Du boulevard Saint-Michel à l’autoroute 25
La rue est prolongée par tronçon
entre les années 1904 et 1930 jusqu’à la 35e Avenue. Par la suite, on
l’étend graduellement jusqu’à l’autoroute 25, entre le milieu des années 1950 et
les années 1970. Il faut attendre les années 1920 et plus encore l’après-guerre,
pour que cette partie de la rue soit habitée de manière significative. À partir
des années 1950 marquée par la croissance des banlieues, on développe le
« Nouveau Rosemont », stimulé par la construction de l’hôpital de
Maisonneuve (1953), du sanatorium Saint-Joseph de Rosemont (entre 1947 et 1950)
et de l’Institut de cardiologie (1966). Par la suite, les constructions
s’étendent jusqu’aux environs de la rue Lacordaire d’abord et ensuite,
au-delà.
De nouveaux noyaux paroissiaux apparaissent, comme la paroisse Saint-Eugène
(1954), à la hauteur de la 14e Avenue, dont l’église est reconvertie
en centre communautaire. Dans le même quadrilatère, se trouve le CEGEP de
Rosemont et, en biais, les bâtiments du Rosemount High School, rappellant la
présence anglophone dans le quartier.
Situé dans cette partie de la rue Beaubien, entre la 21e Avenue et
le boulevard Pie-IX, le centre Paul-Sauvé (inauguré en 1960 et démoli entre
novembre 1992 et février 1993) est un lieu de mémoire qui marque
l’imaginaire collectif québécois tant par sa vocation sportive que politique et
culturelle. Construit à l’origine pour remplacer la Palestre Nationale de la rue
Cherrier comme centre sportif, il accueille plusieurs évènements lors des Jeux
olympiques de 1976. Sa taille et son emplacement lui
permettent de servir à de nombreuses autres manifestations, dont des réunions
des principales centrales syndicales et le congrès de 1970 du
Rassemblement pour l’indépendance nationale (R.I.N.). Le Parti Québécois y a
connu des moments marquants de son histoire, comme la célébration de sa victoire
électorale de 1976 et, le soir du référendum de mai 1980, le discours historique
de son chef, René Lévesque.
Le développement des paroisses se poursuit avec la construction, en
1962-1963, de l’église Saint-Jean-Vianney, dont l’architecture résolument
moderne tranche avec les autres bâtiments religieux. Le caractère hétéroclite de
la rue est interrompu entre la 31e Avenue et la 35e
Avenue. Du côté nord de la rue, face au parc de la Louisiane, s’ouvre un
ensemble planifié de bungalows qui s’étend jusqu’à la rue Bélanger; tout à fait
inattendus dans ce secteur, les bâtiments datent de 1949-1950. Après la rue
Lacordaire, on trouve en alternance des Town Houses, des immeubles
d’appartements et des petits centres commerciaux. De nombreux parcs et le
cimetière Le repos Saint-François d’Assise (Cimetière de l’Est, 1916) jalonnent
la voie. La dernière section, entre le boulevard des Galeries d’Anjou et
l’autoroute 25, est occupée par de grands ensembles d’appartements en hauteur.
Le segment est desservi par une ligne d’autobus sur la presque totalité de son
parcours.
Des familles de classe moyenne habitent la rue, encore que la composition
sociale soit assez variée. S’ajoutent à ces familles des étudiants et des jeunes
professionnels qui bénéficient des loyers plutôt abordables de ce secteur de la
ville. Majoritairement, les gens qui habitent la rue Beaubien sont d’origine
canadienne-française, mais la communauté italienne occupe une place
importante.
À l’échelle de la métropole, la
rue Beaubien est une rue rythmée par les différents quartiers qu’elle traverse.
Chantée par le groupe Beau Dommage comme lieu des Montréalais francophones
« ordinaires », elle témoigne de la grande poussée d’urbanisation de
l’après-Seconde Guerre mondiale qui transforme en profondeur l’arrondissement de
Rosemont–La Petite-Patrie. Elle constitue un exemple typique de rue principale
de quartier.