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Valérie Plante

Valérie Plante, photo: Ville de Montréal - Sylvain LégaréValérie Plante, photo: Ville de Montréal - Sylvain Légaré

Élue pour la première fois en 2013, Valérie Plante est aujourd'hui mairesse de Montréal.

 

Pourquoi vous êtes-vous lancée en politique municipale ?

C'est le parti, Projet Montréal, qui m'a approchée en 2013. Ils étaient à la recherche de femmes pour être candidates aux élections. À cette époque, j'étais une militante engagée dans sa communauté, très politisée, mais je n'avais jamais fait de politique active et je n'avais jamais été membre d'un parti politique. J'ai accepté de me lancer parce que j'avais envie d'amener mon engagement politique à autre niveau. Je voulais voir comment je pourrais influencer la machine politique de l'intérieur.

 

Quels sont les enjeux municipaux ou sociaux qui vous tiennent à cœur ?

Ce qui m'a toujours motivée dans mon parcours de femme, de militante et de maman, c'est tout ce qui touche la justice sociale. Que peut-on faire comme société ou comme ville pour diminuer les inégalités, sur tous les plans : l'emploi, l'accès au logement ou au transport, la proximité des espaces verts, la sécurité, etc. ? Tous ces éléments sont essentiels, mais pour moi, en matière de justice sociale, l'accès à un logement à prix abordable et salubre est primordial.

 

Y a-t-il un projet que vous aimeriez réaliser?

Il y a deux projets majeurs en cours, dont je suis vraiment fière : le Grand parc de l'Ouest et la rue Sainte-Catherine, au centre-ville.

Pour le parc de l'Ouest, j'ai décidé de préserver un des grands espaces verts de Montréal et d'en faire un immense parc. C'est fou : ce parc fait 15 fois le mont Royal et comprend des terres agricoles, des marais et des forêts ! C'est un grand legs pour Montréal, un geste important dans la lutte aux changements climatiques, car les espaces verts font office d'éponges pour les gaz à effet de serre, et ça change complètement la façon de faire de la planification urbaine.

Quant à la rue Sainte-Catherine, son aménagement est très moderne. Il permet aux piéton.nes et aux cyclistes de déambuler et de s'approprier le centre-ville. Avec le réaménagement de la place McGill, ça va être magnifique !

 

Dans votre rôle d'élue, qu'est-ce qui vous essouffle et qu'est-ce qui vous donne du souffle ?

J'ai beaucoup d'énergie, mais j'avoue que ce qui m'essouffle, c'est de voir à quel point la politique est un univers de perceptions, et qu'on doit donc souvent se battre contre des perceptions, parfois justes mais souvent fausses. Il y a aussi le double standard concernant les femmes et les hommes. On attend beaucoup plus des femmes. Ce n'est pas systématique ni clairement exprimé, mais c'est en filigrane et plutôt pernicieux.

Ce qui me donne du souffle, c'est la capacité de réaliser des choses, d'être la capitaine de bateau d'une fonction publique motivée et mobilisée. Ça me motive énormément. Et quand je suis essoufflée, je me rappelle le grand privilège et la grande responsabilité d'être la première femme à la tête de Montréal. Je dois être bonne, je dois être forte. C'est de la pression, mais en même temps, j'y crois, à ce rôle-là.

 

Selon vous, qu'apportent les femmes en politique ?

Je dis toujours qu'il y a autant de façons d'exercer le pouvoir qu'il y a de femmes. Cela dit, je crois que, de manière générale, les femmes se lancent en politique avec un réel désir de servir, de changer les choses et d'améliorer la qualité de vie des gens.

 

Qu'est-ce qui change pour les citoyennes quand il y a des femmes élues ?

C'est une question de représentation : les personnes élues doivent ressembler aux citoyennes et aux citoyens qu'elles représentent. De la même façon qu'il faut plus de femmes en politique, car la moitié de la population est composée de femmes, il faut plus de personnes issues des communautés culturelles, plus de personnes qui vivent avec un handicap, par exemple.

 

Que diriez-vous à des femmes qui hésitent à se lancer en politique municipale ?

On dit souvent aux femmes « Ayez confiance en vous ». Moi, je rajouterais « Développez votre capacité à vous projeter », parce que les femmes disent souvent qu'elles n'ont pas telle ou telle compétence ou qu'elles ne sont pas prêtes pour telle ou telle fonction. Elles attendent d'être parfaites, alors que les hommes se projettent vers le futur et disent qu'ils vont apprendre des choses qu'ils ne connaissent pas.

Et mon deuxième conseil serait celui-ci : se donner le droit de se tromper et d'échouer. Ce n'est pas grave de se casser la gueule ! Ça peut même être très formateur.

 

Qu'est-ce que les citoyennes et les citoyens devraient savoir au sujet de la politique municipale ?

J'aimerais que les Montréalaises et les Montréalais soient plus au courant des moyens à leur disposition pour partager leurs idées positives, leurs projets ou leurs ambitions pour la ville. Aujourd'hui, les gens peuvent s'exprimer dans leurs conseils d'arrondissement, à l'Office de consultation publique de Montréal (OCPM), au Conseil des Montréalaises, au Conseil interculturel ou encore au Conseil jeunesse. J'aimerais qu'il y ait plus d'instances pour favoriser la participation citoyenne positive, que les gens puissent participer activement à l'évolution de leur ville.

 

Quels sont les éléments clés pour faire de Montréal une ville égalitaire ?

Il faut d'abord que les femmes soient représentées dans les lieux de pouvoir. Il faut s'assurer d'avoir un conseil de ville paritaire, un comité exécutif paritaire, une mairesse, mais aussi une plus grande parité dans toutes les sphères décisionnelles : parmi les haut.es fonctionnaires, la direction générale, les directeurs et directrices d'arrondissement, le cabinet politique. Ce sont des lieux de pouvoir et d'influence vraiment importants.

Aussi, j'aimerais qu'on utilise plus systématiquement l'ADS+ (analyse différenciée selon les sexes et intersectionnelle) dans les projets qu'on met en place. Le Conseil des Montréalaises nous a apporté cette lunette d'analyse, et on a de plus en plus le réflexe de l'utiliser. J'étais contente de l'avoir fait quand je suis allée parler du projet de loi P21 en commission parlementaire. J'ai mentionné l'importance de se questionner sur les effets de cette loi, comme de n'importe quelle loi, sur les femmes et les hommes.

 

Quelle est la Montréalaise ou quel est le groupe de Montréalaises qui vous inspirent ?

J'ai beaucoup de respect et d'admiration pour les femmes qui travaillent dans les refuges pour les femmes, spécialement les refuges pour les femmes marginalisées, autochtones, nouvelles arrivantes, en situation d'itinérance, avec des problèmes de santé mentale. Leur travail est essentiel et malheureusement pas assez valorisé.

 

Quel est votre lieu préféré à Montréal ?

J'aime vraiment beaucoup le mont Royal, que je fréquente à vélo, à pied, avec les enfants. C'est quand même unique de vivre sur une île qui a une montagne en son centre !

J'ai aussi un faible pour le parc de la Promenade-Bellerive, dans Mercier–Hochelaga-Maisonneuve. C'est un magnifique parc au bord de l'eau, très grand, très paisible, où les gens viennent pêcher. On a l'impression d'être à la campagne.