Destination patrimoniale : Vieux village de Pointe-Claire

La destination patrimoniale du vieux village de Pointe-Claire est située dans le sud-ouest de l’île de Montréal, le long du chemin du Bord-du-Lac qui borde le lac Saint-Louis.

Le noyau paroissial de Pointe-Claire, composé de l’église, du presbytère, du couvent et du moulin banal, jouit d’une localisation hors du commun sur une pointe de terre qui s’avance dans le lac Saint-Louis. Le lotissement des rues anciennes, le mode d’implantation des bâtiments, leur ancienneté et leur architecture créent un paysage évocateur du village du début du 18e siècle. Malgré l’incendie de 1900 qui détruit une partie du village, le patrimoine bâti de Pointe-Claire est remarquablement bien préservé. Cette destination patrimoniale offre une concentration exceptionnelle de bâtiments anciens, dont des maisons de ferme, des maisons villageoises et le moulin banal, datant de 1710, ainsi qu’un contact privilégié avec le lac Saint-Louis.

Première implantation et développement du village

Durant la seconde moitié du 17e siècle, les sulpiciens, seigneurs de l’île de Montréal, divisent le territoire en côtes, lesquelles sont constituées de longues bandes de terres destinées à être défrichées et cultivées par des colons. À cette époque, la côte de la Pointe-Claire couvre l’ensemble des terres longeant le lac Saint-Louis. Lors de la concession des terres dans ce secteur, les sulpiciens se réservent l’extrémité de la pointe pour y faire bâtir un moulin à vent à l’intention des gens des campagnes environnantes. Terminé en 1710, le moulin banal de Pointe-Claire est l’un des plus anciens vestiges de l’île de Montréal. Un petit presbytère est érigé sur la pointe, faisant également office de chapelle. En 1706, une ordonnance de l’intendant de la colonie prévoit le prolongement du chemin de La Présentation (Dorval) jusqu’à l’extrémité ouest de l’île. Ouverte le long des rives du lac Saint-Louis, la route, devenue le chemin du Bord-du-Lac, est la toute première route terrestre de l’ouest de l’île.

Plan du village de Pointe-aux-Trembles, 1879 Agrandir Plan du village de Pointe-aux-Trembles, 1879
Source : Henry W. Hopkins, Atlas of the Island and City of Montreal and Ile Bizard, planche 61, (détail), BAnQ, G/1144/M65G475/H6/1879 CAR

Au cours de la première moitié du 18e siècle, un village prend progressivement forme sur la pointe. En 1713, une église paroissiale y est construite et, vers 1729, une enceinte de pieux est aménagée autour, formant le fort de Pointe-Claire. Cette année-là, les principaux bâtiments du village sont déjà en place. Durant les années 1740, de nombreux terrains sont concédés près de la pointe. La population du petit village s’accroît et la première église est remplacée par une plus grande en 1750. L’Aveu et dénombrement des sulpiciens, document recensant en détail l’occupation de leur seigneurie, indique 19 maisons au village de Pointe-Claire. Pendant longtemps, il ne compte que quelques rues, en bordure desquelles sont établies des maisons de bois et quelques boutiques d’artisans (forgeron, cordonnier, voiturier et ferblantier) qui desservent la population des environs.

En 1787, les sœurs de la Congrégation de Notre-Dame viennent s’installer dans un couvent, près de l’église, afin de se consacrer à l’enseignement.

La pointe vers 1930 Agrandir La pointe vers 1930
Source : BAnQ P600, S5, PIMC27

Quelques décennies plus tard, celui-ci ne répond plus à leurs besoins et les sœurs acquièrent en 1866 le terrain de la pointe, incluant le moulin banal, pour y faire bâtir un nouveau couvent. L’église paroissiale, elle aussi rendue trop exiguë, est remplacée par une troisième dont l’édification débute en 1868. Détruite par un incendie, elle est reconstruite de 1881 à 1885 sur le même emplacement. Le presbytère, érigé en 1848, est lui aussi remplacé en 1913. Dès lors, le cadre bâti de la pointe change relativement peu, mis à part l’ajout de deux ailes au couvent au début des années 1960. La vocation institutionnelle de la pointe, maintenue depuis les débuts de Pointe-Claire, contribue à la valeur patrimoniale du site.

Hôtel Charlebois, vers 1910 Agrandir Hôtel Charlebois, vers 1910
Source : Collection de cartes postales, BAnQ, 0002634324

Pointe-Claire sert de lieu de relais pour les voyageurs au départ ou à destination de Montréal. Quelques hôtels voient le jour dans le village, le long du chemin principal. Avec l’arrivée du train dans les années 1850, le trajet vers Montréal, qui prenait auparavant quatre heures en voiture ou en carriole, se fait désormais en moins d’une heure. Cette proximité avec la ville et le cadre champêtre des rives du lac Saint-Louis font de ce secteur un lieu recherché par les villégiateurs dès la seconde moitié du 19e siècle. Cette nouvelle vocation amène l’ouverture d’hôtels, dont l’hôtel Canada et l’hôtel Charlebois, et la construction de résidences d’été en bordure des rives. Le village connaît durant cette période une croissance considérable.

Projets de cité-jardin

Plan du développement résidentiel de Cedar Park, 1951 Agrandir Plan du développement résidentiel de Cedar Park, 1951
Source : Underwriters’ Survey Bureau, Insurance Plan of the Town of Pointe Claire, planche 12, (détail), BAnQ, G 3454 P655G475 1951 U53 DCA

L’amélioration des transports durant la seconde moitié du 19e siècle favorise également le développement résidentiel à Pointe-Claire. Trois importants projets inspirés du concept de cités-jardins, où la végétation occupe une place importante, son entrepris. Dès 1893, un promoteur projette le lotissement des terrains de l’avenue Cedar, qui mène à la gare du même nom. Il vise une clientèle anglo-protestante aisée puisqu’il prévoit l’établissement d’une église sur un rond-point au centre de l’avenue. Cedar Park est le premier développement résidentiel de Pointe-Claire.

À proximité, Frederick Todd, un architecte-paysagiste pionnier au Canada, conçoit l’aménagement résidentiel Bowling Green, dans lequel on souhaite allier le caractère rural et champêtre du paysage avec les besoins de la vie urbaine. Entre 1905 et 1913, une douzaine de lots résidentiels sont organisés autour d’un parc destiné à la pratique du boulingrin.

À l’ouest du village de Pointe-Claire, des lots résidentiels sont établis sur le pourtour d’un terrain de golf, le Beaconsfield Golf Club, situé sur le site d’une ancienne carrière de calcaire. À l’origine, les terrains sont réservés aux membres du club. Dans les années 1930 et 1950, les maisons d’été sont transformées en résidences permanentes. Par leur aménagement et leur façon d’intégrer la composante naturelle, ces projets résidentiels témoignent des tendances urbanistiques du début du 20e siècle.

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Pour en savoir plus

Ouvrages généraux et monographies

DAGENAIS, Michèle. Montréal et l’eau : une histoire environnementale. Montréal, Boréal, 2011, 306 p.

LINTEAU, Paul-André. Histoire de Montréal depuis la Confédération. Montréal, Boréal, 1992, 613 p.

MARSAN, Jean-Claude. Montréal en évolution : historique du développement de l’architecture et de l’environnement urbain montréalais. Montréal, Éditions du Méridien, 1994 (1974), 515 p.

ROBERT, Jean-Claude. Atlas historique de Montréal. Montréal, Art Global/Libre Expression, 1994, 167 p.

Documents électroniques et sites Web

MINISTÈRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS. Répertoire du patrimoine culturel du Québec [En ligne].

SOCIÉTÉ POUR LA SAUVEGARDE DU PATRIMOINE DE POINTE-CLAIRE. [En ligne].

VILLE DE MONTRÉAL, SERVICE DE LA MISE EN VALEUR DU TERRITOIRE ET DU PATRIMOINE. Évaluation du patrimoine urbain. Arrondissement de Pointe-Claire. Montréal, Ville de Montréal, 2005, 55 p. [En ligne].

VILLE DE MONTRÉAL, SERVICE DE LA MISE EN VALEUR DU TERRITOIRE ET DU PATRIMOINE. Grand répertoire du patrimoine bâti de Montréal [En ligne].

Brochures et autres

DES ROCHERS, Jacques. Un lieu nommé Pointe-Claire. Guide d’excursion patrimoniale, s.l., s.n., 2000, 32 p.

SOCIÉTÉ POUR LA SAUVEGARDE DU PATRIMOINE DE POINTE-CLAIRE. À la pointe claire, s.n., 2005, 49 p.