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Émilie Thuillier

Émilie Thuillier, Photo: Lachérie PhotographieÉmilie Thuillier, Photo: Lachérie Photographie

Élue pour la première fois en 2009, Émilie Thuillier est aujourd'hui mairesse de l'arrondissement d'Ahuntsic-Cartierville

 

Pourquoi vous êtes-vous lancée en politique municipale?

Je posais déjà beaucoup de gestes au niveau individuel, mais il y a une limite à ce qu'on peut faire comme individu. Je suis allée en politique pour pouvoir agir collectivement et faire changer les choses.

 

Quels sont les enjeux municipaux ou sociaux qui vous tiennent à cœur?

L'environnement, les services, les activités gratuites pour toute la famille comme la bibliothèque, les loisirs et la culture. Et comme je suis géographe de formation, j'aime voir la ville comme un territoire habité auquel il faut ajouter des équipements collectifs et des moyens de transport, par exemple, pour que les gens puissent en profiter.

 

Que devraient savoir les citoyennes et les citoyens au sujet de la politique municipale?

Les gens habitent maintenant en majorité dans les villes, et c'est là où les problèmes se vivent et se règlent : immigration, environnement, gaz à effet de serre, développement économique… Les défis sont dans les villes, mais les opportunités aussi. Je ne voudrais pas être ailleurs.

 

Y a-t-il un projet que vous aimeriez réaliser dans votre arrondissement?

Il y en a beaucoup! Je pense entre autres au futur centre communautaire et culturel dans Cartierville. Nous voulons convertir un énorme bâtiment qui appartenait à une congrégation religieuse en un pôle de services au cœur d'un quartier qui en a vraiment besoin.

 

Dans votre rôle d'élue, qu'est-ce qui vous essouffle et qu'est-ce qui vous donne du souffle?

On a beaucoup d'activités et de réunions, donc la charge de travail est vraiment importante. Les gens ne s'en rendent pas toujours compte. D'un autre côté, le contact avec les gens me donne de l'énergie. On est aux premières loges pour voir les bons coups dans notre quartier, ceux qui ne font pas les manchettes des journaux.

 

Selon vous, qu'apportent les femmes en politique?

On a un vécu différent, on vit la ville différemment, on aborde les problèmes de manière différente. Je crois qu'on est plus aptes à représenter les autres femmes parce qu'on vit plus ce qu'elles vivent au quotidien.

Quand il y a des femmes autour de la table, élues et fonctionnaires, ça change vraiment des choses. On voit les situations sous toutes leurs facettes et on arrive parfois à des solutions innovantes.

Avoir des femmes en politique, c'est un modèle aussi! Quand j'assiste à des événements avec mes enfants, des citoyennes me disent: «Je me sens représentée parce que vous êtes comme moi!» Une jeune femme m'a déjà confié : « Je ne savais pas qu'on pouvait être élue et avoir des enfants! » Elle a raison: personne ne le lui dira!

J'ai eu mes deux enfants pendant mes deux premiers mandats : un enfant par mandat. La conciliation travail-famille, pour moi, commençait au moment de la conception. Mes enfants ont quatre ans de différence parce qu'il y a quatre ans entre deux élections! Ce n'était pas un hasard, c'était calculé.

 

Que diriez-vous à des femmes qui hésitent à se lancer en politique municipale?

C'est le milieu politique le plus intéressant, celui où on apporte le plus de changements dans la vie quotidienne des gens. Mais il faut aimer les gens et être prête à travailler fort!

Ah! Et le méga-avantage de la politique municipale, c'est qu'on dort chez soi le soir… On n'est jamais loin. C'est plus facile, il n'y a pas de voyagement.

 

Quels sont les éléments-clés pour faire de Montréal une ville égalitaire?

Il faut que les femmes soient bien représentées dans toutes les sphères d'activités. On a bien avancé au niveau politique, mais tous les autres secteurs d'activités doivent maintenant faire des efforts. Montréal est une des villes les plus égalitaires au monde; c'est précieux, mais ça peut changer si on ne poursuit pas les efforts. Se sentir en sécurité fait en sorte que les femmes participent plus à la ville. Et il y a des améliorations à faire pour les femmes de la diversité, pour qu'elles trouvent leur place. L'enjeu, c'est l'inclusion et l'empowerment des personnes des minorités visibles, et surtout des femmes.

 

Quelle est la Montréalaise ou le groupe de Montréalaises qui vous inspirent?

Maysoun Faouri. Elle a été nommée Bâtisseuse de la Cité de l'arrondissement d'Ahuntsic-Cartierville en 2017. Cette immigrante de première génération, arrivée de Syrie, est directrice de Concertation Femme. Elle organise entre autres des ateliers avec les mères et les filles issues de l'immigration qui vivent un clash de culture à l'adolescence pour essayer de retisser les liens. Elle travaille aussi au dépistage du cancer du sein chez des femmes qui, pour des raisons culturelles, ne sont pas rejointes par le système de santé quand vient le temps de passer des mammographies. Elle fait des projets extraordinaires.

 

Quel est votre lieu préféré à Montréal?

J'aime beaucoup l'avenue piétonne Park Stanley, à proximité du pont Viau. On est en face de la rivière, il y a un parc, les arbres, les balancelles, les fleurs, les grillons et les cigales l'été, les lumières qui se reflètent dans la rivière, des petits renards qui se promènent… On a l'impression d'être ailleurs. Même si l'aménagement est sobre, on a créé un lieu qui fait quasiment douter qu'on se trouve toujours à Montréal.