevard LaSalle en 1941. Comme
dans le segment précédent, la Ville de Montréal est propriétaire de la voie sur
toute sa longueur. Son accessibilité, l’état de sa chaussée et son entretien
créent des tensions intermunicipales. Ainsi, en 1938, les habitants de LaSalle
se plaignent qu’une barrière cadenassée par la Ville de Montréal les empêche
d’accéder au pont Knox et à la voie, pour rejoindre les quartiers de Côte
Saint-Paul et de Saint-Henri. Le problème est réglé l’année suivante, mais la
qualité de la chaussée laisse toujours à désirer. En 1963, l’échevin laSallois
Joseph Ouellette déplore le fait que la Ville de Montréal réserve un meilleur
entretien à la portion du boulevard située sur son territoire, et qualifie de
désastreuse la chaussée dans LaSalle. En 1964, un accès au pont Mercier est
ouvert par la rue Airlie, ce qui augmente l’achalandage, rendant la situation
plus critique. LaSalle demande sans succès l’aide du gouvernement provincial. Au
début des années 1970, les LaSallois attribuent au mauvais entretien des
centaines d’accidents. Après de nombreux débats, Montréal accepte de céder le
boulevard à la Ville de LaSalle en 1973. À partir de ce moment, cette dernière
le rénove pour favoriser son rôle de voie de grande circulation. De nouveaux
lampadaires sont installés et le pavage est refait. Entre 1977 et 1981,
l’ensemble du segment est élargi à deux voies doubles, puis, plus tard, à trois
voies de chaque côté.
Si la loi de 1853 oblige la Ville à construire des ponts sur les terres
séparées par le nouveau canal, certains propriétaires choisissent plutôt de
remplacer ce pont par un chemin sur la berge sud du canal, dont Jean-Baptiste
Robert. Les ponts Knox et Latour sont érigés au XIXe siècle dans le cadre de
cette loi. Ils sont modernisés dans les années 1920 puis reconstruits et dotés
d’une piste cyclable en 1995 et en 2007. Les fusions municipales de 2002 ont
pour résultat que Montréal redevient l’unique propriétaire de la voie.
Peu de bâtiments se trouvent sur ce segment du boulevard. Le terrain du Cégep
André-Laurendeau (1976) le borde près de la rue Lapierre. Des installations
d’Hydro-Québec (1965) occupent le coin de l’avenue Bélec. Située à côté, l’usine
de filtration d’eau Charles-J. Des Baillets, construite par la Ville de Montréal
entre 1974 et 1978, est l’immeuble le plus imposant du segment. Depuis 1921, la
charte de la Ville de Montréal précise que les immeubles qu’elle possède sur le
territoire de LaSalle sont exempts de toutes taxes municipales et scolaires, ce
qui cause de vives tensions dans les années 1980.
La bibliothèque l’Octogone (1984), dans le parc Félix-Leclerc, organise des
clubs littéraires et des mois thématiques pour stimuler l’intérêt pour la
lecture dans la population du quartier. De plus, le centre sportif
Dollard-Saint-Laurent, situé dans le parc Parent, organise des tournois et des
événements grand public, comme des compétitions de rouli-roulant. Différents
trajets d’autobus assurent le transport en commun sur cette partie du
boulevard.
Le boulevard De La Vérendrye, dans l’esprit des réformistes de la décennie
1910, devait être une artère de prestige qui aurait permis à Montréal de
rivaliser d’élégance avec les grandes villes d’Amérique. La voie est finalement
construite, mais sans éléments monumentaux. Toutefois, le boulevard De La
Vérendrye est l’une des principales voies de grande circulation dans le
sud-ouest de Montréal. Outre les déplacements locaux, il permet l’accès au
centre-ville en rejoignant le réseau autoroutier et assure un lien entre les
ponts Mercier, Victoria et Champlain.