Enfouissement de fils électriques en face de la place d'Armes - 1916
Accueil > Index des rues > L – O > Rue Notre-Dame > Avenue Georges-V
La rue Notre-Dame et ses intersections

De l'avenue Georges-V au Bout-de-l'Île


Ce segment se développe d'abord autour du fort de Pointe-aux-Trembles (1675), construit près du fleuve dans le prolongement de ce qui est devenu le boulevard Saint-Jean-Baptiste. Il est intégré au chemin du Roy lors de son ouverture en 1734.
Le tracé de la rue à l'extrémité est de l'île change plusieurs fois. Avant l'ouverture du pont Pierre-Le Gardeur (1939), la rue aboutit à la vieille traverse du Chemin du Roy, qui relie l'île de Montréal et Repentigny. De 1840 à 1913, la voie est intégrée au réseau de la Commission des chemins à barrières. Au début du XXe siècle, elle se termine un peu plus au nord que son tracé actuel, suivant ce qui est devenu la rue Delphis-Delorme. Puis, selon une carte de 1929, la rue Notre-Dame emprunte un tracé devenu la 100e Avenue jusqu'à la pointe de l'île. Vers 1940, à la suite de l'ouverture du pont, on refait le tracé de l'extrémité est de la rue Notre-Dame pour rejoindre le pont. À l'est de la rue Delphis-Delorme, la rue Notre-Dame rejoint la rue Sherbrooke en un rond-point et la terrasse Sainte-Maria-Goretti longe la voie au sud, la remplaçant comme rue de circulation locale.
Vers 1671, des colons reçoivent des concessions en bordure du Saint-Laurent, sur les côtes Saint-Jean et Sainte-Anne. Peu après, la paroisse de l'Enfant-Jésus-de-la-Pointe-aux-Trembles (1674), une des plus anciennes de l'île, est constituée. Longtemps, le développement de ce territoire est centré sur la rue Notre-Dame. Le village est entouré de grandes terres agricoles. Le premier moulin (vers 1675-1718), endommagé par la crue des eaux, est remplacé par un second (vers 1719), situé près de la 3e Avenue et utilisé jusqu'en 1833. Les terrains aux abords de la voie sont majoritairement peuplés de résidants d'origine canadienne-française. À la fin du XIXe siècle, tout le cœur de l'ancien Village de Pointe-aux-Trembles (devenu Ville de Pointe-aux-Trembles en 1912) est bâti entre la 1re Avenue et le boulevard Saint-Jean-Baptiste. À la même époque, des bourgeois, dont plusieurs anglophones, se font construire de grandes maisons de campagne sur les terrains environnants, en bordure du fleuve. Jusqu'aux années 1950, le territoire de Pointe-aux-Trembles ne connaît qu'un développement assez restreint, de type rural et villageois. En raison de sa position sur la route principale reliant Québec et Montréal, c'est un relais pour les voyageurs, dont témoigne la présence de plusieurs hôtels, restaurants et stations-service sur la rue.
Durant l'entre-deux-guerres, son caractère champêtre et sa proximité au fleuve favorisent l'essor d'une villégiature qui s'adresse désormais aux couches populaires. La prolifération de chalets d'été en témoigne au moins jusqu'après la Seconde Guerre mondiale. Sur le terrain de la maison Antoine-Beaudry (construite entre 1731 et 1777) on trouve les Henry's Cabins (1935-1963) ; par la suite, le site est utilisé comme terrain de camping jusqu'en 1983.
L'urbanisation de la voie s'amorce vraiment après la Seconde Guerre mondiale et se fait par sections, d'abord à l'ouest de la 20e Avenue. Le paysage est surtout composé de duplex en brique. Il y a une concentration de maisons unifamiliales entre la rue Bellevue et la 86e Avenue et de grands immeubles d'appartements, dont les Habitations Saint-Georges (1949), entre la 19e et la 27e Avenue. Du côté sud de la rue subsistent plusieurs maisons rurales, dont la maison Antoine-Beaudry, devenue en 1997 la Maison de la culture de Pointe-aux-Trembles. S'y trouvent aussi plusieurs maisons de campagne, dont celles de Hugh Allan (1880) ou de Jean Versailles (1880). Progressivement se développe aussi une fonction commerciale de quartier entre la 2e Avenue et le boulevard Saint-Jean-Baptiste avec l'ouverture de banques, restaurants et tavernes.
En 1910, la section située entre l'avenue Georges-V et l'avenue Saint-Cyr est retranchée du Village de la Pointe-aux-Trembles pour former la Ville de Montréal-Est. Quant au Village de Pointe-aux-Trembles, devenu Ville en 1912, il est annexé à la Ville de Montréal en 1982. Ce territoire fait partie, depuis 2002, de l'arrondissement de Rivière-des-Prairies—Pointe-aux-Trembles.
La Ville de Montréal-Est, d'abord conçue pour être une cité-jardin, devient essentiellement un centre industriel. Entre autres, plusieurs industries pétrochimiques et raffineries construisent leur quai au sud de la rue, dont Texaco Canada (1924), devenu Interquisa Canada en 2003, Imperial Oil (1915) et Shell Canada (1933). De même, le Port de Montréal y étend ses installations. Une voie ferrée du Canadien Pacifique dessert ce secteur depuis 1897. L'hôtel de ville de Montréal-Est (1938, reconstruit en 1991) est établi entre les avenues Laurendeau et Dubé. Quelques entreprises érigent aussi leurs bâtiments sur le territoire de Pointe-aux-Trembles, dont la Compagnie aérienne franco-canadienne, avec son hangar (1929-fin des années 1980) conçu par l'architecte Ernest Cormier et l'usine de produits nettoyants Bon Ami. Elles sont ensuite remplacées par des ensembles résidentiels.
La rue Notre-Dame polarise les institutions scolaires de Pointe-aux-Trembles. Les religieuses de la Congrégation de Notre-Dame enseignent au couvent de la Trinité (1878) jusqu'en 1967. Le bâtiment leur sert depuis de maison de retraite. Plus à l'est, l'ancien Institut français évangélique (1846) devient une école secondaire mixte en 1972 et non loin se trouve l'ancienne académie Saint-Joseph de la Pointe-aux-Trembles (1855-1907). Le bâtiment de l'ancienne académie Roussin (1915) sert à la polyvalente Jérome-Le Royer de 1971 à 1983, puis est converti en centre communautaire. De plus, trois écoles primaires sont présentes le long de la rue : McLearon (1960, 19e Avenue) accueillent les enfants anglophones, tandis que Notre-Dame (1968, 56e Avenue), et Sainte-Maria-Goretti (1977, 83e Avenue), font de même pour les francophones. Trois églises catholiques desservent la population du quartier. La toute première, celle de l'Enfant-Jésus (1705), est reconstruite après un incendie en 1939. Avec le développement urbain s'ajoutent les églises Saint-Octave (1958) et Sainte-Germaine-Cousin (1962).
Au début du XXe siècle, une ligne de tramway est en service rue Notre-Dame jusqu'au coeur du Village de Pointe-aux-Trembles, puis jusqu'au Bout-de-l'Île. En 1937, les rails sont retirés et la voie est pavée. Depuis, les lignes d'autobus effectuent le même trajet.
Plusieurs espaces verts sont aménagés sur cette partie de la voie. Lieu de loisirs et de divertissement, l'hippodrome Richelieu (vers 1930-1978), situé côté sud entre la 86e et la 92e Avenue, attire les foules avec ses courses de chevaux. Le parc-nature de Pointe-aux-Prairies, du côté nord, entre la 67e Avenue et la rue Beausoleil, protège les derniers boisés de cette partie de l'île.


Une des plus vieilles rues de l'île, la rue Notre-Dame a été l'axe du peuplement rural et du développement de tous les anciens villages qu'elle traverse. Dans sa partie ouest, dans l'ancien Village de Saint-Henri, elle est la rue des ouvriers et des petits commerçants de quartier. On y vit au rythme du canal et de ses industries, à l'ombre des usines et au son des locomotives. En outre, elle demeure une importante artère commerciale de quartier. En son centre, elle est la rue la plus importante de la vieille ville, en accueillant d'abord les communautés religieuses et l'église paroissiale, puis en devenant la rue du commerce de détail par excellence, le siège de l'administration civile et le centre financier. Longtemps, le coeur de la ville bat à la place d'Armes. Depuis la fin du XXe siècle, elle est la rue où il fait bon flâner au coeur du quartier historique du Vieux-Montréal, comme le décrit Hector Fabre dans son texte « La vieille rue Notre-Dame » (1862) qui témoigne du plaisir de déambuler sur cette rue. À l'est de la vieille ville, la voie a considérablement changé d'aspect et de fonction depuis son ouverture. La pression du port et des industries a un impact important sur son paysage et, avec la circulation automobile, a tranquillement fait reculer la fonction résidentielle, en faisant un important couloir industrialo-portuaire. Son paysage, fragmenté par la fermeture des usines, ne laisse rien paraître de sa vocation passée, à l'exception de quelques enclaves résidentielles, vestiges de la paroisse de Saint-François-D'Assise-de-la-Longue-Pointe, à l'est du pont-tunnel.
La rue Notre-Dame offre une traversée de l'histoire de la ville, de sa naissance dans ce qui est devenu le Vieux-Montréal, en passant par le développement de ses faubourgs jusqu'à celui, plus récent, des anciennes villes de banlieue, telle Pointe-aux-Trembles. Elle est une des rues les plus représentatives de la ville, illustrant la naissance de Montréal et son développement sous les Régimes français puis britannique, en même temps que l'importance du développement ferroviaire, l'apogée industrielle et les conditions de vie des quartiers ouvriers. Elle est un axe de communication important pour traverser l'île d'ouest en est, reliant l'arrondissement de Lachine au Bout-de-l'Île.

Consulter la carte de cette section