Enfouissement de fils électriques en face de la place d'Armes - 1916
La rue Notre-Dame et ses intersections

De la rue McGill à la rue Saint-Hubert

Nous voici au coeur historique de la rue Notre-Dame ; son segment le plus ancien, conçu dès 1672. C'est François Dollier de Casson, supérieur des sulpiciens, les seigneurs de Montréal, qui en fait le tracé initial et renforce son importance en décidant d'y installer l'église paroissiale. Au XVIIIe siècle, la rue va de la porte des Récollets à l'ouest jusqu'à la butte de la citadelle (rue Bonsecours), à l'est. Déjà, vers 1750, les terrains aux abords de la voie sont presque entièrement bâtis. À l'est, après la démolition des murs d'enceinte (1804-1817) et le nivellement de la butte (1820), le square Dalhousie (1821-1893) est créé sur le site de l'ancienne porte de Québec, entre les rues Berri et Lacroix (disparue), permettant à la rue Notre-Dame d'atteindre la rue Saint-Hubert. Elle rejoint ainsi la rue Sainte-Marie, qui la prolonge au cœur du faubourg Québec. À cette époque, la rue Notre-Dame est l'artère principale de la vieille ville. En raison de son importance, elle est une des premières rues éclairées par des lampes à l'huile (1815) puis à l'électricité (1886). Cette portion de la rue fait partie de l'arrondissement de Ville-Marie.

Au centre de la vie religieuse

Dès le départ, la rue focalise la vie religieuse puisque Dollier de Casson y installe, en plein centre, la première église paroissiale (1683-1830) et à côté, le séminaire de Saint-Sulpice, qui, construit en 1684 et agrandi plusieurs fois, est le plus ancien bâtiment de la ville encore debout. L'église paroissiale, devenue insuffisante est remplacée par un vaste temple de style néo-gothique (1829), construit tout juste au sud, face à la place d'Armes. Pour cette raison, la rue Notre-Dame est longtemps le passage obligé des manifestations et processions, comme l'enterrement de Sir George-Étienne Cartier, un des Pères de la Confédération, en 1873.
Les grandes communautés religieuses veulent aussi y avoir pignon sur rue. Les jésuites construisent leur résidence (1692-1803) et leur église (1719-1803) sur le site actuel de l'hôtel de ville et de la place Vauquelin, tandis que les récollets installent leur couvent (1692-1867) et leur église (1703-1867) entre les rues Saint-Pierre et McGill. Avec la Conquête, les ordres religieux masculins sont interdits (les sulpiciens, n'étant pas un ordre religieux, échappent à cette mesure). Leurs propriétés sont confisquées par l'administration britannique et leurs églises sont cédées à d'autres communautés. Celle des jésuites devient la Christ Church (anglicane) en 1789, puis est incendiée en 1803. La cathédrale anglicane, reconstruite en 1814, un peu plus loin rue Notre-Dame, à l'ouest de la rue Saint-Lambert (devenue Saint-Laurent), est détruite à nouveau par un incendie en 1856, puis est rebâtie rue Sainte-Catherine. L'église des récollets sert la communauté catholique irlandaise de 1818 jusqu'à l'achèvement de l'église St. Patrick, en 1847, puis loge la Congrégation des hommes de la Sainte-Vierge durant vingt ans, avant d'être démolie en 1867.
Les religieuses de la Congrégation de Notre-Dame sont aussi installées rue Notre-Dame. Elles occupent leur couvent (1684-1913), situé au pied du boulevard Saint-Laurent (entre les rues Notre-Dame, Saint-Jean-Baptiste, Saint-Paul et les terrains de l'Hôtel Dieu) jusqu'à leur déménagement rue Sherbrooke en 1908. De leur côté, les religieuses hospitalières de Saint-Joseph sont logées rue Saint-Paul, où est installé, de 1645 à 1861, leur Hôtel-Dieu jusqu'à son déménagement sur l'avenue des Pins. L'église orthodoxe grecque syrienne Saint-Nicolas (1912) occupe jusqu'en 1949 le bâtiment du 452, rue Notre-Dame Est, construit sur le site d'une ancienne pension de famille. L'immeuble est recyclé en appartements au début des années 2000.
Au XVIIIe siècle la voie est surtout résidentielle. La présence de l'église paroissiale et des communautés religieuses en fait une rue de prestige où habitent les plus fortunés, sur la crête surplombant la ville. Sous le Régime français, elle est bordée d'habitations en moellons, de deux ou trois étages, ornées d'un toit en pignon à lucarnes. Avec la Conquête, les anciens habitants sont en partie remplacés par des résidants d'origine britannique, qui composent bientôt la majorité de la population à l'ouest de la rue Saint-Lambert (devenue le boulevard Saint-Laurent), tandis que les francophones demeurent majoritaires à l'est. La maison (1837) de Sir George-Étienne Cartier témoigne de l'attraction de la rue. Située au 458, rue Notre-Dame Est, elle devient un Lieu historique national du Canada en 1973 et est aménagée en musée.

Siège du pouvoir civil et judiciaire

Les diverses composantes de l'administration civile s'établissent progressivement rue Notre-Dame. Depuis le Régime français, il y a continuité dans le choix de cette rue comme siège du pouvoir politique et judiciaire, ce qui ajoute à son importance. La fonction gouvernementale y est d'abord présente avec le Château Ramezay (1705, agrandi en 1756), résidence du gouverneur de Montréal Claude de Ramezay, puis occupé par la Compagnie des Indes Occidentales. Après la Conquête, l'immeuble est acheté par le gouvernement britannique pour y loger le gouverneur, tandis que le général Montgomery y installe ses quartiers lors de l'occupation américaine de 1775-1776. Le bâtiment remplit ensuite diverses fonctions, notamment éducatives. L'école normale Jacques-Cartier et le ministère de l'Instruction publique l'occupent de 1857 à 1878 et la faculté de médecine de l'Université de Laval à Montréal s'y installe jusqu'en 1889. En 1896, le Château Ramezay devient un musée géré par la Société d'archéologie et de numismatique de Montréal. Il s'agit du premier monument classé « relique nationale » par la Commission des monuments historiques du Québec, en 1929.
Au début du XIXe siècle, le Château Ramezay fait partie d'un espace où s'exprime avec force le pouvoir britannique dans la ville. En témoigne la présence, tout autour, non seulement d'immeubles à fonction judiciaire, mais aussi du Champ de Mars utilisé par les militaires, de la colonne Nelson (1809) et du corps de garde principal de la garnison britannique, jusqu'au retrait de celle-ci en 1870.
Les fonctions juridique et pénale sont présentes rue Notre-Dame depuis le Régime français. Le greffe, quatre palais de justice et les prisons s'y sont succédés à partir du XVIIIe siècle. Après la Conquête, les tribunaux logent un temps dans l'ancienne résidence des jésuites, qui fait aussi office de prison de 1768 à 1803. Ce terrain est utilisé pour la construction du premier palais de justice (1800-1844). Incendié, il est reconstruit sur le même emplacement en 1856. Bien qu'on lui ajoute un étage et un dôme dans les années 1890 puis une annexe en 1905, le manque d'espace impose la construction d'un second palais en 1926. Œuvre d'Ernest Cormier, ce « nouveau palais » est caractérisé par une imposante colonnade et des portes monumentales. De 1925 à 1970, le « vieux palais » reçoit les causes civiles tandis que le nouveau traite les affaires criminelles. En 1971, un nouveau palais de justice prend la relève. Construit à côté des précédents, il est logé dans une tour de style moderne à l'angle du boulevard Saint-Laurent. Le vieux palais est par la suite cédé à l'administration municipale. L'immeuble de Cormier, après avoir logé le Conservatoire de musique et le Conservatoire d'art dramatique de Montréal, de 1975 à 2001, ainsi que les Archives nationales du Québec à Montréal, retrouve en 2005 sa vocation judiciaire en abritant la Cour d'appel.
L'inauguration de l'hôtel de ville de Montréal en 1878 fixe le siège de l'administration municipale rue Notre-Dame, à l'angle de la rue Gosford. Détruit par un incendie en 1922, il est reconstruit en utilisant les murs d'origine. Le nouvel immeuble est inauguré en 1926. Son balcon est rendu célèbre par le discours du général de Gaulle en 1967. Au fil des ans, autour de l'hôtel de ville se constitue un pôle administratif municipal qui comprend la cour municipale (1913), le quartier général de police (1960), l'édifice Chaussegros-de-Léry (1991) et l'ancien palais de justice (1856, devenu l'édifice Lucien-Saulnier en 1993).
L'hôpital Notre-Dame occupe à partir de 1880 les anciens locaux de l'hôtel Donegana, à l'angle nord-ouest de la rue Berri. Après le déménagement progressif des services hospitaliers sur la rue Sherbrooke, complété en 1924, l'immeuble est démoli. Son site sert un temps de stationnement, puis des maisons d'appartements y sont construites en 1983.

Rue commerciale par excellence

L'implantation de nombreux magasins rue Notre-Dame la consacre comme l'une des plus importantes artères commerciales au XIXe siècle. Dès 1808, la rue est animée par la présence du marché Neuf (devenu place Jacques-Cartier), qui même après l'ouverture du marché Bonsecours en 1847, continue d'être un marché à ciel ouvert jusqu'au milieu du XXe siècle.
Les détaillants sont nombreux, surtout dans la partie ouest du segment, où ils habitent les maisons-magasins. Avec l'intensification des activités commerciales à partir de 1850, les résidences disparaissent, remplacées par des magasins-entrepôts. Toute la ville vient y faire ses achats chez le droguiste, le tailleur, le chapelier, le bottier, le vendeur de tabac ou le marchand de tissu, qui sont surtout d'origine britannique ou américaine. C'est la rue par excellence de la vente au détail, jusqu'à ce que la rue Sainte-Catherine ne la remplace à la fin du XIXe siècle.
Place Jacques-Cartier, un kiosque à fleurs maintient encore l'ancienne fonction commerciale au XXIe siècle. En bordure de la rue, la colonne et la statue de l'amiral Nelson, vainqueur de Napoléon à Trafalgar, sont installés en 1809 au nord du square. Cet ensemble forme un des plus anciens monuments de la ville et témoigne de la crainte suscitée par la France révolutionnaire et impériale chez les dirigeants montréalais. Il fait face à la statue de Jean Vauquelin, sur la place du même nom (1930), anciennement place Neptune (1858). La place De La Dauversière, située à l'est de la place Jacques-Cartier, sert un temps pour agrandir la place de marché, puis de stationnement avant d'être aménagée en espace public (1997).
La compagnie Montreal City Passenger Railway intègre la rue Notre-Dame dans son tout premier réseau de tramway hippomobile en 1861. Le tracé de cette ligne va de la rue McGill à la rue du Havre. Durant la première moitié du XXe siècle, plusieurs lignes de tramways y circulent et convergent vers la place d'Armes, plaque tournante du réseau de transport urbain.
La circulation y devenant toujours plus importante, la voie est élargie. À la suite des pressions des commerçants, quatorze pieds de profondeur des immeubles sont détruits entre les rues McGill et Lacroix dans les années 1860 pour permettre son agrandissement du côté nord. Les bâtiments reconstruits sont plus hauts, ayant de quatre à cinq étages, un toit plat et une façade en pierre de taille. En 1891, la rue est de nouveau élargie du côté nord seulement, pour la petite portion située entre les rues Lacroix et Saint-Hubert.

Redéveloppement en centre des affaires, puis en quartier historique

À partir du milieu du XIXe siècle, la rue Notre-Dame connaît une redéfinition de sa fonction. D'une part, avec le déclin du commerce de détail, les magasins-entrepôts sont utilisés davantage pour les activités d'entreposage et de fabrication. D'autre part, la voie devient progressivement, avec la rue Saint-Jacques, le centre des affaires. Les activités financières envahissent alors le secteur situé à l'ouest du boulevard Saint-Laurent, tandis que les bureaux d'avocats, de notaires et de services juridiques s'installent surtout à l'est, dans le voisinage des palais de justice. Au tournant du XXe siècle, l'évolution économique entraîne ainsi une transformation de la voie, avec l'émergence de la fonction administrative et l'essor des immeubles à bureaux. Compagnies d'assurances, banques et fiducies donnent le ton avec la construction de sièges sociaux prestigieux qui comportent aussi des espaces locatifs destinés aux divers professionnels qui gravitent dans le domaine. Si la rue Saint-Jacques est réputée comme cœur financier du Canada avant 1945, sa voisine plus au sud attire également des entreprises. Il est d'ailleurs significatif que l'immeuble de la Banque Royale, dont l'entrée principale est rue Saint-Jacques, possède aussi une entrée plus discrète rue Notre-Dame.

La place d'Armes

Au coeur de la ville, la rue forme l'un des côtés de la place d'Armes. Celle-ci est un lieu chargé d'histoire et le symbole de l'évolution de la ville, de sa fonction religieuse d'origine à son rôle de polarisation des sièges sociaux des grandes institutions financières.
Sous le Régime français, l'établissement de l'église paroissiale et du séminaire en domine l'aménagement. D'abord propriété des sulpiciens, cette « place de la fabrique » jouit d'une situation privilégiée en haut de la côte. Lorsque le site des manoeuvres militaires, jusqu'alors sur la place Royale, y est déplacé vers 1729, elle reçoit le nom de « place d'Armes ». C'est un lieu de socialisation d'importance où les Montréalais viennent à la messe dominicale, assistent à la lecture des décrets et ordonnances à la sortie de l'église et fréquentent un marché à foin et à bois de 1781 à 1813.
Après la Conquête, un buste de George III y est installé, mais il disparaît peu après pour être retrouvé plus tard au fond d'un puits. La démolition en 1830 de l'église paroissiale qui occupait le centre de la rue Notre-Dame permet l'aménagement de la place d'Armes en jardin public avec des portails, des grilles, une fontaine et la plantation d'arbres. En 1895, la fontaine est remplacée par un monument à la mémoire de Paul de Chomedey de Maisonneuve pour célébrer le 250e anniversaire de la fondation de Montréal. Il y est représenté entouré des principaux acteurs de la fondation de la ville : Jeanne Mance (vers 1606-1673), Charles Lemoyne (1626-1685), Lambert Closse (vers 1618-1662) et un Iroquois. Au début du XXe siècle, les clôtures sont retirées et le jardin est remplacé par du béton et de la pierre. Durant cette époque, la place est un haut-lieu de rassemblements, en lien étroit avec la présence de l'église Notre-Dame.
Les bâtiments qui bordent la place d'Armes sont le reflet des époques qu'elle a traversées. Comme un palimpseste, la place voit plusieurs d'entre eux maintes fois reconstruits sur l'emplacement de plus anciens. Jusqu'au milieu du XIXe siècle, elle est entourée de résidences, d'ateliers d'artisans et de lieux de rencontre, dont l'auberge Dillon. Dans les anciennes maisons s'installent progressivement des magasins de luxe, des restaurants et des hôtels. Par la suite, alors que le Montréal victorien s'impose comme le principal centre économique du Canada, les établissements financiers y sont attirés.
Du côté nord de la place, la Banque de Montréal est la première à s'installer en 1819. Elle grandit rapidement et fait construire en 1847 tout juste à côté, sur le site d'une ancienne école de médecine, un nouveau siège social caractérisé par une imposante colonnade. La Montreal Savings Bank occupe aussi ce nouvel édifice, tandis que l'ancien devient le nouveau siège de la Banque du Peuple. À l'angle nord-ouest de la rue Saint-Jacques et de la côte de la Place-d'Armes, la City Bank fait construire un immeuble en 1846. L'emplacement de la première Banque de Montréal est occupé par l'édifice principal de la poste (1876), démoli à la fin des années 1950 et remplacé par une tour, inaugurée en 1960, qui est une composante du siège social de la Banque de Montréal.
Du côté est, les bâtiments se succèdent tout aussi rapidement. Le Muir Building (1867), de quatre étages, voisin du nouveau siège de la Banque Jacques-Cartier (1873), marque la présence de la bourgeoisie canadienne-française sur la place d'Armes. À l'angle nord-est de la côte de la Place-d'Armes, la compagnie Great Scottish Life Insurance fait construire en 1870 un immeuble de cinq étages (occupé depuis par l'hôtel Place d'Armes) et en 1889 est inauguré le nouveau siège social de la New York Life Insurance Company, que certains auteurs définissent comme le premier gratte-ciel de Montréal : un immeuble de huit étages, surmonté d'une tour-horloge, qui se démarque par le rouge de son granit d'Écosse. L'édifice Duluth (1913), construit à l'angle sud-est des rues Notre-Dame et Saint-Sulpice, bat tous les records avec ses dix étages. À la fin des années 1920, la société financière newyorkaise Aldred and Co. fait construire un imposant édifice de 23 étages, dont l'architecture Art déco rappelle l'Empire State Building.
Du côté sud, le cadre bâti est fixe depuis la construction de la Basilique Notre-Dame et du Séminaire des sulpiciens.
Du côté ouest, la construction de l'Insurance Building (1858) entraîne la démolition de nombreuses maisons. Siège de la Liverpool and London Life and Fire Assurance, il abrite aussi de nombreuses compagnies d'assurances anglaises et des banques. Derrière, face à la rue Saint-François-Xavier, le Transportation Building (1914) est le premier immeuble à bureaux diversifié qui ne soit pas associé à une entreprise. Dans les années 1960, tous les bâtiments sont démolis pour faire place au nouvel immeuble de la Banque Canadienne Nationale (1967), de 32 étages, qui domine tous les autres édifices autour de la place.
Ainsi, la place d'Armes et son environnement bâti inscrivent dans la pierre les grandes forces qui ont marqué l'histoire montréalaise depuis la construction du séminaire des sulpiciens jusqu'à celle de la tour moderne de la Banque Nationale, en passant par les résidences, les commerces, l'église Notre-Dame et les immeubles de bureaux.

Au rythme du Vieux-Montréal

Après 1960, la rue Notre-Dame perd un peu de son lustre au fur et à mesure du déplacement du centre-ville vers le nord-ouest et du recul de la prééminence financière de Montréal. Bien que le premier centre-ville est redéfini comme quartier historique — sous le nom de Vieux-Montréal — en 1963. Toutefois, amputé d'une partie de ses fonctions, il devient dans les années 1970 un secteur en déclin. Plusieurs stationnements occupent les terrains devenus vacants aux abords de la voie.
La rue Notre-Dame connaît un nouvel essor avec le développement des activités récréo-touristiques, ses édifices, ses monuments et ses places attirant maintes activités sociales et culturelles. La place Jacques-Cartier forme le coeur du quartier historique et elle est, en été, un des lieux les plus animés du Vieux-Montréal, où défilent artistes et amuseurs de rue, tandis que cafés et boutiques de souvenirs occupent les vieux bâtiments. Avec la revitalisation du secteur au tournant des années 1980, plusieurs magasins-entrepôts sont recyclés à des fins résidentielles tout au long de la rue. En outre, des immeubles d'appartements en copropriété sont construits entre les rues Gosford et Berri et sont habités par une population aisée. La rue Notre-Dame demeure au centre du quartier du Vieux-Montréal, dans l'arrondissement de Ville-Marie.
Le rôle central de la place d'Armes est souligné par celui, durant la première moitié du XXe siècle, de plaque tournante du réseau de tramways entre l'est et l'ouest de la ville. Depuis, deux lignes d'autobus relient la rue Saint-Sulpice à la rue Bonsecours et les stations de métro Champ-de-Mars et Place-d'Armes, situées à proximité, sont inaugurées en 1966. La voie est un sens unique vers l'est, du segment à l'ouest de la rue University au boulevard Saint-Laurent.

Développement ferroviaire

Dès les années 1870, la Ville de Montréal prend des mesures pour susciter l'implantation d'une société ferroviaire dans l'est de la ville, de manière à contrebalancer les installations du Grand Tronc du côté ouest. À cette fin, elle achète du gouvernement fédéral les Casernes de la porte Québec (quadrilatère borné par les rues Notre-Dame, Lacroix, des Commissaires et Berri) et offre le terrain en 1872 au Chemin de fer de colonisation du nord de Montréal (1869, devenu le Québec, Montréal, Ottawa et Occidental en 1875) pour y construire son terminus. En 1882, le deuxième grand réseau ferroviaire, celui du Canadien Pacifique (1881), rachète cette ligne et entreprend de construire un terminus. La gare Dalhousie (1882), ou gare Faubourg Québec, est ouverte entre les rues Berri et Saint-Hubert au sud de la rue Notre-Dame et sert temporairement pour le trafic passager. En 1886, le premier train de voyageurs transcontinental, le Pacific Express, part de ses quais. Toutefois le Canadien Pacifique, dans sa stratégie de lutte contre son rival, désire aussi implanter une gare dans l'ouest de la ville, ce qu'il réalise avec la gare Windsor (1889), située presqu'à côté de la gare Bonaventure.
Devant les protestations de la Ville, qui dénonce le détournement du trafic passager vers la Gare Windsor, le Canadien Pacifique accepte, en échange d'un nouveau don de terrains, d'agrandir ses installations de façon significative. Le complexe hôtelier de la Gare Viger, dont la façade est sur la rue Saint-Antoine, est mis en chantier en 1896 et la gare Dalhousie est graduellement transformée en annexe, logeant bureaux et entrepôts. Le Canadien Pacifique obtient également d'agrandir considérablement sa cour de manœuvre et d'y installer des infrastructures pour le fret, entraînant le réaménagement des approches de la gare, l'arasement des terrains au niveau de la rue Saint-Antoine, la disparition du square Dalhousie et la reconstruction de la rue Notre-Dame en viaduc entre les rues Berri et Lacroix.
En 1910, le Canadien Pacifique réaménage complètement la cour de manoeuvre de la gare. Ayant acquis de nombreux terrains entre la rue Notre-Dame et la rue Saint-Antoine, l'entreprise démolit presque toute la partie sud du vieux quartier Saint-Jacques, soit des centaines de maisons, entre les rues Berri et Amherst. De plus, elle arase le reste du terrain au niveau de la rue Saint-Antoine et prolonge le viaduc de la rue Notre-Dame vers l'est jusqu'à la rue Montcalm. Un nouvel édifice, distinct de l'hôtel, est ajouté le long de la rue Berri pour loger exclusivement la gare. Le bâtiment de la gare Dalhousie est transformé en entrepôt, avant d'être finalement restauré et occupé par l'École nationale de cirque (1986-2003) puis le cirque Éloize à partir de 2004. Faute de clientèle, l'hôtel Viger ferme en 1935, mais la gare demeure en service jusqu'en 1951. La Ville fait alors l'acquisition de l'ensemble et y installe des services administratifs alors que les voies immédiatement derrière sont retirées de 1953 à 1955. Au sud de la rue Notre-Dame, les installations ferroviaires demeurent en service jusqu'à la fin des années 1970. Depuis, le secteur est réaménagé et, dans le cadre du projet Faubourg Québec, la gare de triage est remplacée par des immeubles résidentiels.

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